Hypnotize Minds / Prophet Entertainment [Label / Structure]



Le son de Memphis est particulier, il revêt une tunique qui lui a longtemps appartenu et en exclusivité. Aujourd'hui encore, cette tunique accompagne encore la ville. Ce qui contraste totalement avec ce qui est associé à la ville en terme de musique, à savoir Elvis Presley et "le berceau du Blues". Elle fait partie des plus grandes villes du sud des États-Unis. La population afro-américaine représente plus de 60 % de la population, en faisant ainsi une des villes ou la population afro-américaine est largement majoritaire.

Hélas, cette ville possède des statistiques aussi très élevées dans la criminalité. Et là, on peut faire le lien direct avec le manque de moyens de la police, le budget alloué aux forces de l'ordre a drastiquement diminué dans la moitié des années 2000. La zone urbaine de la ville possède un taux de criminalité parmi les plus hauts du pays. Ajoutons aussi que le sud des E.U est historiquement hostile et le taux de racisme y est élevé. Le Klux Klux Klan a par exemple était formé dans le sud du pays, l'abolition de l'esclavage a aussi persisté dans cette partie du pays... Mais nous sommes ici pour cela.

Dj Paul et Juicy J, aux origines du succès / Mystic Stylez


Donc la tunique à laquelle je faisais référence est évidemment l'horrocore ou un mélange de hardcore et horreur, un mélange de ces styles donnent un nouveau style de rap. Il est difficile de dire qui a vraiment popularisé le style, mais les Geto Boys (aussi originaire du sud) sont les premiers à avoir touché le grand public avec ce style. Memphis peut par contre se vanter de posséder les artistes les plus fidèles au style dont : Al Kapone, Tommy Wright III, Manson Family, Mr. Sche, Dj Squeeky, Evil Pimp, Krucifix Klan, Dj Spanish Fly, Lil Grim & Graveyard Productions, Children of the Corn, Immortal Lowlife, Ten Wanted Men, Criminal Mafia, DJ Sound & Frayser Click, Niggaz Of Destruction, DJ Zirk... La style de rap de Memphis ne se limite pas qu'a cela, mais ce sont ses origines, ses racines et ce qui a influencé le reste jusqu’à influencer le monde.


Je ne vais pas retracer la biographie des artistes, juste quelques points de repère avant de parler du label. DJ Paul comme son nom l'indique est un DJ de profession, il s'est ensuite mis a rapper, à produire et a commencé à sortir des projets avec son demi frère Lord Infamous, aujourd'hui décédé. Il va devenir populaire dans sa ville grâce à une série de tapes qu'il produit et distribue. Il va aussi sortir des tapes avec son frangin et d'autres avec son futur partenaire Juicy J.

Juicy J est actif de son coté, se faisait un nom dans le nord de la ville, il lisait beaucoup, il voulait vraiment se lancer dans la production, la création, connaître les droits... Pour fonder un label et lancer une vraie carrière. Il fini par rencontrer Paul pour un projet, les styles concordent et ils se lancent tous ensemble.

Ils lancent donc le label Prophet Entertainment en 1991 officiellement. Le premier projet est une mixtape du groupe Three 6 Mafia (appelé à la base Triple Six Mafia ou Backyard Posse) "Smoked Out, Loced Out" sorti en 1994. Le groupe est composé à ce moment-là de DJ Paul, Juicy J, Lord Infamous et Koopsta Knicca.

Tout va vraiment s'enchaîner maintenant, le groupe rajoute encore deux membres : Gangsta Boo (l'unique rappeuse à rejoindre le crew) et Crunchy Black. De là, ils sortent leur premier véritable album "Mystic Stylez" considéré par la majorité des auditeurs comme le meilleur de leur discographie. Avis que je ne partage pas, étonnant, je sais, mais si vraiment, je dois en garder qu'un seul, c'est "Da Unbreakables." Si on garde juste la dimension musicale, pas ce qui a suivi et ce que cela a apporté.

