[Chronique son] Ghostface Killah - All That I Got Is You feat Mary J. Blige & Popa Wu


Le Wu Tang Clan a laissé tellement de bijoux, tellement de perles durant leur carrière et qui continue toujours d'ailleurs, que je pourrais leur consacrer à eux seul un blog. Mais n'abusons pas. Je vais juste faire un petit article sur ce classique de Ghostface Killah sorti en 1996 sur son classique Ironman.

C'est un son qui contraste totalement avec le coté plutôt hardcore du crew, des notes de piano, Mary J. Blige pour l'épauler ainsi que Popa Wu sur l'outro. Il est très proche du clan, en plus d’être rappeur, c'est un bon philosophe. Toujours produit par RZA bien sur qui avait déjà montré très tôt qu'il pouvait produire tout types de morceaux. Quant à GFK, il a toujours montré qu'il était à l'aise sur ce genre de prod et c'est à mon sens celui qui à le plus ce coté RnB même si ça en est pas réellement ici.

Dans ce son il décrit sa jeunesse et les galères qu'il a rencontré avec sa mère qui a tout fait pour l'élever du mieux possible. Beaucoup de rappeurs ont fait un morceau pour leur mère, leur père ou leur parents, celui-ci de morceau fait assurément parti des meilleurs du genre. C'est le premier single de son album, c'est dire l'importance de ce morceau pour lui. Quand on voit les premiers singles choisi par les autres membres du clan, y a une certaine différence. Ce morceau va beaucoup voyager car il va se retrouver sur Shaolin's Finest, le greatest hit du rappeur sorti en 2003. Il va aussi se retrouver sur The RZA Hits sorti en 1999. 

Le morceau s'ouvre sur un dialogue du film "The Education of Sonny Carson" sorti en 1974. Le film décrit l'histoire d'un afro américain qui assiste à la violence des gangs et la prolifération de la drogue dans son quartier. Ensuite GFK dans son introduction dira qu'il dédie ce morceau à toutes les familles qui sont dans la galère et pour qui ce n'est jamais évident. Les temps sont durs et c'est pas une nouveauté surtout dans les années 80 / 90 ou le crack, les drogues faisaient des ravages dans es ghettos. Ensuite il laissera la belle voix de Mary prendre le relais, il est inutile de préciser qu'elle a grandement contribué au succès du single. 

 

Il pose ensuite son couplet qui est plus long qu'un couplet habituel car ça sera le seul du morceau. Il fera une métaphore qui inclut un principe des 5% (la Nation Of Islam) pour introduire sa maman. Il se demande en fait comment elle a fait pour avoir autant d'enfants et les élever ? Pourquoi elle a fait ce choix d'en avoir autant au point de mettre sa propre vie de coté pour élever ses enfants ? Il pense que ça aurait était plus simple pour elle de mener sa vie avec moins d'enfants. Et on se rend compte que sa question n'est pas du tout dénuée de sens et qu'elle apparait bien plus souvent qu'on pourrait le croire. Il a pour sa part une fille et trois garçons, l'un d'eux joue d'ailleurs le rôle du rappeur enfant dans ce clip.

Son père quitte le foyer familial alors que le rappeur est âgé de 6 ans, ce fut un coup très dur pour sa mère, mais sa grand mère était la pour les soutenir. Il regarde sa jeunesse avec passion, ce coté de jouer avec ses frères et sœurs, faire toutes ces choses que ceux qui ont connus en grandissant dans la précarité. Il va raconter comment c'était compliqué de vivre avec ses oncles, tantes, cousins, cousines... Dans un même appartement ou ils dorment tous les uns sur les autres étant obligé de supporter le pipi des autres. Ce passage sera repris et revisité par Kanye West dans "Family Business". 


Il raconte comment il avait honte d'aller demander de la nourriture, mais vu que sa mère lui disait. Ses potes se moquaient de lui mais il fallait bien manger et faire manger les siens. Ça fait un peu référence aux dons de la croix rouge et autres qui distribue des sacs de nourriture avec les produits de première nécessité si on s'inscrit sur une liste. Il va rapper son couplet en mettant en avant ce que sa mère à fait pour lui, les problèmes de familles qu'il a pu rencontrer mais aussi les bons moments en finissant en disant :

- Parfois je regarde vers les étoiles et je demande je contemple le ciel et je me demande pourquoi je suis ici ? Pourquoi ?

