Tech N9ne - Entre le bien et le mal, ange ou démon ? [Partie 1]


 

Tech N9ne

Localisation : Kansas City, Missouri

Label : Strange Music Records



Les origines et ses débuts 

 

En présentant le label Strange Music Records j'ai planté le décor, maintenant on va explorer les coulisses et plonger dans les esprits tourmentés de ses artistes. On va rapidement rentrer dans le vif du sujet, d'autant plus, que cela risque d’être long tant il y a dit, avec une trentaine de projets de qualité, ce n'est pas facile.

 

Les origines de son nom sont simples, Tec-9 arme semi-automatique suédoise de calibre 9 × 19 mm, elle est bon marché, peu couteuse à la production. Facile à prendre en main, elle est très répandue parmi les cartels et les gangs car facile à camoufler, transporter et rapide (une main pour tirer). Elle a subi de nombreuses critiques et "censures" à travers son histoire aux U.S.A, elle est tout bonnement interdite dans certains états (a quand les autres armes ?). Nous ne sommes pas dans Lord Of War non plus sur mon blog. Donc vous l'aurez compris son nom s'inspire de cette arme, pour sa cadence de tir, son adaptation et sa technique. Tech pour technique et le chiffre "9" représente l'accomplissement final, il ouvre les consciences, il est universel, l'amour et le positif... Donc grande signification.

 

Il est né à Kansas City dans le Missouri, il a une enfance assez rude et il est marqué par beaucoup de choses. Dès le début, il est attiré par le côté paranormal, étrange, surnaturel et cherche à surplomber les frontières. Il a également fait partie d'un gang, il n'est pas connu ou condamné pour des actes lié à celui-ci. Notons que deux types de San Diego (Californie) sont venus s'installer dans son quartier, ce sont des Bloods, ils ont noué un lien et une amitié. Ils ont ensuite crée le groupe 57th Street Rogue Dog Villians composé de Txx Will, Big Scoob, Tech N9ne et Short Nitty. Le dernier membre est parti ensuite en prison pour viols. Le groupe a connu un peu de succès dans l'underground mais rien de bien notable. Le groupe se dissout assez rapidement et Tech n'est pas tout le temps présent sur les projets. Néanmoins, ils feront souvent des collaborations entre membres. Pour finir sur les gangs, il participera également à la bande originale de "Gang Related" (Flics sans scrupules) en 1997. Ce sera sa première apparition sur la scène nationale, aux côtés de Daz Dillinger, Nate Dogg, Outlawz, 2Pac, Kurupt, Snoop Dogg, Ice Cube... En effet, étonnant de le retrouver ici.


En 1993, il enregistre un morceau avec 2Pac : Thugs Get Lonely Too. Version oubliée du grand public puisque c'est en 2004 que sort un morceau du même nom sur l'album posthume "Loyal To The Game". C'est Eminem qui se chargera de la production pour la légende du rap américain, c'est Nate Dogg qui remplacera Tech N9ne. Assez incroyable comme collaboration pour un mec avec un style décalé et qui est posté au fin fond du Midwest. La collaboration qui est encore plus folle c'est celle qui a lieu en 1999 sur le légendaire "The Anthem" de  Sway & King Tech avec dans l'ordre d'apparition : RZA, Tech N9ne, Eminem, Xzibit, Pharoahe Monch, Kool G Rap, Jayo Felony, Chino XL et KRS-One. Sans surprise, il n'y a pas de refrain, juste des couplets qui se succèdent, un clip vidéo ou chaque artiste est dans son univers, il n'y a aucun lien entre les artistes et on le sent. La production est assez capricieuse, c'est un morceau de gala, historique, rien de plus. 

 

 


Les premiers albums et premiers succès


Les collaborations et les potes c'est bien, mais il a faim de succès à une autre échelle, une bien plus grande échelle. Il est signé sur Midwestside Records, en 1996 il sort son premier single : Cloudy-Eyed Stroll / Mitch Bade. Le premier son parle de fumette et ce qu'il a pu faire sous son effet avec ses potes, le second son signifie en fait "Bitch Made", ici il s'en prend à des gens qui ne considèrent pas. Son crew originel l'accompagne sur ce projet. Ce sont d'excellents sont surtout le second. En 1997, c'est le single Soul Searchin / Big Bad Wolf produit par King Tech & Dj Revolution.

