It's A Long Beach Thing : (Tha / The) Twinz

 

 

Le soleil est très fort en ce moment, la température monte et ce n'est pas seulement les chiffres qui le disent. On continue pour notre part notre virée dans les rues de Long Beach à la recherche d'un peu de fraicheur. Le premier dossier de la série à mis en avant ==> It's a Long Beach Thang : Lil' 1/2 Dead (Lil' Half Dead)

Aujourd'hui, je vais vous parler du duo composé des frères jumeaux Deon « Trip Locc » Williams et Dewayne « Wayniac » Williams. S'il est au courant dans le rap us de voir des fratries talentueuses (KXNG Crooked & Horseshoe Gang / Dj Paul & Lord Infamous / Layzie Bone & Flesh-N-Bone...), il y en a qui sortent réellement du lot. Ce qui est fort avec eux, c'est qu'ils sont carrément jumeaux et tous les deux sont très doués. Ils ont éclaté aux yeux du monde en 1994 avec l'album Regulate... G-Funk Era, le grand classique de Warren G. 

Ils se sont d'abord illustrés sur le morceau "Recognize" suivi de "Runnin' wit No Breaks" qui clôture l'album. Wayniac lui, aura la chance de poser un excellent couplet sur "So Many Ways" qui est également devenu un classique au delà du single. 

 

 

Formation et origines

Leur histoire est intimement liée à un autre groupe légendaire de la ville : Foesum. Ce dernier est en premier lieu composé par Dj Glaze et MNMsta en 1986. Ils se mettent à la recherche des meilleurs mc's de la ville pour créer un super-groupe. Ils incluent entre autres T-Dubb et Domino et se font ensuite appeler "Perfection". C'est ensuite que le groupe The Twinz rejoint la formation, tout ceci est assez vite abandonné car seul le frère Wayniac est resté dans le groupe. Le groupe abandonne le nom Perfection et devient Foesum. Le groupe qui fait du sur-place ne convient plus à Wayn' qui rejoint son frère pour former leur duo et signe chez Def Jam.

Avant cette signature, c'est l'illustre Warren G qui avait fait appel à Wayniac pour l'aider à écrire son premier album. Il a vu son talent et son professionnalisme et il a signé en major. The Twinz s'inscrivent dans la lignée directe de leur mentor, à savoir de la g-funk smooth, relaxante et loin de l'image des gangsters. Il est dit qu'ils se sont très tôt éloigné de la rue et ont plutôt trouvé leur bonheur dans les jeux vidéo. 

 

 

Conversation - Album intemporel

En 1995, fort de son expérience, le groupe décide qu'il est l'heure de briller et propose son seul et unique album. L'attente fut courte mais le plaisir inestimable, c'est un pur bonheur que de les entendre rapper sur 11 morceaux. Il faut compter 3 interlude nommés "conversation". L'intégralité de l'album est produit par le 'G, ce qui est assez logique. Il s'était déjà distingué à la production (on dit souvent que c'est lui et Daz Dillinger qui ont ghost produit l'album Doggystyle de Snoop Dogg) et il récidive ici. Il livre selon moi les meilleures productions de sa carrière, il s'est pleinement concentré sur cela. Il n'a pas seulement endossé la cape du beatmaker mais celle d'un producteur également. On parle de vrai collaboration, pas d'un beatmaker qui propose des productions pour des rappeurs, il l'a crée l'album avec eux. 

C'était ses protégés, ce qui se comprend aisément. Le premier single et celui qui est à ce jour le plus connu se nomme "Round and Round". Il sera notamment utilisé durant un épisode de "All That" diffusé sur Nickelodeon. Il se placera dans plusieurs charts lists et contribuera grandement à la renommée de l'album et du groupe. C'est le premier morceau qui a été enregistré pour l'album, par réellement de concept, ils ont écouté la prod et let's go ! Le son est en effet très bon, les deux rappeurs sont très bons et naturellement, il y a une alchimie entre eux.