Il est à noter que je ne suis pas fan, pas du tout en vrai de l'horrocore hormis quelques perles que je tiens en estime. Ce qui fait que le style de cet album me correspond moins, néanmoins, je le considère aussi comme un classique et à juste titre. Des morceaux comme : Live By Yo Rep, Break Da Law "95", Da Summa, Fuckin Wit Dis Click, Tear Da Club Up... Font partis de mes favoris du crew. Les conditions d'enregistrement n'étaient pas des meilleurs qu'ils soient, et cela contribue clairement au coté crade, poussiéreux, mystique, sombre, horrifié... du projet. Juicy J a dit que le délire était simple, ils étaient défoncés, alcoolisés, en équipe... Dans le studio, les instrus tournaient et les mecs kické.

Nous ne sommes pas loin de l'idéologie proposée par RZA et le Wu Tang ou un membre prend la tête, structure le tout et propulse l'équipage. Le nom de l'album d'après J', est dû au fait que chaque membre du groupe avait son propre style, ce qui n'était pas définissable par défaut. Donc c'est un style qui renvoie au mystique. Je trouve ce projet moins horrocore que d'autres dans leur discographie et moins que les autres tapes. Ce qui je pense à contribuer au succès qu'on lui connait aujourd'hui. J'ajoute aussi que l'horrocore ne se trouve pas seulement dans les instrus mais aussi dans les visuels (affiches, vidéos, métaphores...), les textes, les références, etc. C'est un tout.



L'un des sons les plus mémorables et le diss song contre les Bone Thugs-N-Harmony via le morceau "Live By Yo Rep (Bone diss)". le groupe de Clevland a commencé à peu près en même temps à rapper, à leurs débuts les styles se ressemblaient, des beats lents avec des flows rapides et saccadés, de l'horrocore, des références au diable, à l'enfer, une ambiance sombre... Du coup le groupe de Memphis s'est dit "on se fait voler notre style" et les ont attaqués. Quelques années plus tard, Dj Paul & Juicy J ont dit qu'ils étaient jeunes et inconscients, le beef n'aurait jamais du avoir lieu. C'était juste une coïncidence et personne n'a copié l'autre. D'ailleurs, ils finiront par bosser ensemble pour notre plus grand plaisir.

Bien qu'il fait partie des pierres angulaires du rap sudistes / trap / crunk / made in Memphis / '90... et tout ce que vous voulez, le succès commercial n'est pas immédiat. La critique l'a bien encensé, mais du a son style, aucune radio n'a voulu le jouer. Et croyez le ou non, dans cet océan de noirceur et sous ce ciel menaçant, le plus grand rayon de soleil de leur histoire jaillit : Da Summa. Considéré comme beaucoup comme le meilleur morceau de l'équipe. Je pense que c'est le son le plus cool qu'ils aient pu proposer, le refrain en dit long :
With my crew we just ride
Ridin' through the hood with my homies gettin' smoked out
In the summer

Le tout entre une femme qui chante et l'autre une voix menaçante qui devient une marque de fabrique. Sublime tout simplement. Il est parfait pour chiller et rider, les radios l'ont forcément joué. À noter qu'une autre version verra le jour, des couplets seront modifié et ajouté. Encore un classique.

Internet regorge (je pense) de chroniques sur cet album, je vous laisse donc voir. Je reviens à mon sujet principal : le label.

Hypnotize Minds Records et Prophet Entertainment


Au vu de leur histoire, je ne vais pas différencier clairement les deux labels, considéré la suite comme appartenant à ses deux structures. Artistes signés (et ayant sorti un projet) à l'époque :
Tear Da Club Up Thugs (Juicy J, Dj Paul & Lord Infamous), Indo G, Chrome, Da Headbussaz (Dj Paul, Juicy J & Fiend), La' Chat, King Skinny Pimp, Gangsta Blac, The Kaze, Prophet Pose, The Kaze (Projet Pat, MC Mack & Scan Man)...