 

Arrive enfin son album "The Calm Before The Storm" en 1999, il est correct mais loin de ce que l'on peut espérer de lui. Mais pas de panique, il est encore jeune dans le milieu, il n'est pas entouré de grands noms et il peaufine encore son style. Il remet les couverts l'année suivante pour sortir "The Worst".

 

En 2001, il ressortira l'album sous un autre nom : The Worst : 2K Edition. Il va supprimer ses morceaux : "Why? Tech N9ne”, “Mad Confusion” et “They’re All Gonna Laugh At You”  pour les remplacer par “Let’s Get It Started”, “Young Hooligans” et "Strange". Concrètement, tout n'est pas mauvais dans ces projets mais le mec se cherche clairement, entre gangsta rap, des influences West Coast, des pensées irréels et des idées à n'en plus finir... Il se démarque par sa technique et son talent qu'il a du mal à maitriser pleinement, il s'en sert mais les beats ne le mettent pas en avant et il passe assez inaperçu. 


Le dernier projet qu'il sortira sur ce label est la compilation "Celcius" durant l'année 2002. Elle contient des morceaux de l'artiste mais aussi des morceaux où il n'apparaît pas du tout. Ce qui est étonnant, c'est qu'il était officiellement toujours sur ce label mais il a enregistré deux albums entre temps sous d'autres labels ! C'est une compilation qui ne restera carrément pas dans les annales hormis le très bon "Call Girlz". La suite est bien plus passionnante.

 

 


Anghellic et Absolute Power - Les classiques


En 2001 sort enfin un album à la hauteur pour cet être humain unique en son genre. L'album "Anghellic" est un mélange du mot "Angelic" et "Hell", angélique et enfer en somme. Car c'est bien ces deux phases qui vont définir le rappeur à partir de cet instant. Il impose enfin et presque définitivement son style. A sa sortie, il atteindra la place 59 billboard 200. En 2003, il rééditera l'album sur son propre label Stange Music Records, il le nommera "Anghellic : Reparation". La différence entre les deux se fait à deux niveaux, l'ajout de "Devil Boy”,“Breathe”, et “F.T.I.” qui viennent remplacer "Here I Come”,“P.R. 2K1” et “This Life Anghellic". L'autre différence est que la playlist est revue et les morceaux ne sont pas dans le même ordre.



En 2009 le magazine américain Fangoria spécialisé dans les films d'horreur dira de l'album qu'il est un iconique album d'horreur. C'est aussi via cet album que naît la collaboration avec Krizz Kaliko, ils ne se quittent plus depuis. La légende veut que Krizz ait dit à Tech N9ne à propos du morceau "Who You Came To See" qu'il peut assurer un meilleur refrain que lui... pari gagné. Vrai ou pas, la seule chose qui est sure, c'est que Karliko n'a pas de rival dans ce domaine. C'est un album concept car il est tourmenté entre le bien et le ma, le paradis et l'enfer, l'introduction "Hellvator" nous explique qu'on est en enfer et ce durant 8 morceaux, ensuite on passera du coté "paradis". Ce genre de concept où il divise l'album en section se retrouvera dans de futurs projets que nous verrons ensemble.

 

 

On a longtemps pensé qu'il était diabolique et que c'était un adorateur du diable, moi aussi je m'y suis perdu à plusieurs reprises. Mais il est bien contre le mal malgré ce qui peut laisser entrevoir, il est très religieux et proche de Dieu. C'est de cet album que naît la trilogie musicale de "Psycho Bitch" qui décrit une psychopathe prête à tuer toutes les femmes qui tournent autour de Tech car elle pense qu'il la trompe. Le sample est très connu puisqu'il est tiré du film d'horreur "Halloween", ce piano rapide et traumatisant que les rappeurs ont un peu trop poncé. Le morceau "Cursed" est une autobiographie très détaillée : Il est né en 1971, en 72 il marche, à 5 ans il commence à approcher les filles, à 12 ans, il fait connaissance avec les plaisirs de la chair. En 1985, il rencontre la "bitch" (le rap ici) et il a seulement 14 ans. Il parle de sa rencontre avec 2 Pac en 1993 dans un hall à Los Angeles en regardant une strip-teaseuse et ce qui a suivi entre les deux légendes.



