[What Happened ?] Sadistik - Partie 2 [2013 - 2020]


[What Happened ?] 

Sadistik - Partie 2 [2013 - 2020]

Localisation : Seattle, Washington / Los Angeles, Californie

 

Le concept de son troisième album "Ultraviolet" s'est inscrit dans un calendrier ultra-chargé. Il a commencé l'écriture juste après avoir fini son projet "Flowers For My Father" et s'est juré de ne prendre aucun jour de congé tant que l'album n'est pas terminé ! Je cite et traduis son Bandcamp concernant l'album : 

"Ultraviolet est la plongée sans failles du nez de Sadistik dans le subconscient, un portrait en trois dimensions peint dans des teintes de psychose et de psychédélisme. S'appuyant sur ses antécédents en psychologie clinique et ses prédilections cinématographiques, il crée son propre monde richement stratifié et offre à l'auditeur un aperçu passager à travers le trou de la serrure.

Toujours d'après son BC, il a écrit cet album sous drogues. La pochette vient aussi signifier quelque chose. C'est pour moi le début de la descente aux enfers, tant artistiquement qu'humainement (j'ai l'impression).

Du coté des productions, il a beaucoup fait appel à un inconnu : Sxmplelife, il donne cette ambiance chimique et électro. Perso, j'ai du mal à accrocher, il a son style mais cela ne convient pas pour moi. Il produit d'entrée les trois premiers sons de l'album, plus d'autres. Trop à mon gout.

Reste que la musique de Sadistik est profonde, si profonde qu'en fait les gens ne veulent pas entrer en contact avec leurs vraies émotions, alors ils écoutent la radio et oublient ses paroles qui font ressortir une vraie émotion chez tous ceux qui l'écoutent. D'ailleurs la pochette pointe en ce sens, les couleurs représentent des émotions, elles s'associent, se contredisent, sont durs à déchiffrer... représente au final son intérieur. 

Tout ceci est en contradiction avec le monde dans lequel il évolue. Le premier morceau "Cult Leader" le met dans la peau d'un gourou de secte. Les gens l'admirent et sont prêts à tout pour lui. Il a d'ailleurs crée un réseau et une communauté assez particulière sur internet.

Le morceau "1984" fait référence au livre de George Orwell. 

"1984 (Nineteen Eighty-Four) est le plus célèbre roman de George Orwell, publié en 1949.

Il décrit une Grande-Bretagne trente ans après une guerre nucléaire entre l'Est et l'Ouest censée avoir eu lieu dans les années 1950 et où la liberté d'expression n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées, et d’immenses affiches sont placardées dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde » (Big Brother is watching you).

1984 est communément considéré comme une référence du roman d'anticipation, de la dystopie, voire de la science-fiction en général. La principale figure du roman, Big Brother, est devenue une figure métaphorique du régime policier et totalitaire, de la société de la surveillance, ainsi que de la réduction des libertés." - Wikipédia

 


Sadistik établit des parallèles entre lui-même étant un poète qui parle de la société et le personnage de Winston, le héros du livre piégé dans une société totalitaire. L’atmosphère et la météo de sa ville le rendent déprimé et léthargique. D'une certaine manière, Sadistik dit qu'il est difficile d'être unique ou d'être créatif lorsque l'on vient d'une ville aussi sombre. Le temps vous fait vivre comme tout le monde. "mange, chie, puis meurs." Fondamentalement, il accepte involontairement ce nouveau système de société et ne va pas contre lui, mais il ne cédera pas et ne fera pas non plus d'éloges.

Pour un article détaillé sur le morceau "Chemical Burns" avec Eyedea & Lotte Kestner, je vous renvoie ici ==> 

Le morceau "Cubic Zirconia" parle de la façon dont les zircones cubiques (CZ) ressemblent beaucoup à des diamants même si elles sont fausses. C'est une métaphore des gens et de leurs personnalités. C'est un matériau utilisé pour imiter le diamant. Les diamants sont quelque chose de précieux et de spéciaux qui ne sont pour la plupart portés que lors d'occasions spéciales. Si vous devez montrer votre "diamant" apparent à tout le monde pour les convaincre, ce n'est pas vraiment un diamant, n'est-ce pas ?

Être  honnête avec quelqu'un peut provoquer beaucoup de douleur et de tristesse. Parfois, rester ignorant des aspects négatifs de la vie vous laisse dans un état d'esprit plus heureux, aussi délirant que vous puissiez l'être. En tant qu'enfants, nous ignorons tous les dures réalités de la vie, mais à mesure que nous grandissons, nous y sommes de plus en plus exposés. 

