[Chronique Son] Coolio - C U When U Get There Featuring 40 Thevz

 

Si Coolio est principalement connu pour son classique "Gangsta Paradise" qui a samplé Stevie Wonder et qui a fait le tour du monde (ma chronique ici : Coolio - Gangsta Paradise). Connu aussi pour ses talents d'acteur qui lui ont permis de participer à de nombreux films et séries. Il a touché à pas mal d'autres choses mais a surtout su créer un autre classique. C'était en 1997 (bien qu’officiellement cela fut enregistré en 1995), sur son album "My Soul", la dernière piste de l'album a su retenir toute notre attention. Bien que le morceau ne commence pas par le refrain, je vais moi commencer par là car ça me semble essentiel pour bien saisir ce morceau. 

C'est son second plus gros succès (surtout en Europe, il a atteint plusieurs fois l'or et le platine dans le monde), il a su toucher beaucoup de monde une nouvelle fois par des textes bien écrits et une belle harmonie. Les chœurs dans le refrain et à la fin du morceau sont vraiment quelque chose qu'il affectionne, quelque chose aussi qu'il vient contraster avec ce côté Gangsta de la West.

On voit d'ailleurs dans le clip où les rappeurs sont tous habillés en blanc avec tout un orchestre et des enfants se faire plaisir. C'est vraiment une époque où le rap se mélangeait pleinement avec le RN'B, où la g-funk était en plein essor et le chant se faisait une place de luxe dans le rap. Il n'a jamais hésité à faire des collaborations de ce type, cherchant parfois le côté commercial.

Mais le passé appartient au passé et a construit le rap d'aujourd'hui (ou presque) et de demain. On ne peut pas le revivre, mes chroniques ont pour but de vous faire revivre ces moments ou tout simplement de les découvrir. Sinon vous donnez un autre point de vue et de saisir des détails, des points qu'on ne pouvait voir à l'époque.


Le beat est produit par Dominic "DJ Romeo" Aldridge qui a samplé Canon in D de Johann Pachelbel. Le refrain est simple, comme beaucoup d'autres musiques mais n'en demeurent pas moins profondes. Il dit :


"I'll see you when you get there 
If you ever get there 
See you when you get there 
I'll see you when you get there 
If you ever get there 
See you when you get there"



 

Les interprètes de ce refrain sont : Alfie Silas, Charlia Boyer, Jeffery Oliver Robinson & Katrina Harper. De parfaites inconnues mais qui ont assuré une performance qui elle fera parler par contre.


Si on traduit il dit "Je te verrais quand tu seras là, si jamais un tu y arrives...". C'est destiné aux personnes qui étaient potes avec lui, qui étaient proches et qui ont fini par le jalouser quand il a connu le succès et ont retourné leur veste. C'est un sujet et un thème assez récurrent mais ici il n'adresse aucune réponse frontale ou une haine envers ses détracteurs et anciens collaborateurs mais plutôt un message d'espoir. Il ne veut pas forcément s'expliquer sur sa réussite, sur son point de vue ou sur la situation et leur adresse seulement un message "vous comprendrez quand vous m'aurez  rejoint, si un jour vous y arrivez". Et c'est là que c'est fort. Et on se rend compte en réalité que les 3 rappeurs qui posent chacun un couplet ici adressent un message différent à des personnes différentes à  travers un refrain.


Leek Ratt (40 Thevz) lui parle de ses ambitions, de son business, de prendre soin de ses enfants et c'est ça qu'il importe. Il parle de ses projets mais aussi des projets que les gens doivent avoir dans la vie, c'est ça qui nous pousse à continuer à évoluer. On est tous frères sur cette terre, et il faut se traiter comme tel malgré toutes les différences et toutes les difficultés que l'on rencontre. Pour lui c'est réussir ou mourir, il va tout donner pour voir le bout du tunnel, pour lui, pour les siens mais l'idée est là.

Enfin pour le rappeur P.S Pookie (40 Thevz), ce qui est important c'est que l'auditeur prenne conscience qu'il doit se soucier de lui et qu'il doit être heureux ou essayer de l’être. Que la culture est très importante et non pas seulement pour soi mais aussi pour les autres, que c'est ce qu'il faut transmettre aux enfants avant l'argent. Lui a réussi, il a atteint le succès, le but n'est pas de l'envier mais d'en faire autant. Et si tu peux te servir de son parcours, t'inspirer pour le meilleur ou le pire pour y arriver, fais-le. Ne jalouses pas, fais.