J'apprends également que la version de "Thugs Get Lonely Too" avec 2 Pac n'est qu'un mix de Quincy Jones III, Sway & Tech ont fait un album posthume pour Pac et ont demandé que Tech soit dedans. Ce qui explique pourquoi la version du morceau ne contient pas le rappeur du Kansas et que son couplet a déjà était rappé. Il est très proche des rappeurs de la côte ouest, il fera d'ailleurs partie du collectif "The Regime" avec entre autres Poppa LQ, Dizzle Don, Tha Realest, Gonzoe, Pretty Black... et bien sûr Yukmouth (Luniz) qui a longtemps porté le projet et le collectif. Le morceau "Suicidal Letters" est aussi très marquant car il parle avec son for intérieur et se livre tristement.

 

La seconde partie de l'album arrive avec l'interlude "Puragatory", c'est aussi la plus intéressante. Le premier single de l'album arrive, il est également l'un de ses meilleurs morceaux, la technique utilisée est incroyable. En effet, dans "It's Alive", il remplit toutes les missions, il montre l'étendue de ses talents, il contrôle son souffle comme s'il était une machine. Un simple bouton suffit pour accélérer son débit, le ralentir, chanter, le morceau change à tout moment, il s'adapte parfaitement au rythme, il élève brusquement sa voix pour coller à l'énergie du son. Il use des effets qu'offrent les logiciels audio pour amplifier sa voix, rapper à l'envers, des backs en décaler, des pistes d'ambiances, du chant, du rap, tout y est. La performance à elle seule est incroyable ! S'il faut se baser sur l'un dès ses couplets pour résumer :


"Your flows come in, your flows go out

My flows eternally comin' out your mouth"

 

 

Le morceau est une sorte d'ego trip et une mise en avant en continu de sa ville. Il en remettra une couche avec le caractéristique morceau "Einstein". C'est un son dédié à la scène, il faut d'ailleurs voir les lives qui sont impressionnants, il bouge avec le son, toute une mise en scène mais le rythme veut cela ! Que dire quand lui et ses gars sont habillés de la même couleur, exécute-les même pas et rappent sur le même tempo ? Folie ! Ce morceau est juste fou, toute la conception est dingue, il laisse tout le monde à terre. Einstein qui est un génie est donc comparé à Tech N9ne, touche de folie en plus peut-être. 


Dans le morceau "This Ring" qui restera l'une des plus réussites de sa carrière, il parle de mariage, célébrité, famille, musique... Il commene par le discours officiel du prêtre pour une demande de mariage. Tout le long du morceau, on entend "This Ring" (cette bague / cet anneau) avec une sorte de reverbe et le rappeur semble répondre à cela. Il raconte comment son mariage l'a aidé à maintenir une vie de famille et à ne pas être affilié à des gangs. Tech faisait autrefois partie des Bloods et les représente lors de concerts (à l'époque de cet album). Quand Tech est devenu célèbre, il a dû sacrifier le temps avec sa famille pour faire des spectacles et partir en tournée. C'était un défi pour lui et cela l'a fait souffrir d’être loin de ses proches. Encore un autre avantage et un autre obstacle à être célèbre. Il attire l'attention, mais cela peut interférer avec d'autres relations. Être un homme marié donne envie aux filles mal intentionnées de prouver qu'elles peuvent rendre Tech infidèle. Étant marié à ses fans et à la route, il est toujours dans des situations tentantes où les femmes le veulent.

 

L'alliance était la meilleure défense pour les hommes qui avaient besoin d'arrêter d'avoir autant de relations avec plusieurs femmes. Cela les confierait à une seule femme, protégerait et empêcherait les autres filles d'être blessé. Être marié lui a inculqué un sens des responsabilités, et lui a donné envie d'être l'homme de sa famille, il désire aussi être là pour ses enfants: Reign et Aliyah. Ses deux filles sont en vedette sur une chanson avec lui et elles rappent un couplet entier. La femme de Tech lui disait toujours de passer du temps avec sa famille, mais il pensait que son argent suffirait à leur plaire, jusqu'à ce qu'elle signe le divorce et prennent la moitié de ses affaires et ses enfants. Tout cela parce qu'il devait se concentrer sur son rap.