Même si son travail est brillant, cela ne changera pas la valeur que les gens lui accordent (jusqu'à ce qu'ils le remarquent réellement) et que les gens comprennent une fois qu'ils ont regardé sous la surface. Cela peut également être considéré comme le fait qu'il ne se vendra jamais à l'industrie, quelle que soit la qualité de son travail, sa valeur personnelle sera toujours la même.

Sadistik n’a pas besoin des critiques positives. Tout ce qu'il a à faire est de continuer à utiliser ses expériences, négatives ou pas, pour faire de la musique. Il voit la beauté de sa musique (tout comme ses fans) et c'est tout ce dont il a besoin pour confirmer qu'il va bien.

On ne peut que souligner la remarque production de Maulskull, un producteur de Denver dans le Colorado. Il est surtout connu pour son travail avec Oldominion et les artistes de la côte nord-ouest pacifique des E.U. Voir infos ici ==> Oldominion : Pacific North West

Le morceau "Orange" est surement le plus réussi. L'orange (tout comme le jaune mais plus associé au violet) est la couleur associée au divertissement, à la frivolité et au divertissement. À cet égard, l'orange est l'exact opposé de sa couleur complémentaire, le bleu, la couleur du calme et du reflet. Il exprime son humeur en étant heureux tout au long de cette chanson en le reliant à la couleur orange, qui est brillante et "joyeuse", il dit aussi que si quelque chose ne va pas dans sa vie, il va répandre sa tristesse / désespoir, qu'il racontera à la couleur violette, qui est sombre et obscure. Retour à la pochette. Child Actor assure aussi un bon refrain, il faut le noter. 

 

 

Les toxicomanes vont souvent dans des endroits indésirables et même dangereux pour faire face à leur prochaine solution. Les animaux agissent instinctivement, ou sans aucune réflexion réelle, sur la raison pour laquelle ils font quelque chose, à part leur appétit qui les y attire. Il fait l'analogie entre les actions d'un toxicomane et les actions d'un animal. Le système limbique d'un toxicomane aux opioïdes est tellement déprimé que leur cognition supérieure est altérée et subjuguée à l'appétit de remplir les récepteurs opioïdes.

Les toxicomanes aux opiacés sont souvent des personnes tristes à la recherche d'une évasion. Chaque solution est un objectif pour échapper à cette tristesse. C'est pourquoi la thérapie la plus efficace pour les toxicomanes en convalescence est pour eux de se fixer de nouveaux objectifs à court et à long terme, qui les aident à gérer la douleur d'une nouvelle manière et à voir leur vie en dehors de l'héroïne / des pilules.

Le chemin de la dépendance à l'héroïne est pavé dans la perte de tout. L'argent, l'estime de soi, les amis, la famille, la santé, etc. Il parle d'œdipe non pas au sens grec classique, mais au sens freudien, de haine d'un parent. Les psychiatres spécialisés dans la désintoxication nous disent que la plupart des personnes dépendantes à l'héroïne ont des problèmes familiaux d'origine auxquels elles ne peuvent pas faire face et se sont donc tournées vers quelque chose qui les engourdirait plutôt que d'y faire face de front.

Construire une prison pour y vivre, c'est exactement ce qu'un drogué fait de sa drogue, il est enchaîné par ce que la drogue exige cela d'eux. Voilà comment l'album se termine en somme. Je relève aussi que tardivement le très bon feat avec Sticky Fingaz & Tech N9ne, Sadistik se montre meilleur qu'eux. Tech ne semble pas vraiment prendre le son au sérieux. Les productions ont plombé l'album, Eric. G qui avait déjà collaboré produit 6 morceaux et Sxmplelife produit 5 sons. Un seul pour Kid Called Computer, c'est fort dommage.


Sadistik & Kno, une collaboration prévisible ? 

Ils se connaissant très bien, Kno a produit un son sur son second album, il pose dans l'excellent "Castle" avec Cunninlynguists et Aesop Rock sur "Strange Journey Volume Three". Plus d'autres collaborations après cet excellent projet entre ces deux génies. Plusieurs choses à dire, Kno j'en ai déjà bien parlé :

- Cunninlynguists, le bijou du sud : 3 albums, 3 classiques [Partie 1]

- Cunninlynguists : Le sud a quelque chose à dire [Partie 2]

Donc inutile de trop s'attarder sur lui, une chose est sure, il est un maitre de la production. Qualifiez son style de n'importe quel adjectif, bien que j'adore son crew, ses prods méritent parfois mieux. Faut se l'avouer, ses prods font souvent la différence et on le voit quand c'est un Eligh ou Slug qui pose, ce n'est pas la même. D'excellents prods, ok, donc même avec un mc qui assure le minimum, ça gère mais les prods du natif d'Atlanta ont rarement fait poser des rappeurs hors normes. Sadistik semble avoir tiré les leçons du précédent projet, bien qu'honorable, il n'est pas aussi bien produit que les précédents et demeure pas à sa portée. 

