[Dossier] Chicago - La ville qui ne trouve pas sa place [Partie 1]




Le but est de parler de l'underground de Chicago, pas de drill musique, pas d'artistes qui ont connus le succès tel Kanye West, Common, Lupe Fiasco...

Avant de se lancer dans ce gros dossier, il est important de situer Chicago, plus grande ville de l'Illinois et de tout le midwest, troisième ville des États Unis après New York et Los Angeles. "La ville devient un très important centre industriel. Le syndicalisme ouvrier s'y développe dans une ville qui connait de violents mouvements sociaux.

Dans les années 1920-1930, pendant la période de la Prohibition, Chicago devient un important centre de la criminalité américaine, avec entre autres Al Capone.

Malgré les difficultés Chicago reste un très grand centre industriel dans la sidérurgie et l'agro-alimentaire. Chicago est une des plus grandes bourses mondiales pour la fixation des prix des céréales et de la viande.

L'aéroport de Chicago est le plus important des États-Unis et du monde en nombre de passagers."



Le taux de criminalité est extrêmement important, au point qu'on a fini par l'appeler "ChIrak" en référence à l'Irak qui est en perpétuelle guerre. Elle est cité comme la ville avec le plus taux d'homicide sur ses dernières années. La population totale s'articule autour des 3 millions d'habitants, elle possède énormément de gratte ciel et on la surnomme "Windy City" (La ville des vents).

Et le hip hop là dedans ? Bien qu'il soit très présent dans cette large ville, il n'a jamais pu se hisser au niveau des autres mégalopoles. D'une part, il est difficile et impossible de résumer cette ville à un style ou un genre particulier de rap tant elle est fournie en quantité et qualité.

La ville est influencé par différents style dont le gospel qui y est présent mais ne domine pas du tout. Y a la scène drill qui a émergé récemment et qui ressemble grandement et qui se confond avec de la trap ou du dirty south qui est représenté par Cheef Keef, King L, Lil Durk, Lil Reese... Et qui fait le bonheur de pas mal de jeunes aujourd'hui malgré sa pauvreté musicale et artistique.

On peut citer le coté "soft", non gangsta et l'utilisation de samples à outrance qui contraste totalement avec le drill proposé par des artistes comme Kanye West, Common, Lupe Fiasco, Rhymefest, Twista (à une période)...



Un style aussi qui est plus propre à la Midwest et les mecs de Chicago sont bons dessus, c'est les rappeurs qui usent de fast flow, de sonorités assez compliqué à décrire, qui vont beaucoup dans les aigus et qui sonnent comme nulle part ailleurs. Le mieux placé pour en faire la démonstration et le quatuor : The Legendary Traxster (Producteur), Do or Die (Groupe), Twista (Rappeur) et Johnny P (Chanteur décédé). Ils ont sortis bon nombre de singles de qualité ! On sent par ailleurs une influence West Coast avec des refrains chanté et des synthés qui tapent style g-funk. Crucial Conflict sont bien plus dark mais peuvent s'inscrire ici tout comme Triple Darkness ou Synpaz.

Les autres artistes que comptent Chicago mais dont je ne vais pas parler ici : Chali 2na, Chance The Rapper, The Cool Kids, Da Brat,DaWreck, Diverse, GLC, Ms. Toi, No I.D., Bump J, Speedknot Mobstaz, Earatik Statik, Vic Mensa, Alex Wiley...


