[Dossier] Sous leur radar, au dessus de leur tête : Chris Rivers

Chris Rivers

Localisation : Bronx, New York

Label : Mello Music Group / Indépendant



Lui, ça fait un moment que je voulais en parler et que je l'avais en tête. Il n'est nul autre que le fils du grand et défunt Big Pun ! Forcément on en attend beaucoup de lui quand on sait ça, et à juste titre, le bonhomme ne déçoit pas du tout ! Il surpasse son paternel en tout point (sans lui manquer de respect) qui avait pourtant un sacré niveau ! Faut dire que ce dernier n'a sorti qu'un album de son vivant et pas des moindres, car c'est un classique : Capital Punishement en 1998.

Chris n'oublie pas d'où il vient et rend régulièrement hommage à son père sans pour autant s'appuyer sur son succès ou son image pour réussir sa carrière. Carrière qu'il a commencé en 2002 avec le groupe 3 Down composé de Ray Ray (le fils de Benzino) et Lil James. A eux trois ils ont sortis le single Baby Boo avec Brenda Russel. Le groupe s'est dissout après un street album sorti la même année, courte réunion donc.


Il faudra attendre 11 ans, en 2003 pour voir le premier projet solo de l'artiste, l'excellente mixtape : Wonderland Of Misery. Je ne sais pas trop comment je suis tombé dessus mais il me semble que c'était vendu comme "Son of Big Pun !" forcément je clique. Pourtant pas mal de légendes ont leur fils dans le game et le résultat est rarement convaincant... Voici l'une des exceptions qui confirme la règle.

Faut dire que depuis quelques années la tendance ne se situe plus du tout de la cote est et encore moins à New York. Les années 90, l'age d'or et tout le reste sont loin derrière, bien des groupes, artistes, collectifs... devaient prendre la relève mais très peu ont réellement pu exploser et porter la ville et la cote. Entre temps le sud lui a vraiment explosé avec Atlanta, Houston, Memphis...


La cote ouest se porte plus que bien avec un tas d'artistes issu de la Bay Area, la scène jazzy hip hop, les vétérans et le gangsta rap sont toujours debout. La midwest aussi à pris de l'altitude avec Detroit, Kansas City, Chicago & autres. La nord ouest peine à décoller malgré le talent de Sandpeople, Oldominion, la clique à Braille et consorts.

Que dire donc de la east ? C'est la plus à la peine si on regarde bien, vu son passé, son étendue, sa ville tentaculaire qui est New York, on a quand même du mal à trouver du son de qualité. Si on regarde bien, c'est assez fade. Mais des mecs comme Chris sont heureusement de sortie.

Lui ce qu'il aime c'est le rap technique, fidèle à son héritage et aux grands mcs de NY, il aime kicker sévère et le démontre quasiment tout le temps. Il ne rougit jamais et il l'a prouvé en posant avec le Wu Tang Clan & Killah Priest sur le morceau "Frozen" présent sur l'album "The Saga Continues" du clan sorti en 2017. Son couplet parle pour lui...

On peut aussi parler de ses couplets destructeurs placés aux cotés de Vinnie Paz, Joell Ortiz, !llmind, Emilio Rojas, Team Backpack, Termanology, Styles P, Statik Selektah, Rite Hook, Slaine, Snowgoons... Avec lui vous êtes sur d'avoir de la qualité et un couplet unique en son genre.

Mixtapes et encore mixtapes...



Wonderland Of Misery concrètement on se l'écoute ? Le premier son est une intro / skit qui parle du Bronx, il en fait assez régulièrement dans son projet. On passe et la première claque est là : Wonderland Of Misery. Son pote The Whispers commence par un couplet fort intéressant mais lâche surtout un refrain mortel. Il en fera très souvent avec Chris, souvent leur collaboration sont ouf.