Il a donc décidé de collaborer avec un producteur qui est plutôt familier avec son univers et qui peut laisser sa créativité atteindre des sommets. Le projet se nomme "Phantom Limbs" qui se traduit par "Membre fantôme". Ce sont surtout les victimes de guerre qui l'utilisent pour désigner un membre du corps qu'ils ont perdu / a était amputé. Mais ce membre est toujours actif et leur fait ressentir de la douleur voir communique encore avec le corps. Mais que veut-ils nous dire via ce projet ? 

 


 

Je vais essayer de le détailler rapidement et clairement sans pour autant en faire une chronique. Il est relativement court, 6 morceaux et un interlude, si cher à Kno. Le premier son est "Darkness". Il commence avec des voix, on dirait un chant d'église. Un synthé bien puissant dans la lignée de son taf et ensuite, le rap fait son entrée. Il parle beaucoup à ses détracteurs, les critiquent l'oublient, on parle d'autres rappeurs et on ne prend pas en considération ses punchlines. Juste les "haineux" parlent de lui, ceux qui ne le comprennent pas en fait. Les yeux des autres ne sont que poison, ils le distillent involontairement parfois mais le jugement est présent.

C'est bien plus profond, le titre signifie "obscurité" et on sait que c'est dans l'obscurité totale que les étoiles brillent le plus. Nous savons également que les mirages se produisent quand la chaleur est très élevé (désert par exemple). Mais le cerveau du rappeur n'est pas assez ensoleillé (optimiste) pour s'attendre à un quelconque mirage. Enfin il conclue avec "Everything is pretty in the dark". 

Donc oui, tout est plus beau dans le noir, et pourquoi ? Parce que vous ne voyez pas l'intégralité de la chose / personne / histoire... Ce qui fait que vous ne voyez que le meilleur et comme le cerveau fait le tri, vous embellissez la chose. L'ignorance et le mensonge rassurent et endorment, c'est la facilité. Tandis que la vérité et la tristesse réveillent, le malheur lui endort. Faites votre choix.

Le projet fut enregistré en une semaine et le clip du single "To Be In Love" réalisé en un jour lors d'un passage du rappeur à Los Angeles. Pour résumer le son, la fille est dans son grenier, le grenier symbolise sa tête où résident des choses qui lui étaient autrefois proches, elle. Donc un morceau d'amour, très bien écrit, bien produit et bon à écouter.

"Hers Forever" est le seul morceau où Kno rappe. Sad' rappe le premier et introduit la chanson en décrivant la nature de sa relation avec une certaine femme. Fidèle à sa forme, la relation est basée sur la douleur auto-infligée. La douleur auto-infligée les a attirés les uns vers les autres en unifiant leurs difficultés pour mieux les combattre. C'est une sorte de serment entre eux. Sadistik décrit comment, avec cette relation, ils travailleront si dur pour rester ensemble jusqu'à ce qu'ils finissent par faire de mauvaises choses pour que cela fonctionne.

 

 

Après l'accouplement, les mantes religieuses sont connues pour manger leur partenaire masculin. C'est ce qu'on appelle le cannibalisme sexuel, la survenue du moment où la femelle mange le mâle après l'accouplement (généralement chez les arachnides et certaines espèces d'insectes). Il n’existe toujours pas d’explication concrète sur le cannibalisme sexuel, mais la plupart des hypothèses associent cet événement à l’agression naturelle de la femme de ne pas vouloir s’accoupler. Sadistik fait une comparaison entre sa relation avec cette fille et la relation d'accouplement de deux mantes religieuses. Alors qu'il espère faire fonctionner la relation avec cette fille, elle profite de lui.

La peur est le plus grand facteur de motivation. La terreur le contrôle par la peur. Il a trop peur de la quitter. Quand il dit qu'il sera là pour elle et pour toujours, cela n'est pas dit avec des connotations positives. Il le dit pour ne pas souffrir. Quant à Kno, son couplet est une métaphore étendue de la peur / anxiété sous la forme d'une femme. Il décrit sa haine de soi en raison de son comportement autodestructeur. Il a commencé à boire pour calmer ses nerfs et chasser ses démons, mais au final, c'est une méthode peu profonde et presque enfantine pour faire face.