Molemen, les producteurs de l'ombre


Commençons avec ce super groupe de producteur qui ont monté leur propre label : Molemen Records. Molemen est un trio de producteurs de hip hop composé de Panik (également connu sous le nom de His-Panik), Memo (abréviation de Memoriza) et PNS

The Molemen ont fait leur débuts en 1997 avec un EP intitulé Under the Ground, qui comprenait la chanson "Freestyle or Written" de Juice, ainsi que les premières apparitions de Vakill et All Natural. Ils sont revenus en 1998 avec un autre EP, Buried Alive. Il présentait l'une des premières apparitions du rappeur de Chicago Rhymefest


Les EP ont ensuite été réédités ensemble sur une compilation : Molemen Presents... Below The Ground.Buried Alive. En 2001, les Molemen ont publié une paire de compilations, Chicago City Limits, Vol. 1 , Ritual Of The... La compil de présentait exclusivement des artistes de Chicago, tandis que l'autre mettait en vedette une liste diversifiée de mc's tel que invités, dont C-Rayz Walz, Slug (of Atmosphere), Rasco (of Cali Agents), Aesop Rock, Mf Doom, Grand Daddy IU Breez Evahflowin, Pecee P...

L'album a été remastérisé pour une version rééditée en 2004, intitulée Ritual Of The... : Revisited and Remastered. En 2005, le groupe a sorti un autre album de compilation, Lost Sessions, qui comprenait une variété de pistes d'artistes extérieurs produites par le groupe.

2006 a vu deux autres sorties de Molemen, avec Chicago City Limits, Vol. 2 arriver en premier en mai. Un album complet intitulé The Killing Fields est sorti le 14 novembre 2006. Il présentait des apparitions de locaux de Chicago, notamment Vakill, Mass Hysteria, Rhymefest, Mike Treese et Juice, ainsi que Cormega, Brother Ali, Kool G Rap, Grafh , Felt, Saigon, Casual, Del the Funky Homosapien, Mikah 9, Virtuoso...


Suite à cela, le trio n'a plus rien sorti mais a continuer de produire. Néanmoins, ils sortiront durant leur carrière beaucoup de mixtapes individuels avec leur propre production, pas facile à chopper mais tout est dispo ici : Catalogue des Molemen

Memo : Élevé dans le quartier South Side Jeffery Manor, l'héritage hip hop de Memo trouve ses origines dans ses interactions avec les gars de son quartier. Il a acheté son premier équipement, un Casio SKI, en 1991, qu'il a utilisé pour mettre en boucle des samples enregistré à la radio, qu'il donnerait ensuite à ses amis pour faire du rap. 

A partir de cette étape, il taf sa musique tout au long des années 1990, acquérant un Gemini Mixer en 1994, un E Max Keyboard en 1997, et finement un MPC2000 en 1998 qu'il continue à utiliser aujourd'hui. Il est devenu membre des Molemen en 1996 et a depuis créé des rythmes notoires tels que "Guns still hot" de Rasco.

Par-dessus tout, Memo s'efforce de créer une musique honnête et, selon ses propres mots, estime que "la musique sincère parle d'elle-même". 

PNS : Après avoir commencé son développement musical en tant que DJ de Humboldt Park, PNS est le point culminant de plusieurs influences, en particulier la musique house et l'éthique du bricolage inhérente à la culture du graffiti.

Il a commencé à créer des rythmes en 1990, en utilisant un SP 1200, mais a ensuite été mis à niveau vers un MPC2000XL, qu'il utilise toujours aujourd'hui. Après avoir officiellement rejoint les Molemen en 1996, il a forgé sa propre niche en refusant de tomber dans la prévisibilité.

Sa nature indépendante se reflète mieux dans sa conviction personnelle qu'il préfère être original et rester obscur, ce qui se manifeste dans son style à plusieurs niveaux qui refuse d'être facilement défini. Il a touché sont quand des productions ont vu le jour sans planification ni délibération tel que "Yee Haw" avec MF Doom, "Period" de Juice, et son propre "The Thief is Hungry".


Panik, ce génie qui refuse de rester dans sa lampe...


Un des membres fondateurs originaux du collectif Molemen, Panik est le produit de son exposition à la vie de la rue et de sa bande sonore à un jeune âge. Enfant, il a absorbé la musique qu'il a entendue de ses frères aînés, comme les P-Funk Allstars et Earth, Wind et Fire. 