Le son n'est pas destiné à leurs potes qui sont décédés ou qu'ils sont perdus de vue, non, plutôt à ceux qui veulent le succès. En fait c'est un message d'amour, de paix, de réussite, de succès qu'ils souhaitent à tous ceux qui galèrent. Ne le critique pas de ta position pour ses choix ou son mode de vie, out tout simplement ce qu'il est devenu mais attend d'arriver là où il est pour en discuter. T'assoir à sa table et déballer les sujets. Et cela peut-être n'importe qui, même toi qui es en train de me lire ou d'écouter le son. Il veut que tu comprennes que ta vie t'appartiens, prend la main, va de l'avant et ne te laisse pas freiner.

Élèves-toi et fait en sorte que les tiens s’élèvent aussi pour que vous vous retrouvez tous au plus haut et que tu puisses à ton tour les féliciter. Les rappeurs qui posent ici, si tu les rejoins, ils seraient contents et ne pourrait que te féliciter. Chose que tu feras aussi pour les tiens, faut vraiment le prendre dans ce sens là et pas comme un "gangsta paradise". Les mecs sont bien vivants et veulent voir d'autres gens à leur table, magnifique message donc de paix, d'amour et de réussite. 

Le vrai hip hop, le rap comme à ses débuts, je ne suis pas la main qui va presser la détente mais celle qui va détendre tous des doigts et te tirer de tous ses muscles. On pourrait presque utiliser la formule qui dit qu'avant il était prétentieux (de vouloir atteindre le succès), maintenant il sait qu'il est parfait (pour l'avoir atteint mais surtout pour faire en sorte que les autres y arrivent). Le rap prouve encore une fois qu'il délivre avant tout un message de paix, d'unité, d'amour et de respect avant de parler d’égo-trip, de buzz et de clashs inutiles.



 

Les couplets, doivent-ils être tout de même dépouillé et expliqué ?

Coolio ouvre logiquement le morceau en mettant en avant des personnes qu'il connaît (personnellement) et qui ont réussi. Réussi à quoi vous me direz ? À devenir quelqu'un tout simplement, celui qui voulait être et mener la vie qu'il voulait. Il montre ainsi pas mal de choses aux jeunes, à tous ces types qui se prétendent "gangster" ou qui essayent d’être quelqu'un qui ne sont pas. Cela s'accompagne bien sur par des jeux de mots mais il souligne le fait que tout dépend de nos propres choix quand ces derniers sont possibles. Voici les personnes citées :

- Tommy a finalement décroché son diplôme (collège ou lycée, voir les deux) car il a su travailler soigneusement pour arriver à son niveau de vie. Il est maintenant indépendant, en CDI à temps plein et donc plus dans le ghetto.

- Jimmy : contrairement à Tommy, il a préféré continuer à se complaire dans sa vie de rue, là où il peut continuer à voler, se faire de l'argent rapide, dealer et rouler avec des gangs. Ça ne tenait qu'a lui de faire des bons choix et de ne pas choisir la facilité, il a donc par conséquent connu beaucoup de fois la prison. C'est d'ailleurs là-bas qu'il y passe le plus clair de son temps.

- Tamikra : Dans la même lignée que le précédent, elle vit dans le ghetto et a commencé à snifer son premier rail de coke. Encore une fois c'est un très mauvais choix car c'est devenu une addiction et la descente aux enfers a déjà commencé... Impossible donc de s'en défaire.

Il va ensuite décrire une autre situation qui a l'air assez fréquente et pourtant si ridicule dans le fond. Il fait référence à un groupe de potes qui s'est fait de la thune, l'un d'eux a buté un de ses associés pour lui prendre son argent. Non seulement il a tué son pote pour sa thune mais en plus il va s'en vanter à un autre qu'il va trouver ça "fun". Ce qu'il vient souligner ici c'est que TOUS les jours, des gens meurent bêtement, pour rien surtout et certains arrivent à en rigoler. T'asa tué un homme pour de l'argent et demain on fera pareil avec toi .

Il finira la dernière partie du couplet en disant qu'il aime bien un pote à lui et qu'il lui souhaite le meilleur mais il en a trop vu pour lui faire confiance. J'ai de l'amour mais je n'ai pas confiance en toi, une situation qu'on retrouve régulièrement dans un couple. Et ici Coolio a du succès, du moins à ce moment-là, et c'est là qu'il s'est aperçu que son pote était différent. Cet ami est très envieux envers lui et qu'au final l'ami ne veut plus faire confiance en Coolio non plus mais lui ça il le sait déjà. 
 