 

"But if silence is golden, then me making noise is platinum"

Le morceau est totalement bluffant, il use de plusieurs techniques au micro. C'est un morceau qu'il joue régulièrement sur scène, tout un jeu de théâtre derrière. Il commence sur une chaise, monte en puissance petit à petit et joue avec le morceau, assez fou.

 

L'album contient son lot de bijoux dont : "Going Bad" & "God Complex" jusqu’à l'interlude "Heaven", troisième et dernière partie de l'album. Elle ne contient qu'un morceau, la raison est le regretté Roger Troutman. Ce musicien légendaire qui est connu pour le refrain de "California Love" de 2 Pac & Dr. Dre, est le fondateur du groupe Zapp. Connu pour avoir introduit le talk-box dans la scène musicale, il a énormément influencé les rappeurs et en partie la G-Funk. Il est trouvé mort dans son studio d'enregistrement en 1999. Tech N9ne a pu enregistrer avec lui de son vivant, maintenant qu'il est mort, il le voit au paradis, d'où la raison pour laquelle, seul ce son se trouve au "paradis". C'est aussi pour signifier que la vie du rappeur n'a que très peu de coté paradisiaque. Sur ce morceau se conclut cet excellent album.

 



Absolute Power


L'album le plus complet de l'artiste, on tient le classique, la pierre angulaire. C'est avec celui-ci que je l'ai découvert, je trainais sur un forum hip-hop, un message d'un gars qui disait écouter en ce moment même cet album. Je débutais dans le rap us, je n'avais pas grand-chose à écouter, j'avais du temps et Kazaa... Cela change tout. Je lance la recherche de l'album et je tombe sur le mythique "I'm A. Playa" et là c'est l’extase. Je me surprends à aimer l'album de ce rappeur énigmatique qui semble glorifier le mal et le diable (? !), avec une coupe encore plus emblématique Chris Tucker dans le 5ème élément. Le rappeur a le dos tourné au public près à bondir sur lui, habillé en rouge, teint ses cheveux de la même couleur (référence aux bloods), sombre... voilà pour la pochette. 

 

L'introduction est simple, c'est une interview. Il explique une bonne fois pour toutes qu'il ne glorifie pas le diable, son album "Anghellic" est clair : "La couverture d'Anghellic en tant qu'ange avec "Libérez-moi" sur mes bras, demandant de l'aide en tant qu'ange homme, pas en tant que démon !". Et concernant l'album, il va approfondir les thèmes, pousser le bouchon plus loin que le précédent et crier haut et fort (de nouveau) à l'industrie qu'il se débrouillera avec ou sans son aide. 

 

Le morceau qui suit est d'ailleurs clair à ce sujet puisqu'il le nommera "The Industry Is Punk". Il s'en prend à ce qui critique son look, son rap non conventionnel est ce qu'il en suit. Tech N9ne a été critiqué pour avoir trop attiré le public blanc et ne pas rapper sur la "vie de Gangsta". Il prétend que vous n’avez pas à rapper uniquement sur le crime et à fuir les flics pour être un vrai rappeur. Son style original de rap n'est pas considéré à sa juste valeur simplement parce qu'il est unique. Ainsi, au lieu de choisir de bons rappeurs comme Tech, l'industrie signe des rappeurs qui se ressemblent tous et font des pop singles. Pour cette raison, Tech a créé son propre label, Strange Music. Krizz Kaliko assure le refrain.