En vieillissant, il a préféré une variété de genres et d'artistes, allant de Huey Lewis et Pat Benatar, à Luis Miguel et Run DMC. Il a d'abord profité de l'occasion pour se lancer dans la création musicale quand il était enfant. Pendant ses années de lycée, il recherchait des disques de James Brown et Break dans des endroits tels que Rock and Rose Records, et accumulait une collection respectable, qu'il partageait finalement avec un ami qui possédait un MPC60. 

Il a commencé à faire ses propres mixtapes en 1993, et en 1996 a vu la sortie du premier projet sous l'étoile des Molemen "A Taste of Chicago / Keep the fame". Panik a acheté un MPC2000XL en 1999, mais continue d'expérimenter avec des claviers vintage et des sons uniques. 


C'est de loin le plus productif, il compte pas mal de projets en solo, aujourd’hui encore c'est le seul qui est totalement actif. Parmi les artistes notables qu'il a produit : Vinnie Paz (Jedi Mind Tricks), Rasco, Apathy, Kam, Louis Logic... Sans compter tous les mecs de Chicago. Il a sorti un projet il y a quelques mois : Coloring Outside the Lines, on retrouve dedans : Vic Spencer, M-Dot, Jamal Science, Visual, Vakill, Juice... Et ça vaut quoi ? C'est du très bon et la chronique ne saurait tarder. Donc je n'en parle pas plus. Il a beaucoup produit pour Vakill.

Donc en fait ce trio qui a fondé son propre label et à la source de beaucoup de choses dans l'underground de Chi-Town et on va la voir de suite. Donc pour faire simple, ils font principalement du boom bap mais qui claque vraiment bien et vont chercher des instruments assez originaux style accordéon, harpe, flute... Avec des voix pitchées, des grosses lignes de basses et des caisses claires stridentes et c'est forcément un plaisir absolu.


Vakill, la punchline devient banal


Élevé du côté sud de Chicago sur la 119e rue, Vakill a été impliqué dans le hip hop dès l'âge de huit ans, se concentrant à l'origine sur l'élément break dance de la culture. Dans les années 80, Vakill a commencé à se concentrer sur les rimes et a trouvé l'inspiration auprès de paroliers respectés tels que Kool G Rap, Pharoahe Monch et Nas. 

En 1991, il a rencontré un camarade de classe du secondaire nommé Ed Zamudio lors d'un événement hebdomadaire local appelé Terrordome. Zamudio, plus tard connu sous le nom de Panik. Vakill, ainsi que les producteurs Memo et PNS ont formé les Molemen.

Vakill a fait ses débuts en tant qu'artiste solo en 1995, avec la sortie d'une cassette intitulée "Who's Afraid ?". Il est resté sur la scène locale tout au long de la fin des années 90, faisant de nombreuses collaborations et sortant un certain nombre de singles, notamment "Keep the Fame" de 1996, une collaboration avec le vétéran Mc Percee P et la future star de Chicago : Rhymefest


Le maître de cérémonie a sorti son premier album tant attendu, The Darkest Cloud, en 2003 sur Molemen Records. L'album a été produit par Panik, Memo, DJ Contakt et Mixx Massacre, il comprenait le single "End of Days". Bien que plébiscité, l'album n'a pas atteint la scène mainstream du rap et n'a pas réussi à générer un chiffre d'affaires important.  Le rappeur revient trois ans plus tard avec son deuxième album, Worst Fears Confirmed, sorti début 2006. L'album présente une production des Molemen, ainsi que des apparitions des paroliers acclamés tel que Ras Kass et Royce Da 5'9 . En 2011, il sort son troisième album studio The Armor of God.

Depuis c'est le silence complet, en 2019 il ressort un single "Vestcheck 1,2" avec Twista ! Ce qui est censé annoncé son nouvel album : God's G.U.N.S. Plus qu'à attendre ? 

