It's A Long Beach Thang : Domino


 

 

Sur des chapeaux de roues

 

Après avoir parlé de The Dove ShackFoesumTwinz, Tha Eastsidaz et Lil Half Dead. Voici venue le tour d'une autre légende du quartier mythique de Los Angeles. J'ai nommé Domino, rappeur et producteur, il n'a rien à voir avec son homonyme au sein du groupe Hieroglyphics. Il se fait également appeler OG Domino d'ailleurs, ce qui est assez courant pour les anciens notamment de la West Coast, OG => Original Gangster / Original. C'est surtout dans le sens, que tu restes un ancien et tu continues de représenter, t'es pas un nouveau venu. Avant encore tout cela, il se faisait appeler Genuine Draft et a fait ses débuts avec le groupe Bloods & Crips. Il représentait les Crips au sein des Rollin 20 Crips ; c'est le second plus grand gang Afro-Américain de tout Long Beach. D'autres artistes y sont affilés tels que Nate Dogg, Daz des Dogg Pound, Goldie Loc des Eastsidaz, C-Note... Pour en apprendre davantage sur lui, je vous renvoie à mon article sur Foesum.


Sa première apparition officielle est sur le morceau "Bangin' On Wax" avec les B&C en 1993. Il s'engage ensuite sur une carrière solo et sort la même année son désormais classique "Domino" produit par Battlecat (9 sur 10), la dernière piste est produite par AMG. Il a longtemps fait parler de lui à travers ses 4 gros singles : Ghetto Jam, Sweet Potato Pie, Money Is Everything et Long Beach Thang. Il est certifié disque d'or en 1995 et devient un rappeur à renommée internationale. Il est à noter qu'il a souvent était comparé à Snoop Dogg car ils ont un style de musique assez similaire ; jusqu'au point qu'il en ressort qu'il aurait copié l'inimitable Dogg ! Ce qui est totalement faux mais compréhensible dans le sens où ils ont sorti leur album la même année et viennent du même quartier. Néanmoins, et personne ne pourra le nier, le style de Domino est plus mélodique et encore plus relaxant que son ainé.

 

 

 

 
Les années 90' étaient pour lui comme pour tant d'autres son âge d'or. Voyez plutôt, après que son premier album fut placé au panthéon des albums rap orienté G-Funk, il a explosé le compteur d'apparitions. Il apparaît sur beaucoup de compilations et de bande originales de film. La plus marquante reste surement son apparition sur la compilation AIDS (America Is Dying Slowly) aux côtés de Mobb Deep, De La Soul, Coolio, Biz Marke, The Lost Boyz, Common, Wu Tang, Pete Rock... Et pour le magazine The Source, ce n'est rien d'autre qu'un "masterpiece". Le but de la compilation était d'alerter sur les ravages du SIDA.

Si vous n'avez jamais écouté son premier album, il est facilement accessible et surtout indispensable à tout amateur de bonne musique. Pour des raisons que j'ignore, son second album n'a vu aucune production de beatmaker hormis lui-même. Ce qui semble assez délirant car, la qualité de production de son premier essai était incroyable. Et puis comment se passer d'une légende de South Central qui a livré des boucheries à tout le rap ? Alors, certes il a bénéficié d'aide externe pour les retouches et les apports d'instruments sur certains morceaux mais cela ne suffit pas. En réalité, son second album "Physical Funk" sorti en 1996 est également de très bonne qualité mais pas autant que le précédent. Il est resté dans le même concept, 12 musiques typiquement G-Funk et mélodieuses. Mais se passer de feat et de beatmakers n'ont pas arrangé les choses, l'album a su convaincre les fans et d'autres mais pas assez pour écrire l'histoire.



 

Tout ce qui monte, redescend forcément

 

Pour l'année 1997 et l'album "The World Of Dominology", il a su tirer quelques leçons en confiant la production (seulement 3 pistes) à deux autres producteurs. Il a également fait intervenir Frost, Blackjack... pour les feats. L'album assez injustement snobé par la communauté rap est pourtant assez réussi. Il est dans la lignée du précédent et des titres comme "Come On Over" ou "On Them Thangz" marquent carrément le coup. Il a ensuite sombré dans l'oubli et il en était surement conscient en appelant son nouvel album "Remember Me ?" en 1999. Les collaborations avec Playa Hamm et Prodeje (South Central Cartel) entre autres, n'y changeront rien. Rebelote en 2001 avec "D Freaked It" qui ne déchainera pas les foules non plus.

 

Il continue en roue libre ses albums avec ses propres productions sur tout autant de différents labels. Toujours sans résultat. C'est finalement son album "Getto" en 2001 lui donnera un peu d'air. On y retrouve 2nd II None, Prodeje, Playa Hamm, Marlon, L.S... C'est dommage car si cet album s'était présenté plus tôt et aurait évité des projets dispensables, la donne aurait été différente. Ainsi, sortent en 2004 et 2014 respectivement : Domination et Get It Right. Il a ensuite officieusement disparu des radars et plus aucun projet d'envergure n'a vu le jour. Mais une légende de LBC ne disparait pas si facilement, on le retrouve alors dans des projets plus récents sur des albums de Mista L, un artiste G-Funk russe. On le retrouve également auprès du producteur RTN (Pologne), DJ K.I.P (Slovaquie) ou encore XL Middleton (USA), El Don (Italie), Tim Jones (France), Foesum... Et, pour la petite histoire, il a rappé également avec Snoop Dogg. Peut-on dire qu'il vit de sa réputation ? Surement mais son talent au micro est par contre resté intact avec le temps.


Que retenir ? Sa fulgurante ascension l'a projeté tellement haut à ses débuts que tout un public en attendait beaucoup, voire trop. À vouloir trop prendre les choses en main seul (par choix ?), il n'a pas su répondre aux attentes. Tentant de vouloir tout produire, notamment un projet puis un autre pour faire oublier le précédent, il a fini par perdre tout crédit. Et c'est bien dommage car ses apparitions sont toujours notables et apportent souvent de la fraicheur. Il fait partie des précurseurs du style rap chanté et mélodieux à l'image de Warren G, Lil Half Dead ou Snoop Dogg. Et d'un autre côté, même si la côte Ouest avait remis les pendules à l'heure avec l'ère de la G-Funk, il était tellement facile de se perdre parmi tous les albums. Il faut le considérer pour ce qu'il est, à savoir l'un des artistes qui ont contribué à ce style de rap, à l’essor de son quartier et qui a fait briller les années '90. 

 


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