[Chronique] Fanny Polly - ReBelle
02. Qui peut tester ça
03. Dis leur
04. Ah ouais (feat. Skyna)
05. Rebelle
06. Interlude
07. Petit colibri (feat. Mon père)
08. Me too
09. Partis de Bogotta
10. Toujours plus (feat. Hermano Salvatore)
11. Sous-côtés
12. Danser yeux
13. Kess tu croyais (feat. Ness & Tupan)
14. Kerozen
15. Sous la pluie
16. Soleil plein
17. Je m’en irai (feat. Nayra)
Localisation : Mouans Sartoux, France
Année : 2022
La rappeuse originaire des Alpes-Maritimes est de retour, 3 ans plus tard avec son nouvel album. J'avais chroniqué ici-même "Toute Une Histoire ", un grand album de rap français en 2019. Pour ce nouvel opus, elle a joué comme Kamikaze d'Eminem ou Cyborg de Nekfeu. Tout s'est fait en sous-marin ou presque, car pour ma part, je n'avais aucune info avant de voir l'album débarquer. Je ne vais pas autant m'étaler sur le contenu que pour le précédent opus, malgré ses qualités intrinsèques. J'aurais voulu en parler plus tôt mais le temps me manque.
Je ne dispose que de peu d'informations sur cet album. La rappeuse n'a néanmoins pas chaumé depuis son premier album puisqu'elle a collaboré avec beaucoup d'artistes dont Greenfich, Res Turner, Demi Portion, Swift Guad... et d'autres artistes que j'apprécie également. Il faut prendre en compte la crise sanitaire qui a énormément impacté l'évolution du monde, notamment les artistes. L'année 2022 s'annonce plus attrayante à ce niveau-là, nul doute qu'elle défendra son projet au-delà de son territoire d'origine.
Une évolution à tous les niveaux
L'album s'ouvre sur le titre "Fanny vs Polly" où elle se présente sous ses deux identités, une femme et une citoyenne du monde dans la vie de tous les jours. De l'autre côté, la rappeuse qui évolue sous son pseudo qu'on lui connaît tous maintenant. Pour bien différencier la chose, elle a utilisé deux instrus différentes pour cette belle introduction. C'est efficace et original, et qui dit deux instrus, dit deux flows, on ne peut espérer mieux en entrée en matière.
Le premier morceau qui m'a vraiment fait tilter c'est "Ah Ouais" en featuring avec Skyna. D'autant plus que je connais personnellement cette dernière, car on avait été amené à travailler ensemble. Elle est originaire de Grasse (Alpes-Maritimes) et elle n'a rien perdu de son talent. Véritable collaboration entre elles, on sent une alchimie et une réelle volonté d'offrir de la musique de qualité. La production de Lazonebeatz est de toute beauté.
Vous connaissez surement la légende du petit colibri, cependant il est toujours bon de la réécouter...
La légende raconte qu’un jour, au fond de la forêt amazonienne, un incendie s’est déclaré. Les animaux de la forêt étaient tétanisés par le spectacle, incapables de faire quoi que ce soit devant ce feu qui ravageait leur habitat.
Seul le colibri, prenant quelques gouttes d’eau de la rivière dans son petit bec, s’envolait ensuite pour les verser sur les flammes.
Il multipliait ainsi les allers retours autant qu’il le pouvait.
Les autres animaux assistant à la scène, au départ muets, se mettent à se moquer de lui : « Tu n’es pas ridicule ?! Tu crois qu’avec ces quelques gouttes d’eau tu vas éteindre le feu ?! »
Le colibri, continuant sa manœuvre leur répond : « Je fais ma part ».
On comprend donc aisément que les textes feront un constat du monde et plus particulièrement la planète Terre. Fanny excelle vraiment sur un point technique, comme je l'ai déjà évoqué mais également dans la diversité de ses sujets. Faire du remplissage, on sait faire, apporter des sujets d'actualité dans des discussions ou à travers un punchline, c'est faisable aussi. Qu'en est-il quand il faut traiter le sujet sur un morceau entier en donnant du rythme tout en captivant l'auditeur ? C'est notamment plus compliqué quand le flow revêt des ailes de chant pour accompagner la mélodie. On y retrouve Mon Père dans ce morceau qui ne rappe pas mais nous donne à écouter. Réussite totale.
Toujours en restant dans les thèmes qui ont fait du bruit ces derniers temps, elle propose le titre "Me Too". Pour rappel, je cite Wikipédia "Le mouvement #MeToo est un mouvement social encourageant la prise de parole des femmes, afin de faire savoir que le viol et les agressions sexuelles sont plus courants que ce qui est souvent supposé, et afin de permettre aux victimes de s'exprimer sur le sujet. Il a débuté en 2007 et est particulièrement connu depuis octobre 2017 à la suite de l'affaire Weinstein."
Et elle fait bien de le faire car en vrai, trop peu en parlent (quelques morceaux de rap), c'est pourtant un sujet important. C'est un morceau qui devrait faire parler de lui, au moins pour son fond. D'ailleurs le morceau "Toujours plus" va un peu dans ce sens. Accompagnée du rappeur Hermano Salvatore, elle évoque les relations hommes / femmes et les couples d'une façon générale. Enfin, pas seulement, le Sud est aussi mis à l'honneur. Je souligne également l'excellent "Kess Tu Croyais" avec Tupan où les rappeuses sont à l'honneur. Ness collabore également avec eux, c'est composé par Marion Napoli, avec qui elle a déjà collaboré. De nouveau, cette dernière montre sa grande maitrise du piano.
"Danser Yeux", "Soleil Plein" et "Je M'en Irai" constitue également des sérénades de choix. Il est évident que beaucoup de femmes dans leur plénitude vont se sentir plus concernés par cet album. Et à juste titre car elles représentent quelque chose dans le paysage musical féminin. Elle atteint d'autres sommets et sa musique n'est pas catégorique mais plutôt universelle. Elle peut allier technique et sens dans ses propos, diversité musicale et ambiances nouvelles. Le carton est plein, beaucoup de musiques sortent du lot et marquent une nette évolution comparée à son premier album. C'est plus musical et mieux construit à mon sens, on ne peut qu'encourager la prise de risque qui est toujours récompensée. Ce deuxième album finira de conquérir les plus sceptiques et d'installer son drapeau dans l'underground français.
Mention spéciale à tous les producteurs de l'album : Marion Napoli, New Tones, Greenfinch, Cirozsport, El Gaouli, Lionel Soulchildren, Dimitri Toloton, DJ Idem, Eyjo beats, Denis Filosa, Martin Brunet et Chloé Grupallo
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