 

 

 

Le morceau "Good Times" est pour moi un classique absolu. Le sample provient du morceau You Are My Everything interprété par Surface. On retrouve exactement la marque de fabrique de la "G-Funk Familly", un son très smooth, qui ne pousse pas à, mais impose la détente. Tout coule tranquillement, c'est reposant et musical, les notes de synthé sont pressé délicatement. Rien n'est surjoué, c'est une parfaite harmonie qui domine, les productions trouvent leurs maitres. Le flow des deux jumeaux est parfaitement adapté et le morceau agglomère la plus jolie facette de la g-funk. L’énorme atout dont dispose cet album est la sublime voix de Nancy Fletcher. 

C'est l'autre artiste indissociable de cet album et de con succès. Artiste qui a collaboré avec les membres de Death Row, Dr. Dre, Snoop Dogg, Assassin, Doc Gynéco... Consultez mon dossier : Dr. Dre et ses ghost producteurs - Réel génie de la production ou producteur surcoté ? / G.A.G.E - Talent gaché. On le sait, pour créer des classiques, il faut des refrains marquants, qui accrochent. La G-Funk plus que tous les autres styles se doit de briller par ses refrains, Nancy se parfume à chacune de ses sorties. Classique.

L'autre grande dame de ce projet se nomme Tracy Nelson, elle n'apparaît que sur Eastside LB mais personne ne l'a oubliée. Pareil, je vous renvoie à mon article cité plus haut. Nancy fera une dernière apparition aux côtés des rappeuses Jah-Skillz et Neb Love du groupe 5 Footaz. Le fait étonnant est que le chanteur Bo-Roc (The Dove Shack) n'est pas crédité dans "Journey With Me". C'est pourtant lui qui livre un refrain sans failles sur cette délicieuse basse qui rythme le morceau. La voix rocailleuse du chanteur apporte une sonorité jusqu'alors jamais entendue sur le projet. L'album termine d'enterrer les doutes sur la fameuse question "l'album est un classique ou un indispensable ?".

 

 

 

Le groupe s'est payé le luxe de faire intervenir le groupe de funk / R&B de Detroit que l'on nomme New Brith. C'est un groupe qui a grandement réduit sa cadence à la fin des années 80. Il en résulte l'un des plus beaux refrains de la scène G-funk, la maitrise et l'expérience qu'ils apportent sont sans précédent. Ce qui vient également démontrer que le rap s'étend et s'ouvre à des styles musicaux qui ont conquis le monde. On dépasse le cadre du rap de rue ou autres, il est question d'artistes renommés qui se retrouvent dans un studio pour enregistrer autour du rap. La côte ouest assoie également une certaine suprématie et le début d'un cycle et donc d'un héritage. 

Ils sont quand même jusqu’à aller samplé du Rakim sur le très réussi "Sorry I Kept You". Aujourd'hui encore, il est dur d'imaginer qu'un groupe purement funky est allé samplé du son old school new-yorkais. Après tout cet enchainement de tubes et de classiques, l'album se solde par un retour aux sources avec Warren G & Foesum. "Pass it On" réuni tout ce beau monde et ferme ce chapitre. Le seul raté pour moi concerne "4 Eyes 2 Heads" produit par Priest "Soopafly" Brooks aka Soopafly. Le morceau est sombre, ce qui tranche littéralement avec le concept de l'album et la dynamique de ce dernier. Ils l'ont vu autrement car c'est devenu un single. 

L'album n'a pas réalisé les ventes espérées par le label et l'aventure s'est ensuite arrêté pour le groupe. On continuera de les entendre sur les albums de Foesum, Warren G, Snoop Dogg, E-White, Quictamac... au Japon et à l'étranger mais le public semble les avoir oubliés. Ils reviendront en 2009 avec un 5 titres appelé "Snoop Dogg Presentz Tha Twinz – Tha Loccs". Ils ont changé de nom pour se nommer "Tha Loccs", hélas, leur temps est révolu. Ainsi s’arrête leur courte mais très riche histoire. 

Tout ceci est je pense dû au fait qu'ils se sont beaucoup appuyé sur le 'G. Également et surtout au fait que la G-Funk et ses sonorités a grandement était envoyé au placard vers la fin des années '90. Il semble qu'ils aient tout misé sur cet album et malgré sa valeur et son impact, cela n'a pas été suffisant. Les nostalgiques pourront toujours se repasser (ou découvrir) l'album qui n'a pris aucune ride. Il semblerait qu'ils ont continué à tourner en concert avec Warren G.