Pourquoi tant d'espoir sont placés en lui ? Pourquoi est-il vu comme l'un des meilleurs de la scène et l'un des meilleurs dans son genre ? C'est à dire ce rap cru, sombre, empli de punchlines, froid et sec comme les vents qui peuvent porter Chicago. 


The Darkest Cloud, l'album qui aurait du le propulser encore plus haut a manqué de le faire, malgré toutes ses qualités... L'album vaut largement son pesant d'or et bien que Vak' utilise assez souvent son flow qui est parfait pour les battle et usent de formule complexe à comprendre, on ne s'en lasse pas. Sa plus grande qualité outre ce que j'ai cité réside surement dans sa façon à raconter une histoire et ce même sur un morceau qui ne transpire pas la tristesse. Faut comprendre qu'il est toujours sombre dans ses propos.
"Sweatest way to die" illustre très bien ceci. Ce joyau extrêmement sous-estimé raconte l'histoire d'un jeune ; Vakill qui grandit dans les rues de Chicago, centré sur le mouvement du graffiti, son comportement artistique et les conséquences sociales qui l'accompagnent. Il est tellement absorbé et plongé dans le marquage / bombardement qu'il pense que ce serait la manière la plus douce de mourir en faisant ce qu'il aime, le marquage. 

Il fini par aller en prison mais refuse de purger 5 années et fini par se suicider. Ce qui est ouf, c'est que la production jazzy ne laisse pas du tout prévoir cela et pourrait servir à une toute autre interprétation. 

L'autre morceau marquant dans le genre est "Fallen" qui presque le meilleur son. Ici Vakill s'est fait larguer par sa copine, il s'est fait entuber par son label et veut donc tuer son employeur, il prend 2 innocents en otage. La police est au courant et envoi un négociateur et pas des moindres : Slug (Atmohsphere) qui lui n'a pas son pareil pour narrer une histoire. Le morceau est monumental.

Vakill se rend compte qu'il n'est pas dans son intérêt de coopérer avec la police; au mieux, il va directement en prison. Au pire, Slug va le tromper en lui faisant tirer dessus par un tireur d'élite. Et comme il veut en finir avec tout ceci et pour prouver qu'il est déterminé, il fini par tirer une balle à la fin du morceau... Mais pas sur les victimes, sur lui.


"Competitions like parking spots, good one's hard to find
Everything else is handicapped homey" - End Of Days
(Les compétions c'est comme les places de parkings, les bonnes sont durs à trouver, il reste que les places handicapés)

"Hoes is like tornadoes, they scream when they come and take everything when they leave" - The Creed
(Les trainées sont comme des tornades, elles crient quand elles viennent et prennent tout quand elles partent)

On peut aisément citer "Cry You A River" ou il rend hommage à un de ses potes dont il a du mal a faire le deuil. American Gothic  aussi qui porte très bien son nom et montre une fois de plus qui peut très bien mener un son entier en solo avec une structure classique : couplets + refrain. Donc comme on le voit, la barre est haute avec The Flyer, Forever,...

Sickplicity est clairement dans l'image du personnage, un mélange de "sick" (malade) et "simplicity" (simplicité) mais laquelle ? Celle a balancer des phases de fou très simplement ! Il est très vulgaire dans ses textes, il le reconnaitra, pas dans le sens gratuit mais y a pas mal de sons à censurer je dirai. 

Le point fort du projet est aussi du a fait de la variété des productions, on ne touche pas qu'au strict coté sombre et brut mais bien à des prods plus éloignés qui incluent des samples plus mielleux, des voix pitchées et plus soul et citons Dear Life, Til The World Blows Up, The Creed ou encore Forbidden Scriptures avec Breez Evahflowin’, Jakki The Motamouth, Copywrite & Camu Tao. Ici il est clairement de mesurer sa plume et de savoir qui est le meilleur.


Donc dans l'absolu, aucun morceau n'est à jeter. Le meilleur morceau est le dernier : End Of Days produit par Panik qui signe peut être sa meilleure production ! Ici tout est parfait et quoi de plus normal que de l'avoir choisi comme single de l'album ?