Donc nous avons ici un sacré roaster, mais est-ce que tous ont vraiment laissé une trace ? Rien n'est moins sur. Ce label a plusieurs particularités, la première est que TOUT est produit par Dj Paul & Juicy J (sauf rare exception). L'idée est de faire croquer tout le monde, ainsi est régulièrement proposé (imposé ?) un morceau de clôture réunissant alors tous les membres présents sur le label (plus d'autres conditions comme la disponibilité, l'envie et autres, je pense). Souvent, Dj Paul ouvre le morceau en présentant les artistes qui vont défiler dans le morceau, pas de refrain, une instru généralement bien puissante et le banger est crée. L'autre particularité du label, est qu'il se réserve une outro proposé par l'un des deux maitres à jouer pour annoncer les projets à venir et ceux encore en vente dans le marché. C'est ouf, mais aujourd'hui encore, ils le font. Voilà quelques points à souligner jusque-là.

Le premier à dégainer en solo et le rappeur Kingpin Skinny Pimp et son fameux King of Da Playaz Ball en 1996. Il n'est pas inconnu au clan, car il a déjà bossé avec eux et veut donc faire son trou. Dans son style, il est assurément un classique et les fans le défendront coûte que coûte. Il a quelque chose qui lui est propre, car il est assez désintéressé du côté horrocore, sombre et morbide que propose la mafia.


Lui, il fait plutôt du gangsta rap, de meufs (le Pimp du pseudo n'est pas anodin), il propose un rap plus soft, mais pas déplaisant, le gangsta rap est à la mode, mais pas le sien. Concrètement, il a une voix parait plus aigu que d'autres, il propose plus de chant et pourrait s'inscrire du coté de la Californie sur certains morceaux.

Il va vendre pas mal d'albums avec une promotion qui n'a rien de comparable ave ce qui se fait aujourd'hui. Il va se forger une image, une aura, une réputation et une signature non seulement à Memphis, mais dans tout le sud. Il incarne ce cote "playa / player" qui va longtemps être en vogue dans les années 90 et encore aujourd'hui. Il sera longtemps considéré comme un futur grand de la scène du sud, mais au final n'arrivera jamais à concrétiser et se représenter pleinement.

Comme beaucoup d'autres artistes du label, il va s'embrouiller avec Paul & Juicy, car il faut savoir que beaucoup d'artistes se sont barrés en froid. Souvent, pour une histoire d'argent et de contrat, l'argent n'était pas reversé à sa juste valeur, des arnaques... Et lui va se barrer du label après cet album. À l'image des artistes lâchés par Aftermath (cf. mon article), il ne refera jamais surface malgré ses nombreuses tentatives. Il aura beau enchaîner les sorties d'albums et de projets, jamais on ne le reverra à un niveau tel que celui sur son premier album.


Il adressera à son tour en plus de son couplet présent dans Live By Yo Rep, un son entier à ses "faux" ennemis de Clevland. Dans "Let's Start A Riot" il s'en prend aux BTNH. Fait intéressant, car en 2003, Three 6 Mafia reprend le morceau pour son album "Da Unbreakables", ce n'est pas un sample directe, mais tout de même.
Enfin, ici, le son qui réunit l'équipe est l'incontournable : "All About Them Prophets". Donc dans l'ordre et après l'introduction de Paul, nous avons : Gangsta Blac, Lord Infamous, Mc Mack, Scan Man, Crunchy Black, Juicy J, Dj Paul, Mr. Slicc, 211 et Kingpin Skinny Pimp. Tant pis pour le refrain. Chacun se fera son avis sur le plus grand tueur du morceau, dur de se prononcer tant, ils assurent tous. Et voilà comment prend fin l'histoire de ce superbe album et cet artiste chez ce label.

J'ai réécouté l'album en écrivant l'article et honnêtement il s'écoute encore très bien !

Le second à dégainer, c'est Gangsta Blac et son très coté Can It Be ? Lui a moins bien tourné que son compatriote, doué aussi au micro, mais l'industrie est sans pitié. Après son album en 1996, il se barre pour les mêmes raisons et va rouler de label en label pour proposer ses projets. Il finira par sombrer dans les abîmes petit à petit et peu aujourd'hui, parlent encore de lui. Dans le style, il est plus proche de l'état d'esprit de la clique que son compère, mais reste très gangsta comme son nom l'indique.
Il est aussi pris dans ses boucles musicales plus softs sur fond de coups de feu, et plus, oriente gangsta funk. Ce qui vient de nouveau démontrer l'étendue de la créativité des producteurs et les infinies combinaisons qu'ils proposent.