Sans parler du beat qui est vraiment puissant, c'est le couplet du rappeur qui nous intéresse. Il commence très très fort, il a une technique de rimes très efficace, car il arrive à faire des rimes sur tous les temps. Toutes ses fins de phrases au minimum riment entre elles, ce qui est assez ouf. Il a un flow très élastique qu'il peut détendre quand bon lui semble. Il peut rapper vite, ralentir, repartir et c'est assez impressionnant. Tout le couplet sera rappé à un débit assez élevé mais surtout soupoudrer d'un flow traumatisant ! Meilleur son de la tape on peut dire ou presque.

Lyrical Catastrohpy arrive qui correspond à un court freestyle sans pause sur différentes instrus, rien de ouf comparé au précédent morceau. Il va largement poser le truc après avec un son incluant Styles P et Tyler Woods. Il va ensuite enchainer quelques sons avec ce schéma de refrain chanté / samplé et des couplets de rap. Il va faire poser son pote The Whispers sur une série de freestyles tout comme il a fait lui même au début. Le mec assure bien !

Il reprend vite les commandes sur "Here We Go" où il démontre encore une fois son talent et montre que c'est lui seul le boss du projet. Décidément proche de Styles P, il le fera reposer sur un son.

Vient ensuite la seconde gifle réelle du projet : I Got You, l'instru fait mixtape mais est excellente. Son flow fait encore de nouveau des ravages, il a une façon de poser ses mots assez étonnantes. Il fait des sortes de pause pour appuyer ses mots, il accélère, retient son souffle, repart... Ajoutons à cela que la rythmique est assez rapide et pas facile à poser, il explose d'une façon sidérante. Maitre.

Il décide de rappeler son pote Styles P mais cette fois aux cotés de Vinnie Paz, son couplet est de nouveau en feu et c'est d'autant plus clair car il le commence a capella. Bien que les autres artistes font bonne figure, ils se font totalement explosés.

Il reprendra le son "Gangsta" de Kat Hue pour un remix sympa et a samplé "Tearz" du Wu Tang pour un morceau plus que correct. La tape continuera de défiler en morceau de qualités et skit. Totale réussite. Il démontre qu'il est à l'aise sur tout types de beat, rien ne résiste à la force du dragon.

Wonderland Of Misery 2 (2014)


La mixtape comporte tout comme la précédente énormément de morceaux, peu de skits. Tout n'es pas forcément à garder, c'est un artiste qui n'a pas confiance en lui, souvent moqué quand il était jeune. De par son poids surtout, ce qu'il fait qu'il en parle dans ses morceaux mais petit à petit, il dira qu'il s'est servi de cela comme une force.

Les freestyles sont toujours présents, son pote The Whispers fait toujours le taf. Les morceaux qui sortent vraiment du lot : I Need, I Know You Hate Me, The Good King, Fall, Who Is That...

Son EP "The Good King" (2014) reprend quelques sons de la précédente tapes et quelques exclus de qualités mais rien de plus, trop court.


Medicated Consumption & Medicated Consumption 2.0 The Refill


2 autres mixtapes vont suivre en 2016. La première du nom change avec les précédentes tapes sur deux points : la qualité (j'entends par la, le mixage, le master et autres sont de meilleurs qualités). L'autre point est qu'il a supprimé les skits et qu'il a réduit le nombre de morceaux bien qu'il y en ai encore beaucoup. Ça va plus vite dans le vif du sujet, il s'est diversifié aussi en proposant plus de sons couplets, moins de freestyles, plus structuré, on se rassure plus de la structure d'un street album. 

L'autre point c'est l’omniprésence de son pote Whispers qui assure beaucoup de refrains et tant mieux car il excelle. Les tracklist par contre sont toujours mal fourni et c'est un jeu de devinette ou de reconnaissance vocale car on ne sait jamais qui est en featuring. Au final que retenir sur ces tapes ? Bien des sons comme : Born For This, Headshotz, Black Hearts, You Know, This World Ain't Shit, Hate In Your Blood, Titan...

La seconde tape reprend quelques morceaux de la première plus des inédits.