Bien évidemment aucune info sur l'origine de ce super sample de violon, un style très gothique et pas forcément boom bap, un sample d'une voix féminine qui semble hurler son désespoir dans la nuit. On retrouve cela tout le long du morceau avec une amplification au refrain. Rien de mieux pour conclure l'album et qui s'inscrit grandement dans la lignée du projet, tant dans l'atmosphère, la technique utilisée, les rimes, la production et l’égo-trip et et la vision pessimiste qu'il peut apporter. On touche un chef d’œuvre qui rentre pour ma part dans le panthéon du rap. Malgré toute la noirceur du morceau, je ne vois aucune ombre au tableau et aucune difficulté d'accès au projet et ce magnifique son que je recommande pour cerner et découvrir pleinement ce prodige.


Worst Fears Confirmed et Amror Of God


Il sort son second album en 2003 "Worst Fears Confirmed", viendra t-il confirmer ses excellents débuts ? Oui et non. On est en dessous de ce qu'il a proposé sur le précédent opus mais on sent une maturité certaine. Il est toujours aussi bon derrière le micro et la plume est bien chargé d'encre néanmoins on atteint toujours pas un niveau qui peut le propulser au plus haut.

When Was The Last Time, Worst Fears Confirmed, Serpent & The Rainbow, The King Meets The Sickest, Man Into The Mirror, Farewell To The Game sont pourtant de très bons morceaux et les apparences de Ras Kass & Royce Da 5'9 ne sont pas là que pour le coup de pub. Mais clairement à part "The Confirmation" et son sample d'accordéon, aucun morceau ne ressort comme dans son précédent album. Néanmoins l'approche est plus facile car c'est moins dark, plus accessible et plus mature dans un sens.

Il va ensuite bosser de son coté durant 5 ans et revenir encore plus fort avec son dernier album à ce jour : Armor Of God (2011). Panik a quasiment tout produit, Jake One place une prod. Le premier single qui porte le nom de l'album est d'ailleurs par Jake et il est très bon. Les autres singles : I Came 4 U et Hi Ate Us seront de moins bonne facture.


Le meilleur son de l'album aura évidemment droit à son single : Endless Road. Le son est a placé dans son top 3. Il fait appel à un inconnu : Vizion (qui est de Chicago je crois) et qui pose un très bon couplet. Clairement on peut dire que le Mc a atteint son apogée avec ce troisième album, il pose sur tout types de prod, il est bien accueilli par la presse et les ventes. Heavy, You Don't Know, Beast Ballad, Wild Wild, Proof, The Apology, Bi-Polar... Lui permettent de se placer au dessus de son précédent album.

Les feats sont plus nombreux d'ailleurs : Crooked I (KXNG Crooked), Juice, Astonish, Nino Bless et Rhymefest. Fidèle à lui même, donc peu mais de qualité. On a l'impression que c'est pour se confronter à d'autres styles et de proposer une joute verbale. Juste pour finir sur cet artiste, son premier projet : Kill'Em All (2001) ne mérite pas plus de temps qu'une écoute à outrance du morceau Out The Speakers avec Juice qui est vraiment un bijou.

Molemen Records, toute une écurie


Scheme (Rhyme Scheme), l'héritier du trône 


Le second rappeur notable signé sur le label est : Scheme (Rhyme Scheme). Connu dans toute la scène hip hop locale, Rhyme Scheme a acquis une reconnaissance pour son style de rimes complexe (d'où son nom). Élève de ses héros influents comme Nas, Big Pun et Pharaoh Monch, Rhyme Scheme vise à repousser les limites comme ils l'ont fait.

Son apprentissage a attiré l'attention de Molemen, qui superviseront ses premiers enregistrements. Le MC typiquement calme reconnaît l'humilité comme l'une de ses vertus qui l'ont aidé à grandir en tant que MC. Il préfère faire ses déclarations les plus fortes à travers les mots qu'il tisse artistiquement ensemble.