Il est évident que dans l'absolu, ce genre d'albums ne s'adresse ni à la masse, ni aux grandes radios, ni aux rayons de grandes surfaces. Il est donc compliqué de se faire une place à une époque ou le rap est dominé par Los Angeles, New York, le gangsta rap, la g-funk et le gangsta rap ! Pourtant, il a soigné ses prestations, choisit minutieusement ses productions, proposées des sons plus relaxants que la majorité des mecs de son style...
Il assure clairement l'un des meilleurs projets du genre et il inscrit une nouvelle ligne dans les archives rap du sud. Dj Paul & Juicy J ont un temps d'avance sur leur temps et chaque production le montre, après, c'est le rappeur qui fera le reste.

Résumons donc : 2 albums, 2 paris musicaux réussis, 2 paris commerciaux moins rassurants mais encourageants. La mafia s'étend en terme de productions proposant ainsi de l'horrocore, du gangsta, du groove et toutes sortes de sonorités adaptés pour tous. Enfin, pour fermer l'album, on se contentera d'un simple feat avec Lord Infamous, Dj Paul & Juicy J pour le morceau "Funky Town" qui n'a vraiment rien de funky. Parmi ses nombreux projets, on retrouvera un projet sorti en 2012 : Gangsta Blac & Skinny Pimp - The Mayor And The Pimp.



L'autre projet notable de l'année 1998, c'est l'album du groupe The Kaze (Killa Klan Kaze), composé de Mc Mack, Scan Man et K-Rock. Ce dernier sera remplacé ensuite par Project Pat, c'est donc avec ce dernier que le groupe livre cet album. Toujours pour rester dans ses histoires de droits et d'argent, Mc Mack va en 2020 déposer une plainte contre Three 6 Mafia pour avoir utilisé leur musique sans permission depuis les années 90'. Le procès est toujours en cours.

Eux ne font pas dans la dentelle et détruisaient tous les beats proposés par les super producteurs. Exit le coté gangsta, pimp, bling-bling et autres. Ici, c'est purement hardcore, on reste dans les thèmes du meurtre, vols, braquage, violence, torture... Mais c'est à un autre niveau et surtout bien rapper. On entre dans une autre ère et on le sent au niveau des productions. Elles sont plus claires, moins poussiéreuses, et même les prises de voix sont de meilleur qualité.

On retrouve 15 morceaux et quelques feats dont un nouveau membre de l'équipe, injustement délaissé : T-Rock. Deux choses rapides sur lui, il s'est fait découvrir par Mc Mack, il a filé la tape aux producteurs et le signe à 17 ans ! L'autre point important et qu'il vient non pas de Memphis, mais d'Atlanta, une première pour ce label. Son album sera reporté beaucoup trop de fois, il part en froid, clash Dj Paul et lance une discographie qui semble infinie... Un dossier entier sur ce personnage emblématique sera disponible sur le blog, dès que possible.




Leur album n'a pas vraiment était bien récompensé, néanmoins, ils gagneront en 2012 par "Memphis Music Hall of Fame " pour le meilleur groupe. Le groupe a continué à exister malgré tout ce que j'ai cité, mais sans Project Pat. Mc Mack et Scan Man ont fondé leur propre label, dénommé Kami Kaze Productions. Fort dommage qu'ils n'ont pas dû donner suite à ce projet qui est l'un des meilleurs du label et de cette période.

Aucun son n'est à retirer, aucune performance n'est foireuse, clairement une réussite. L'album s'est plutôt vendu en indé, force de frappe assuré, retombé économique aussi. Le projet se conclut sur l'excellent Timez Up avec Three 6 Mafia.