 

La première claque de l'album intervient avec "Imma Tell". Il sample "Mambo Italiano" de Rosemary Clooney et notamment le refrain : "Mama say you stop-a ou I'm gonna tell your papa". C'est un morceau assez parlant pour l'artiste car il appuie clairement sur ses points forts, son flow en particulier. Le beat se compose d'une partie avec un BPM assez classique ou le rappeur place une phrase à un débit classique. S'ensuit une accélération du rythme où il rappe très vite, ce qui donne un effet yoyo et une sensation de maitrise et de folie rarement vu. Le concept est bluffant quand on ne connaît pas l'artiste. Tech N9ne a l'image d'autres rappeurs possédés des alter-egos, 3 pour lui, The Clown, The King, and The G. Le premier est pour le côté fête, filles, drogues, alcool... Le second, comme l'indique un album est pour "King Of Darkness" donc tout le côté sombre, mélancolique, personnel... et enfin le "G" pour gangster. Dans ce single, c'est clairement le premier ego qui est utilisé.

 

 


"Slacker" (feignant, paresseux) a été l’une des premières chansons de Tech N9ne qui lui a attiré l’attention; elle est généralement considérée comme la chanson "classique" de Tech dans la mesure où beaucoup de gens la connaissent bien qu'elle date de 2002, par opposition à 2006, lorsque Tech était plus connue du public. C'était également la première chanson de Tech N9ne a avoir un clip vidéo qui lui a valu une certaine attention en passant à la télévision.

 

Dans la chanson, Tech rappe (le plus souvent de manière sarcastique) à propos de ceux qui sont considérés comme des "slackers" par la population en général. Il tolère à moitié, condamne à moitié le style de vie typique des "paresseux"; Dès le départ, il lit la définition, se moquant de ce qui est considéré comme un "slacker", mais dit ensuite que la vie consiste simplement à s'amuser. Il rappe au sujet des personnes paresseuses qui ont toujours des excuses pour expliquer pourquoi elles n'ont pas de travail, mais aussi des rappeurs d'un point de vue à la première personne qui semble parfois un peu trop similaire à Tech lui-même. Tech N9ne pense que la vie ne devrait pas être gaspillée, mais pense également que les "slackers" sont injustement attaqués pour leur mode de vie. 

 

La chanson entière pourrait être interprétée de plusieurs manières, d'aussi plus qu'elle pourrait être considérée comme du rap sur les paresseux et leurs traits, ou Tech pourrait rapper sarcastiquement sur la façon dont les gens le voient. D'ailleurs le clip met en scène et illustre bien ce qu'il dit.

 

 

 

"Keep On Keepin' On (Ft. Krizz Kaliko)", de nouveau il laisse le refrain à son compère, grande réussite. Il appuie encore où ça fait mal et il a bien raison d'insister sur le fait qu'un jour il réussira à s'imposer dans le son. Le morceau "Gunz Will Bust" et son refrain jamaïcain s'inscrit parfaitement dans l'album, ce qui permet également de faire poser Skatterman & Snug Brim, à cette époque, on les appelait Young Gunz

 

Tech utilise à l'image de Wu-Tang ou E-40 un argot qui lui est propre, les termes "Bianca" et "Beatrice" reviennent souvent chez lui. En d'autres termes, c'est des "bitch", des groupies qui lui proposent du sexe car il rappe, il a de l'argent et il leur assurera un voyage stellaire. Chaque fois qu'l utilisera ces termes c'est pour se référer à ce genre de fille. Pour être plus clair, il a fait rapper son pote Kutt Calhoun qui vient de rejoindre le label et ont rappé le son "Bianca's and Beatrice's". Il s'excuse à la fin pour les filles qui portent officiellement ce prénom.

 

Parlons du morceau "Trapped in a Psycho’s Body ". Dans cette chanson, Tech se décrit comme étant habité par deux entités - il y a le "Psycho", qui vit de sexe, de drogue et de violence, il est piégé à l'intérieur et le "vrai" Tech, qui doit nettoyer les dégâts du Psycho. Tout au long de la chanson, les deux côtés rappent à tour de rôle, représentés par différents effets sur la voix de Tech ; cependant, au fur et à mesure que le morceau tourne, le Psycho prend le dessus de plus en plus. Vous pouvez entendre à quel point Tech veut vraiment rester bon et protéger les autres de son côté clown tueur, mais trop de gens aiment cette partie de lui et sa musique, ce qu'il fait que c'est extrêmement difficile de renoncer à cela.