Delorean, retour à son format préféré


Dernière mixtape avec son album, il est revenu aux sources en multipliant les pistes, remettant les skit, des morceaux courts / freestyle. L'avantage c'est que le son reste de qualité (à tous les sens), la tracklist est enfin détaillé. Je pense qu'on peut dire que c'est la tape la plus réussite dans son ensemble, celle qui s'écoute le mieux, plus propre. Je le considère plus comme un street album, il a mis de coté ce coté trop égotrip, je veux montrer comment je les fume au mic. On sent que c'est plus sérieux, désireux de créer une thématique, un univers, un projet homogène. 

Les feats sont légers à part son éternel compagnon et d'autres voix qui l'accompagnent sur les refrains, on notera la présence de : Lil Fame (M.O.P), Sheek Louch, Oswin Beinjamain et Derez D'Shon. Mais il se suffit largement à lui même.


G.I.T.U (Greatest In The Universe)


Voilà ce qu'on lit sur bandcamp (traducion approximative) :
"Le titre englobe le sentiment que ce corps de travail a pour moi. Ce sont mes expériences de vie, mes amours et mes pertes, mes récits sur la manière de surmonter les obstacles, tant externes qu’intérieurs, tout en apprenant à s’aimer et à devenir la meilleure version de moi. En tant que personne et en tant qu'artiste, j'ai essayé d'aller plus loin et d'élargir mes limites. Chacun a son monde à lui, chacun a son propre univers qu’il contrôle, c’est le mien. Je suis le G.I.T.U."- Chris Rivers

Depuis son entrée dans le rap, chaque mention de Chris Rivers reconnaît inévitablement l’influence de son père, Big Pun, l’un des plus grands artistes du monde. C’est un cadeau qui a permis au MC Bronx de se faire entendre, mais aussi une malédiction qui suscite des comparaisons injustes. Mais avec son premier album sorti sur le label Mello Music, G.I.T.U.


Rivers réalise ce qui aurait été impossible pour un talent moindre : il revendique son statut d’artiste singulier, parlant pour sa génération, sa culture, son héritage familial et, plus important encore, pour lui-même.

Si Rivers est sans aucun doute le fils du premier rappeur latin solo avec un album platine, il a clairement évolué pour devenir son propre homme. G.I.T.U est l'occasion de raconter son histoire - une histoire qui commence pleine de deuil et de doute de soi, mais qui mûrit pour devenir une histoire captivante de découverte de soi. En termes audacieux et déclaratifs, il brosse un portrait d'une vie vécue en marge, surmontant les tempêtes d'abus, de pauvreté et l'ombre persistante d'attentes élevées.

Il y a des luttes contre la dépendance et des idées suicidaires, mais Rivers transcende ces démons pour produire une musique qui rend fier son héritage.


Il frappe avec une agilité lyrique époustouflante et la précision syllabique dont on est en droit d'attendre de son patrimoine, mais avec la vulnérabilité et l’introspection qui ne peuvent provenir que d’un artiste possédant une rare connaissance de soi. Vous pouvez entendre l'héritage de son père, mais aussi une synthèse et une expansion sur le chemin emprunté par Black Thought, Mos Def et Lupe Fiasco.

Le titre lui-même fait également office de mantra: le plus important de l'univers. C'est l'affirmation de soi que se disait Rivers dans ses moments les plus turbulents. C’est un credo inspirant qui lui a permis de continuer, mais qui sert également de carburant aux auditeurs - en particulier à ceux qui recherchent une lumière réfractée de la part de quelqu'un qui connaît profondément les ténèbres. 

Les 16 pistes englobent presque toutes les humeurs. Il y a le confessionnal "Perfect" où Rivers déclare : "Well, I never loved myself, but right now I’m in love with two bitches, I mean women, I mean prisons, I mean prisms."


En une phrase, il est capable de transmettre des complications labyrinthiques. Il y a "Trick", où Rivers gronde comme un champion, se vantant de ce que ses sœurs lui ont appris à se bagarrer, se remémorant ses débuts de 'petit garçon gros portoricain avec un cerveau comme un astéroïde'

"Damaged Goods" où l'artiste de 25 ans s'interroge sur les différences entre la luxure et l'amour. 