En 1998, c'était aussi l'année d'Indo G et son album Angel Dust qui est clairement en dessous de tout ce qui a, était proposé jusqu’à présent. D'une, son rap n'est pas vraiment à la hauteur et de deux, les productions sont beaucoup moins pertinentes et il ne fait rien pour les mettre en avant. Quelques sons sont ok, mais le reste n'est pas jouable pour ma part.

Gangsta Boo, celle qui se fait appeler The Devil Daughter (la fille du diable) est un personnage assez étonnant dans ce milieu misogyne proposé par le label. Car il faut bien le dire, le groupe parle énormément de femmes, de clubs de strip-tease, de sexe... Et chacun est doué pour raconter un tas de trucs dedans. Elle la seule rappeuse à cette époque à rouler avec eux, assez hallucinant, garçon manqué, grandit qu'avec des mecs, dans une ville chaude et a développé son style.

Elle n'était pas autant diabolique que ses compères, mais écrase facilement la concurrence féminine et ne cesse de le faire savoir. Que fait-elle avec des mecs qui aiment le sexe ? Elle a su s'imposer, s'affirmer sans se faire marcher dessus et elle existe car elle est puissante. Des rumeurs parlent tout de même d'avances sexuels de la part des producteurs...




Sans surprise, elle quittera à son tour le label pour des problèmes d'argent, une de plus. Son album Enquiring Minds, sorti en 1998, il a connu un succès certain et il est mérité. Sans que je le place au-dessus de certains projets cités plus haut, il est très bon. Elle prouve clairement que les femmes savent rapper, beaucoup la considèrent comme la meilleure d'ailleurs.

Le posse song s'inscrit avec Crunchy Black, DJ Paul, Juicy J, Koopsta Knicca, Lord Infamous, M.C. Mack, Project Pat & Scan Man. Assez impressionnant, l'honneur lui est fait en fermant le morceau de son propre son.

Le label continue de fracasser les scènes, les clubs et s'imposer comme étant un incontournable. Néanmoins après tous ses artistes qui leur claquent entre les doigts et leur style maintenant imprimé, ils désirent se renouveler. Son crew s'étant réformé et ayant quitté le label, Project Pat n'a plus de choix que de se lancer en solo. C'est le premier solo qui s'exporte réellement en terme de sonorité, de productions, de style et d'idéologie.




Il collabore beaucoup avec un autre label du sud qui se fait une place : Cash Money Records. Ainsi on retrouve des artistes comme Juvenile, Hot Boyz, The Big Tymers ou encore Noreaga (Capone-N-Noreaga), Krayzie Bone (Bone Thugs-N-Harmony) et Crucial Conflict.

Peut-on parler d'une passation de pouvoir ? Dans le sens où, ils vont se tourner vers un style plus accessible, plus grand public, festif et club ? Une chose est sure, Pat se moque totalement du côté horrocore et ne propose rien de cela. Il développe sa propre patte et fait la musique qu'il veut faire. Il semble totalement libre et expérimente comme bon lui semble. J'ai toujours eu un penchant pour cet artiste, car il a un flow très original qu'il peut découper lui permettant pas mal de choses.

Il crée aussi pas mal d'ambiance et d'effets dans son rap, il est presque en a capella parfois. Néanmoins, il trainera ce problème très longtemps pour moi, ce sont les productions, car quand on l'entend poser sur les albums de Three 6 Mafia et ce qui lui propose en solo... Le gâchis est total. L'album est beaucoup trop long, malgré ses pépites, et son très bon succès commercial, je ne le recommanderai pas.

Contrairement à son frère, ses choix artistiques, la gestion de sa carrière fut moins bien mené et restera dans l'ombre. Ils n'ont pas le même profil, assurément, mais il aurait pu avoir mieux en carrière, je pense.


Les années post 2000 et la seconde vague


Changeons de décennie et laissons le temps faire son œuvre. La seconde rappeuse à s'illustrer avec Three 6 Mafia et Hypnotize Mnds Records n'est autre que La' Chat. Ici, il n'est question que de textes hardcore et rien de moins. C'est plus poussé que la rappeuse déjà signée sur le label, c'est dire. Son premier album "Murder She Spoke" sort en 2001, la qualité est au rdv.
Dj Paul & Juicy J se placent comme souvent en tant que superviseur, mentor et "entraîneur" je dirai avec leurs artistes. Ils assurent des refrains, des intros, sont présents tout le long des projets. Naturellement les featurings se résument à ceux proposés par le label, largement suffisant. Elle quittera à son tour le label après l'album.