 

Il dit aux gens (principalement des femmes) de ne pas rouler avec lui parce que cela vous mènera à la douleur et peut-être même à plus douloureux, car vous pourriez développer une toxicomanie. C'est le clown (psycho) qui est en lui qui le guide. Tout au long de sa carrière, il prétend souvent être en mesure de convaincre les lesbiennes d'avoir des relations sexuelles avec lui. Ici, cependant, l’affirmation n’est pas utilisée pour se vanter - elle constitue l’une des plaintes de Tech à propos du "psychopathe" contrôlant son corps. Ceci est probablement dû au fait que, comme les lignes suivantes, le refus du psychopathe d’utiliser un préservatif rend Tech vulnérable aux maladies sexuellement transmissibles.

 

 

 

Laticia Naylor est morte peu de temps après avoir enregistré le refrain, le morceau sample "Love to Love You Baby" de Donna Summer. Elle est très religieuse et n'aurait pas autorisé un tel refrain inspiré de sa propre musique. Le refrain est donc joué à l'envers et de façon incompréhensible dans la version de l'album. La version originelle finira sur "Vintage Tech" en 2005. S'ensuit le très étrange "T9X" où il utilise un effet sur sa voix tout le long du morceau car il est défoncé dans le morceau. Il a raconté dans une interview qu'une stripteaseuse lui a donné un cachet d’ecstasy et depuis il kif la drogue. Dans l'introduction, il parle avec une fille qui lui propose de la drogue, il la prend et tout le long il parle de ses effets. En tout cas le pari de l'expérience sonore est très réussi, qu'on adhère ou pas au morceau.

 

Il semble vraiment kifer les effets car il enchaine avec "She Devil" encore une fois, une femme lui permet d'atteindre le cosmos psychique et de disparaitre mentalement de la terre. La grosse différence c'est que le groupe D12 rappe avec lui. Eminem n'est pas sur le morceau mais il faut noter que c'est la première fois que le groupe se retrouve à rapper en dehors de leur cercle habituel. Le très regretté Proof qui pose le dernier couplet assuré comme à son habitude. Très bon morceau.

 

On change de registre puisque le morceau "Worst Enemy" qui semble s'adresser (comme cela a était fait tel ou tel et maintes fois) à un pote qui l'a planté dans le dos, n'en est rien. Il parle de son pénis, assez étonnant mais il lui en veut tout le long du morceau. Le morceau est très sérieux, il lui en veut car il chasse les femmes pour lui, il a perdu la sienne, il a perdu pas mal de choses par rapport à son pote et pourtant sans lui, il ne s'éclaterait pas... assez hilarant et bien joué car la révélation n'arrive qu'à la fin.

À noter qu'à partir où il parle de drogues et de filles dans l'album, cela constituera une partie avant un interlude pour revenir au programme initial. Et arrive le morceau éponyme de l'album. Il introduit le son ainsi :

"J’ai parcouru de nombreuses routes et vu beaucoup de choses à la recherche de fortune et de gloire. Tous mes rêves sont morts peu importés à quel point j'ai essayé, il ne reste plus que le malheur. Alors maintenant, je m'assois avec ce stylo à la main, impatient de produire et de jouer. En attendant de régner avec un pouvoir absolu. J'adore ces petits moments calmes avant la tempête."  - Tech N9ne

 

Son flow vient tout démonter ensuite alternant chant, rap, rimes doublées, appuyées... Il attaque très fort le couplet, l'une dès ses meilleures performances en matière d'entrée de couplet. Son flow et ses paroles sont crus, il croit que Dieu l'a mis à l'épreuve pour qu'il puisse briller tout seul, il n'a qu'une seule option - réussir. Il y a trop de grandes maisons de disque et de rappeurs à succès pour qu'il puisse sortir autre chose que du génie - un but qu'il suit toujours, d'où son succès. Il va se battre pour sa musique.

 

 


"Yada, Yada, Yada" sont un morceau destiné à l'ancien ami et partenaire professionnel de Tech, Don Juan (qui avait produit les trois albums de Tech N9ne avant Absolute Power). Durant l'album il parle de JCOR Entertainment (son ancien label, qui avait depuis été dissous en raison de problèmes financiers) mais ce n'est que sur ce morceau (placé en 18ème sur 20) que Tech, presque avec remords, s'en prend à son ancien partenaire, producteur, DJ et ami proche : Don Juan. Il convient également de noter que, tout au long de la chanson, Tech emprunte des phases d'autres artistes bien connus par moments (par exemple, la première mesure est structurée de manière identique à la première mesure du morceau classique de The Roots - "Proceed"). L'embrouille avec son ancien pote est due à des problèmes d'argent, comme toujours....