D'origine hispanique, il ne manque pas de le faire savoir à travers ses textes ou des titres. On le sent clairement dans son rap et on peut parfois penser entendre d'autres légendes de même origines qui l'ont inspiré. Lui il s'est beaucoup moins épaulé par les super producteurs, il a sorti son premier projet en 2006 : For My People, presque pas de featuring ni de couverture médiatique mais clairement un excellent opus pour Chicago. Mais le mec est trop chaud, il a faim et il le prouve un an après avec la mixtape "The Biz" en compagnie de deux rappeurs de Chicity qui sont Astonish & Decay. Entre phase B et production originale, les mc's se démarquent clairement et prouvent qu'ils ont de l'avenir.


En 2009, il revient avec un dernier projet sur le label : The Manifesto EP qui encore une fois est de bonne qualité, le single "Chicano" suscite le respect à lui seul. Il s'émancipe et quitte le navire pour faire cavalier seul et sort son dernier album solo : Same Rebel, New Cause en 2010. Mais la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre comme vous le savez et il continue de bénéficier de productions de ses bienfaiteurs. Son talent, son style très éloquent et agréable, l'isolation de sa ville, le manque de couverture hormis l'axe New York - Los Angeles ne lui permettront jamais d'exploser à l'échelle nationale.

Lui c'est clairement dommage qu'il n'ai pas pu aller plus loin car il n'a aucun projet qui ne mérite pas d'attention. On peut dire que l'underground aura raison de lui et après un dernier coup d'éclat avec Yukmouth (Luniz) et Young Noble (Outlawz) sur Business Over Pleasure en 2015, il ne fera plus parler de lui.


Astonish, le gars cool et talentueux


Au tour d'Astonish qu'on avait déjà entendu avec Scheme et les Molemen de se mettre en avant. Astonish rejoint les Molemen, en tant que plus  Mc en plein essor et prometteur. Il incarne la capacité de Chicago à produire un parolier intelligent avec suffisamment de fanfaronnade intelligente pour tenir tête au milieu des voyous et des routards. Ayant été élevé dans un environnement musical diversifié, Astonish a acquis une expérience auditive éclectique unique qui l'a aidé à développer son approche équilibrée de la musique. 

Entre les disques soul de la vieille école de l'époque de ses grands-parents, le penchant de son père pour N.W.A, et sa propre plongée musicale diversifié, de Usher à Nas en passant par Red Hot Chilli Peppers ; les rimes d'Astonish véhiculent une multitude de sujets qui reflètent cet héritage musical. 


Après avoir gagné le buzz dans la rue en tant que jeune adolescent, Astonish a estimé qu'il devait se retenir de sortir des pistes sans réseau approprié derrière lui pour s'assurer que son premier album ne soit pas perdu dans un flot de sorties underground et jamais entendu. En attendant son heure, il a pu cultiver son métier et finalement gagner l'oreille des taupes, gagnant rapidement leur acceptation avec sa sincérité et la qualité de sa musique. Avec près de six ans de rimes dévouées à son actif, Astonish est en bonne position pour s’établir rapidement comme l’un des artistes les plus innovants du hip-hop de Chicago. 

L'une de ses chansons, "Broken Dreams", se concentre sur sa forte envie de profiter des opportunités qui lui sont offertes alors qu'elles sont encore disponibles, et de ne pas laisser passer le temps. Ayant rejoint le légendaire collectif Molemen à l'âge de 21 ans, force est de constater qu'il ne perd pas de temps à profiter d'une très belle opportunité pour permettre à son rêve de devenir un maître de cérémonie de renommée internationale de se réaliser. La première  mixtape d'Astonish est la mixtape "The Biz" évoqué plus haut. 


Utilisant les rythmes du camp de Molemen et de son propre producteur, Cucs, Astonish prévoit de familiariser Chicago avec son style avec un EP nommé "Until Now And Forever". Sans être vraiment ouf, il est très bon et s'écoute facilement. Le morceau "Impossible" est lui d'un autre niveau, autant la prod de Panik est ouf, autant sa prestation est excellente au micro.