Elle collaborera beaucoup avec le label et le quitte pour je ne sais quelle raison. Sa carrière ne s’arrête pas pour autant et elle reçoit un award pour être la meilleure artiste féminine rap de l'année en 2010 lors des Knocdown-SCM Awards. Tout comme deux anciens qui se sont retrouvés plus tard (Gangsta Blac & King Skinny Pimp), elle retrouvera Gangsta Boo en 2014 sur un EP : Witch.



J’exclue les autres projets du groupe et les sous-groupes tel que Da Headbussaz, Tear Da Club Up Thugs ou les artistes qui ont déjà sorti quelque chose. Passons donc à une année décisive, 2003 qui voient des projets et de nouveaux artistes explosé.

Lil Wyte, freestyleur, petit de taille, voix bien tirée vers le bas et un consommateur de drogues bien addict. Pour preuve, il va utiliser 3 variétés de marijuana pour créer sa propre plante médicinale : OG WYTE Kush. Disponible dans 11 états américains. L'autre anecdote intéressante est qu'il a refusé d'écrire et de rapper sur le morceau "It's Hard out Here for a Pimp", Juicy J, Dj Paul & Frayser Boy se sont fait un plaisir d'assurer le titre.
Wyte n'a pas voulu, car il ne voulait pas écrire un morceau qui parle d'avoir plus d'une femme à la fois. Et c'est bien dommage, car ce morceau rentrera dans l'histoire. Il figurera dans le film Hustle & Flow (2005). En 2006 ils gagnent un award pour "Academy Award for Best Original Song", ce qui en fait le premier groupe de hip-hop a réaliser cela. Le second morceau de rap à recevoir cette distinction après "Lose Yourself" d'Eminem en 2002.



On peut dire que le rappeur a manqué un moment de l'histoire. Il marquera la sienne autrement en vendant environ 400 000 copies de son premier album en 2003 "Doubt Me Now", sans promotion. La pochette ne paye pas de mine, mais le flow est radical, les productions sont lourdes et les fans le considèrent comme son classique.

Le premier son qui me vient en tête et "Oxy Cotton" qui sample Marilyn Manson qui a réalisé le thème du premier film de la série Resident Evil. Et en effet, c'est bien la résidence du diable dont il est question tellement tout est malsain et tout tourne autour de la drogue, de la défonce et de thèmes tout aussi fou. Aucun côté gangsta, pimp, voiture, champagne ou autres. Il rappe sec, soit tu suis, sois tu coupes.

Il crie et donne beaucoup de sa personne dans ses sons, les séances de studio sont sûrement plus simple à maîtriser avec toutes les substances qu'il s'ingurgite. Il est la meilleure recrue que le label ai pu faire à mon sens, il apporte un autre coté qu'aucun artiste n'a chez eux. Il a un coté très rock'n roll je dirai aussi, foutre le bordel, dans la sonorité aussi, car il place des riff de guitare et des sons renvoyant directement dedans.

Le meilleur témoignage est bien évidemment "Homicidal, suicidal" avec Josey Scott (chanteur du groupe de rock Saliva). Totale réussite entre ce mélange de rap, horrocore et rock. Sa carrière est lancé et pas grand chose ne va l'arrêter.



L'autre recrue est Frayser Boy, avec qui il sortira d'ailleurs plus tard B.A.R. (Bay Area Representatives). Ils viennent du même coin je crois, son pseudo doit d'ailleurs faire référence au quartier "Frayser" dans le nord de Memphis. Quant à lui il apparaît dans le documentaire Take Me to the River auprès de Terrence Howard, Snoop Dogg, Yo Gotti, Al Kapone... Il s'est aussi lancé dans le cinéma avec le film Dig That, Zeebo Newton. Son premier album se nomme Gone On That Bay, il est sorti en 2003. Nous y sommes.