 

Tech et son ancien producteur étaient les meilleurs amis du monde du disque, mais en raison d'une rupture, leurs relations ont tourné au vinaigre assez rapidement. "Bitches and hoes" sont utilisés pour désigner des gens qui sont ennuyeux, pleurnichard et stupides et Tech compare Don Juan, son ancien producteur, à eux.

 

"Constantly Dirty" est la 19ème et l'avant-dernière chanson de l'album, elle interprétée par tous les membres de 57th Street Rogue Dog Villains, un groupe de rap basé à Kansas City composé de Big Scoob, Bakarii, Txx Will et Tech N9ne lui-même. Produit par 5150 Mental Productions, cette chanson de six minutes informe les fans que même si la vie pour eux semble amusante, une fois qu'ils sont sortis de la scène, ils sont de retour dans les rues. Le refrain accrocheur n'est que trop explicite et chaque artiste partage ses émotions. Big Scoob est seul, Bakarii s'est engagé dans la meunerie, Txx Will est las de ses proches, et Tech rassure tout le monde que Dieu est le seul qui a fait de Tech ce qu'il est.

 

Le morceau est excellent encore une fois, tout le monde assure plus que ce qu'il faut. Quelle réussite sur un si long projet. On finit l'album avec l'un des meilleurs titres de l'album "I'm A Playa" qui sample "Rock Me Amadeus" de Falco. Le refrain se reconnaît facilement car au lieu de crier "Amadeus", Krizz Kaliko et Tech N9ne scandent "I'm A Playa, i'm a playa !". Quand il dit qu'il mixe rock et hip-hop, ici on en a clairement la preuve. KK ne se contente pas seulement du refrain mais également d'un mini couplet sur une partie importante du morceau et quelle interprétation ! Le morceau à l'époque était révolutionnaire pour son côté original et même dans sa conception. Le rappeur est clair, c'est un mec qui aime les femmes, l'argent, se la raconter, avoir un mode de vie différent de la masse, conduire de belles caisses, briller avec et sans bijoux... un player. Il donne même des conseils si vous voulez coucher avec quelqu'un d'autre que votre femme (ce qu'il fait régulièrement visiblement). Comme il en parle, vous n'apprendrez pas grand-chose je pense, tout est question de logique quelque part. 

 

 

Pour être complet sur l'album, il fut proposé en téléchargement gratuit sur le site du label, étrangement c'est l'album le plus vendu. 358, 000 ventes contre 278, 000 pour Anghellic. Je n'ai plus les chiffres de ses albums à partir de 2016. Si on se base sur les dernières ventes et les différentes façons d'écouter la musique aujourd'hui (streaming, Youtube....), on peut penser qu'on ne dépasse pas ses deux classiques en matière de vente. Et d'un côté, c'est normal car c'est ses meilleurs albums (à voir dans les futurs dossiers).

 

Il faut aussi mentionner que c'est l'un des albums qui possèdent le plus de singles, dont Slacker, Imma Tell, Here Come Tecca Nina et I'm A Playa. Enfin en 2004 il sort le documentaire "T9X: The Tech N9ne Experience" qui parle de sa vie, on le voit en tournée... Chino XL & Jayo Felony (entre autres) apparaissent dedans. Visible maintenant sur le net, à l'époque, c'était une galère pour se le procurer. Il s'est vendu à plus de 13,000 exemplaires. Il couvre bien la période que j'ai décrit notamment le dernier album. Il a toujours été entreprenant et n'a pas attendu que les gens soient prêt pour faire les choses. Ainsi, cela permet vraiment de faire connaissance avec l'artiste, un artiste unique et qui continue de briller. Le premier tour de manège est terminé, restez connecté pour la suite du dossier.

Tech N9ne - Between Heaven & Hell [Bootleg / Compilation]

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