Il sortira par la suite un album avec 15 morceaux nommé The “AstonishinglyODD Project”, je n'ai jamais pu l'écouter mais le peu que j'ai entendu est vraiment sympa. Enfin en 2016, sur Spotify apparait "The Who Tape". Jamais mit la main dessus mais les Molemen semblent aussi loin de ce projet. Enfin pour finir, il fera son retour sur le dernier album de Panik : Coloring Outside The Lines en 2019. Il a des textes intelligents, une voix atypique, il fait penser un peu à Lupe Fiasco mais plus underground, vraiment un bon rappeur qu'on aurait aimer entendre plus.


La dernière recrue : Jamal Science


Le talent qui sort de la ville de vent semble croître chaque jour. Pour ceux d'entre vous qui ont suivi la scène de Chicago depuis des années, sachez que les Molemen la maintiennent; et marque aujourd'hui un nouveau chapitre. Jamal Science, se connecte avec Panik pour vous apporter le projet "Simply' Amazin EP". Entièrement produit par Panik, avec des apparitions de Scheme, Astonish, DJ Scend, Chris Lesage et Jasmine Luevano. Avec des chansons comme "Simply Amazin'" et "Smoov Criminal", Jamal met en valeur ses capacités brutes en tant que MC avant tout. 



Musicalement, Panik capture différentes humeurs et nous emmène en balade avec chaque pièce de production qu'il a créée pour le projet. Jamal Science et Panik sont deux coups de poing venus de l'underground. Le nouveau chapitre a été écrit, et il est intitulé, "Simply' Amazin".

Le projet est évidement amazing ! Bring Me Down, The 90's, Weight Of The World... Tout est de qualité. Encore une fois le buzz n'a pas pris pour cet artiste qui a vraiment tout pour lui et qui se glisserait parfaitement dans une playlist de 2020. Mais avant d'en arriver là, il avait sorti un excellent projet : Something Wonderful EP totalement gratuit ici : Son projet

Forcément les Molemen l'ont vite repéré. Encore une fois la sauce nationale n'a pas pris et il se retrouve donc à errer dans l'ombre malgré son retour en 2018 avec 4814 EP. Lui aussi reviendra sur le projet de Panik en 2019.



Parlons peu mais bien ! Longshot, un autre excellent Mc qui a roulé pendant une période avec Molemen pour 2 albums : Civil War et Sacrifice. Le second qui est un vrai LP est véritablement de qualité surtout si on note que Panik a produit la majorité du projet. C'est très varié, le morceau World restera gravé dans ma mémoire tant par la perf' que par la prod. 


Lui avait les dents longues et il a poussé en sortant divers projets dont un DVD comme c'était la mode à l'époque et il a fini partir s'installer à Minneapolis dans le Minnesota. Toujours actif, il continue de sortir des projets en solo et en collaboration. En 2018 on peut noter la sortie en indé du projet :  Longshot & Lazerbeak - Parades. Néanmoins son album "Sacrifice" restera dans les mémoires et dans les archives du hip hop made in Chicago. Quasiment un sans faute, sans featuring de mentionné et qui a donné un véritable classique.


Il a une particularité comme d'autres (Scheme par exemple) c'est qu'il peut accélérer son flow et avoir un débit assez rapide. Il a une discographie encore en activité, je vous conseille sérieusement le skeud mentionné plusieurs fois...

Bonus : Psalm One, la rappeuse. Rien à voir avec Molemen bien qu'elle ai collaboré de près ou de loin avec. Juste pour signaler qu'elle kick bien le micro. Elle a sorti beaucoup de projets et elle est passé par Rhymesayers Entertainment. Elle est toujours en activité et mérite quand même une écoute.


Ainsi s'achève ce premier article sur les artistes underground de Chicago.

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