Sorti à son tour de nulle part, les super producteurs ont encore frapper fort, car son album se vendra bien. Les feats encore une fois se cantonnent à leur entourage et personne d'autre. Lui en soi, il n'a rien d’exceptionnel, son flow est assez monotone, il a une voix qui porte et fait souvent la même chose, c'est à dire rapper sur des gros bangers. Pour ma part, je trouve qu'ils lui ont filé une partie de leurs meilleurs instrus.

Je pense ici à Twerk Dat Thang, Big Money, Watchin'me et d'autres. Sans exploser les morceaux, sans les bonifier, il ne les gâche pas, il permet de les faire vivre. N'y voyez aucune fantaisie dans mes propos, car on se rendra vite compte qu'après avoir quitté le label, il ne sortira aucun projet d'envergure. Ses albums sous le label sont bien évidemment à écouter.




Enfin, le dernier artiste a signé et a proposé un projet est un inconnu qui répond au nom de Chrome. Certains vont le critiquer, d'autres moins, mais il ne laisse pas indifférent. La première raison est qu'il est plutôt limité au niveau des textes, il a une voix nasale qui rappelle Eazy-E, mais sans son charisme et ses punchlines. Pour ma part, je le mets à aucun niveau, sa voix ne me dérange pas, on sent de la détermination et de l'application dans le projet, mais il ne portera jamais un classique, c'est certain.

Il a par contre de bons gouts, car son album, sorti en 2005, bénéficie de productions de qualité, qui s'inscrivent à leur tour dans le best of des producteurs. Il renoue de son côté avec la rue, la drogue, la violence et tout ce qui a marqué les esprits et les idées du crew d'origine. Coté feat, il va chercher deux étrangers au label : Lil' Scrappy et Boogie Mane. Il n'a non plus eu de promo, et malgré la qualité de son album, les productions sont monstrueuses, bien accompagné par son équipe, il ne bénéficiera pas de plus d'expositions. Il restera longtemps sur le label, ressortira un projet, mais sans succès.

Ce qui est bien dommage pour son premier album Straight To The Pros qui aurait sincèrement mérité un meilleur traitement. Chrome se fait appeler maintenant Chrome Korleone. Officiellement, le dernier projet sorti sur le label est "Still Doubted ?" En 2012 par Lil Wyte.

Néanmoins, le label semble avoir distribué des projets de deux autres artistes (King Killumbia et Natalac) entre 2017 et 2018. D'autres artistes ont étaient annoncés, mais n'ont rien sorti dont Boogie Mane ou Granddaddy Souf.

Je ferai un autre dossier uniquement sur Three 6 Mafia et toute l'histoire du groupe jusqu'à nos jours.


Me reste plus qu'a lister les projets indispensables du label :
- Three 6 Mafia - Mystic Stylez (1995)
- Kingpin Skinny Pimp - King Of Da Playaz Ball (1996)
- Gangsta Blac - Can It Be ? (1996)
- Three 6 Mafia -
Chpt. 2 : "World Domination" (1997)
- The Kaze Kamakazie - Timez Up (1998)
- Gangsta Boo - Enquiring Minds ‎(1998)
- Project Pat - Ghetty Green (1999)
- La' Chat - Murder She Spoke (2001)
- Three 6 Mafia - Choices: The Album ‎(2001)
- Three 6 Mafia - Da Unbreakables ‎ (2003)
- Lil Wyte - Doubt Me Now (2003)
- Frayser Boy - Gone On That Bay (2003)
- Lil Wyte - Phinally Phamous (2005)
- Three 6 Mafia - Most Known Unknown (2005)
- Chrome - Straight To The Pros (2005)
- Project Pat - Crook By Da Book: The Fed Story (2006)
- Lil Wyte - The One And Only (2007)
- Three 6 Mafia - Last 2 Walk (2008)
- Frayser Boy - Da Key (2008)
- Project Pat - Real Recognize Real ‎(2009)

Voilà de quoi vous occupez un bon moment.


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