C'est donc assez fort comme message, il ne cache pas du tout sa misère et vient presque à se demander si il mérite ça et qu'est qu'il peut en faire ? La vie lui a remarquablement rendu en tout cas. Ensuite le refrain repart de plus belle... Il dira dans le refrain "Mommy, i love you".


Mary J. Blige va chanter un couplet avant de définitivement fermer son micro et toute la partie rap / chant. Elle va chanter pour son père et se demander comment ils ont fait (avec sa mère) pour vivre sans père ? Elle se refusait de pleurer, elle voulait pas en rajouter à sa mère qui versait déjà des larmes et elle se dit qu'elle doit être présente elle pour sa mère et les siens. Le fait de ne plus avoir son père c'est ce qui la tient, elle le fait pour eux. Quoi qu'il en soit, elle aime sa mère et sera la pour elle.

On imagine que ça aurait pu être écrit par le rappeur car je pense que c'est bien du père de ce dernier dont elle parle. Ensuite Popa Wu vient nous éclairer selon les principes de la Nation. Il est est un expert dans le domaine de la Nation Of Islam, il fera d'autres interventions dans des morceaux du clan.

Il parle du soleil, de la lune et des étoiles. Traduction :
- Soleil = père
- Lune = mère
- Étoiles = enfants


Ce qui forme le drapeau de l'univers. Les planètes, mot qu'il mentionne désigne la famille proche et les amis. C'est une métaphore qui vient signifier que c'est la gravité qui nous lie tous et nous tient ensemble sur terre. Cette phase vient directement répondre à la question du rappeur qui regardait le ciel et les étoiles en se posant des questions. En fait en regardant le ciel, l'univers et les points lumineux, c'est un reflet de ce qu'il y a autour de lui. Il lui suggère en somme de ne pas seulement se regarder dans le miroir mais d'aller explorer au delà des étoiles, pas seulement avec ses yeux.

Il veut lui faire comprendre que toutes les molécules qui composent notre corps, les atomes qui constituent nos molécules sont toutes liées à l'univers. Donc on pourrait dire que nous sommes tous reliés à l'univers et par conséquent tous connectés entre êtres vivants. Biologiquement et chimiquement à êtres sur terre ; et atomiquement à l'univers. Nous sommes l'univers, et l'univers est nous, il est en nous et on est en lui. Personne n'est meilleur ou différent. 

Il était un enfant qui a galéré, il est devenu un homme et il ne doit pas oublier d'où il vient car c'est ça qui l'a mené jusqu’à ce qu'il est devenu. Il invite à se promener dans son esprit et voir ce qu'il va y trouver, ce que sa conscience, ses pensées vont lui présenter, et il verra logiquement l'univers encore et encore.

Clip vidéo

On le doit à Terry Heller and Chuck Ozeas, Mary J. Blige ne pouvant pas se rendre disponible pour le clip fut remplacé par la chanteuse Tekihta. Elle est très proche du clan et a beaucoup collaboré avec eux. Elle apparait donc sur les passages du refrain et le second couplet chanté initialement par la chanteuse de New York. Les images sont très fidèles au texte et on voit le fils du rappeur et toute sa famille quand il galérait étant gosse. On y voit des scènes ou le rappeur joue du piano, ce qui vient contraster avec les images mais aussi qui appuie ce sentiment de désarroi. Il est à noter qu'il refera un morceau intitulé "Momma" sur son album Fishscale en 2006 soit 10 ans plus tard. On retrouvera cette fois la chanteuse new-yorkaise Megan Rochell au refrain. Cependant il n'y aura pas de clip pour ce morceau et la structure du morceau sera plus classique.

Le single se placera bien mais n'atteindra jamais les hauts sommets. L'introduction et l'outro ne sont pas présentes dans le clip.


Commentaires

  1. Wu tang IS forever ....le son ne vieillit pas ...c'est ça être " classique " ? Peace a Ghost et ses complices pour tous ces bons moments musicaux

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