Le rappeur lui répond juste que c'est la vie, elle est ainsi faite et on agit selon la manière dont les choses existent. Il ne cherche pas à le maudire, à prêcher ou quoi que ce soit, il croit juste en lui-même. Il sait que l'esprit de son ami n'est plus disponible et qu'il n'est pas prêt et donc il lui donne RDV là où il est arrivé lui, le niveau qu'il a atteint mais une fois que son ami sera prêt... Si un jour c'est le cas.

Donc au début ils étaient potes, le rappeur a commencé à se méfier de son pote tout en ayant une estime de lui en lui souhaitant le meilleur. Ensuite c'est son pote qui perd foi en le rappeur tant sa jalousie est grande et ne le prend plus au sérieux. Le rappeur répond donc simplement par le refrain expliqué plus haut et qui est surement la meilleure réponse possible ici. Coup de génie donc.

 

40 Thevz là dedans ? 

 


 

Un groupe californien composé de P.S Pookie et Leek Ratt qui sont en fait les frères de Coolio. Ils ont sortis 2 albums dans la fin des années 90 puis plus rien. Leek sera le premier à poser après le refrain et comme je l'ai expliqué, son couplet est retranscrit dans le refrain. Il assiste à des scènes particulièrement violentes dans la rue mais il ne veut pas du tout s'y mélanger. Il a déjà une vision de la vie en tête et œuvre pour ses enfants. Une phrase que j'aime bien :

"I'd be a fool to surrender when I know I can be a contender"

Je la traduirais par : Je serais bête d'abandonner quand je sais que je peux être un concurrent. Et il n'a pas tort et c'est bien dit, il n'est pas moins doué qu'un autre et au contraire, il a même plus de chances que certains de s'en sortir et de mener sa vie. Alors non il ne va pas abandonner mais peut en plus bien se hisser, bien réussir car il plus que le niveau pour jouer, il peut prétendre au titre. Son couplet est relativement bien écrit, bien mieux écrit que le premier en vrai si on regarde bien. Il utilise beaucoup de métaphores, son texte est totalement empreint d'ondes positives, d'encouragement et force.

Bien qu'il reste accroché au champ sémantique du courage et de la réussite, il le fait bien ressortir. Il se bat pour sa vie, pour les siens, il a vraiment envie de le faire et bien que cela soit difficile tous les jours, au final il en tire une satisfaction. Et si toi aussi tu es comme lui, tu fais comme lui, alors le jour ou tu atteindras son étage, il fera résonner le gong pour t'accueillir. Ça rejoint donc vraiment le thème et on est dans la continuité du vrai rap. C'est un couplet que j'aime bien personnellement, il n'est pas compliqué à comprendre et y a un beau message derrière. Merci.


"So wrap up your pity and turn it to ambition
And put your vehicle in 'drive' and stop by my side"

Le dernier couplet rappé par P. S est assez différent du précédent car il ne parle pas beaucoup de lui mais plutôt à quelqu'un. Ça rejoint une fois de plus ce que j'ai écrit pour le refrain, donc je ne vais pas m'y attarder plus que ça. Il conclut bien le morceau, du moins avant l'outro de Coolio. Il t'invite plutôt à remballer ta fierté, et si tu ne peux te dépasser pour arriver à quelque chose pour toi-même ou pour tes objectifs, si t'as des enfants, fais le pour eux. Il aurait pu construire un empire mais la jalousie des autres aurait pris le pas, et il n'en veut pas. Donc il préfère avancer les yeux fermés et les ouvrir une fois qu'il sera tout là-haut.

Quand on désire quelque chose, il faut le prouver, la première attitude à avoir et de garder la tête haute et de continuer à avancer, même lentement plutôt que de s’arrêter. Les situations compliquées s'enchainent, un malheur ne vient jamais seul et le pessimisme est contagieux. Alors quand vous rencontrez trop de gens qui se plaignent, parfois vaut mieux ignorer. Mais lui appel à aider les plus démunis, les plus désespérés et surtout se serrer les coudes, ensemble nous formons une force plus solide, un mur plus cimenté. Enfin il finit avec une belle ligne qui dit à l'auditeur de monter dans la voiture, de se mettre en mode conduite et s’arrêter à ses côtés. Il se trouve donc au même niveau que ses frères et envoie le même message de paix et de solidarité. C'est beau.


Je vais juste finir en traduisant l'outro de Coolio que je trouve sympa :

"Nous marchons tous dans le chemin de notre destinée
Et vient un moment ou on doit choisir comment elle doit être (notre destinée)
Soit large et courbée, soit droite et étroite
On a qu'une voix a donner et qu'une vie à vivre
Bats toi pour quelque chose ou enfonce toi dans ton jeu
Écoutes le son qu'on chante
Ça ne tient qu'a toi de faire quelque chose de grand
J'imagine que je te verrais quand tu me verras"




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