"Wolf Fashion" est un poète ému par un saxophone émouvant qui se fait un devoir de se protéger des tempêtes de la vie. Il ne s'agit pas d'être à l'épreuve des balles, mais plutôt de posséder la force nécessaire pour supporter le chaos auquel nous devons faire face. Pourtant, Rivers est prêt à accepter les défis de front, affirmant qu'il affirmant qu'il "préférerait avoir la dure vérité qu'un doux mensonge". 

La pièce maîtresse émotionnelle de l’album s’inscrit dans le très déchirant "Sincerely Me". C’est un hommage à Big Pun, mais qui refuse de céder au sentimentalisme excessif. Vous ressentez la douleur et la tristesse de Rivers, les difficultés de sa famille et sa frustration de ne pas pouvoir demander à un père ses conseils. Mais quand la chanson s’efface, Rivers est plus fort qu’avant. Une prière a été exaucée. C’est l’image complète du fils qui ne veut pas éclipser le père mais qui veut pouvoir se tenir à ses côtés, épaule contre épaule, deux des plus grands de leur temps."

Seul véritable LP mais paradoxalement, pas le meilleur de sa discographie. Whispers n'est pas présent, mystère... c'est quand meme l'artiste qui lui a assuré ses meilleurs refrains durant tous ses projets. Concrètement, pas grand chose est à jeter mais pas grand chose en ressort totalement non plus. Il éclipse assurément la majorité des projets de 2019 mais ce n'est pas LE classique attendu. donnons une chance en supposant que ce n'est pas son vrai LP.

Espérons à l'avenir que des producteurs comme Dj Premier, Snowgoons, Audible Doctor, J57, C-Lance, Crown, DC The Midi Alien, 5Th Element, Phoniks... Tous ces producteurs underground ou non qui pourront si bien tafer avec lui.

Mon avis ? 

Actuellement, je ne vois aucun potentiel équivalent sur NY et la cote est (hormis quelques exceptions style King Magnetic...). Aucun Mc peut tester cette boule de feu. Il surpasse son père malgré tout le respect que j'ai pour cet artiste, Il rappe sur de la trap, des classiques, des beats plus lents, il pose aussi ses refrains poussant parfois la chansonnette. Rien ne l'arrete. Il détruit tous ses invités en passant du Wu Tang à ceux de l'underground. Rien ne lui résiste, il est destiné à briller. Et pour le coup ce sera seulement son talent qui le fera, et ca ne peut faire que du bien à NY et la cote est.

On ne ve pas mettre en avant un mec qui vend ou qui fait de la bonne musique, non c'est un mec qui a du talent de fou à revendre. Et c'est ca qu'on va souligner. Le retour du vrai rap. J'ai du respect pour les newcomers de la cote est, on parle beaucoup de Dave East qui est pourtant bon mais là désolé, il n'a pas les bras assez longs pour boxer avec lui.

Il multiplie les feats, le son qu'il a posé pour l'album de Snowgoons est une tuerie interstellaire, il a tué la prod. Il monte en puissance, donc c'est le moment de le découvrir à travers ces compilations que je vous ai préparé et cet article.

Pourquoi vous risquez de ne pas aimer ?

Beaucoup de mixtapes, pas de projets sérieux hormis le dernier. Il est vraiment porté sur la technique et la performance, ca peut devenir répétitif pour certains bien qu'il ne le soit pas du tout. Manque un projet solide, dans le sens où il manque un album / projet qui laisse de marbre pour autre chose que ses performances au micro.

Ce qu'il faut écouter ? 

Concrètement, presque tout. Les deux mixtpes Wonderland Of Misery, Deloeran et sa tape Medicated Comsumption. G.I.T.U aussi peut etre sympa car il change de ce qu'il fait.



R.I.P Big Pun

Discographie : 
3 Down - Untitled Album (2002)
Chris Rivers - Wonderland of Misery (2013)
Chris Rivers - Wonderland of Misery 2: The Good King (2014)
Chris Rivers - The Good King EP (2014)
Chris Rivers - Medicated Consumption (2016)
Chris Rivers - Medicated Consumption 2.0. The Refill (2016)
Chris Rivers - Delorean (2017)
Chris Rivers - G.I.T.U. (2019) 

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