Vient alors mon morceau préféré "Daydreams". Étant donné que les cauchemars et les paysages de rêve (une scène onirique et surréaliste) sont tous deux issus de l'esprit, il n'y a peut-être pas beaucoup de frontière entre eux pour Sadistik. Un rêve peut facilement se transformer en cauchemar. Une idée s'en dégage mais je vais citer Charles Bukowski, un écrivain allemand : 


"Boire est une chose émotionnelle. Cela vous éloigne des standards de la vie quotidienne, du fait que tout est pareil. Il vous arrache de votre corps et de votre esprit et vous jette contre le mur. J'ai le sentiment que la consommation d'alcool est une forme de suicide où vous avez le droit de reprendre vie et de recommencer le lendemain. C’est comme se suicider, puis vous renaîtrez. Je suppose que j’ai vécu environ dix ou quinze mille vies maintenant." 

 

JMSN assure un refrain de qualité, classique. La prod de Kno est de nouveau superbe, ces cordes qui se bousculent, une rythmique pas conventionnelle, sample de voix et chants venus du monde des rêves... Intouchable.

Unaware est un morceau assez inattendu en vrai, car il tranche d'une part avec ce qui s'est fait dans le projet. Et il tranche aussi avec ce que fait Sadistik d'une façon générale. Il a initié ici un posse cut, c'est-à-dire qu'il a invité 3 rappeurs à kické. Pas de refrain, le but est de poser le meilleur couplet possible. Il pose comme à son habitude d'une façon toujours prenante et intéressante. Metasota pose en second, grand inconnu pour moi, je découvre donc ce mec de Houston (Texas). Intéressant. Sheisty Khrist pose en troisième, lui c'est un proche des Cunninlynguists, donc pas étonnant. Ce n'est pas le plus intéressant. Enfin, le meilleur pour la fin : Chino XL. Punchline sur punchline, il clôture parfaitement ce massacre en achevant les dernières victimes. Il dispose du couplet le plus long, faut dire qu'il se contente rarement d'un 16 mesure. Bien que Kno ne pose pas, le sample du refrain peut être vu comme sa contribution vocale. 

Enfin le projet se conclut avec le morceau "In Heaven" où Sadistik dit en gros que le paradis, c'est trouver un moyen de se mettre bien (sexe, drogues...). Tout ce qui peut lui faire oublier ce monde et le transporter dans un lieu inatteignable au naturel. 

 

 

Salo Sessions

Le début de la fin pour moi, rien que la pochette est assez écœurante. Il dit qu'il s'est inspiré d'un film "Salo"(1976, réalisé par Paolo Pasolini), lui-même tiré d'un livre. Je passerai les détails... Il continue avec des producteurs déjà cités (Kid Called Computer, Sxmplelife, Eric G) et des nouveaux. L'ambiance est assez malsaine et alternative, c'est très particulier. Il fait allusion au cycle du jour et de la nuit en disant que, comme un monstre, il erre et fréquente la nuit plus que le jour. Cela fait allusion à son insomnie ou à son intérêt pour des thèmes plus sombres.

 

"They didn’t notice me when I acted balanced

They didn’t notice when my dying was an art

They didn’t notice me when I planted flowers"

 

De nombreux artistes grand public ne se soucient que de l’argent plutôt que de la qualité et du pur contenu de leur musique, mais les gens les écoute toujours. Bien qu'il ne veuille jamais faire du rap commercial ou se faire de l'argent facilement via sa musique, il n'est pas satisfait. En cause, il commence à réaliser qu'il est également coupable de marcher aveuglément dans la société pour s'intégrer. On se rend compte que plus il avance dans sa vie, plus il critique la société et s'ouvre sur d'autres thèmes. La société nous a convaincus que nous devons gagner le maximum d'argent pour être heureux ou pour posséder le plus d'objets possible.

Probablement basé sur la conviction que les biens matériels n'apporteront jamais le vrai bonheur car vous en voudrez toujours plus, l'argent, les filles, les voitures, les vêtements... Vous ne serez jamais comblé. Soyez heureux par vous-même, trouvez l'amour, que vous vous sentez épanoui. On a tous quelque chose qui se raconte, à raconter et à offrir, faut juste l'avoir en mémoire. Le projet n'est pas si dégueu dans le fond, après ré-écoute, c'est plutôt sympa. Ses prestations sont toujours au niveau, ses jeux de mots sortent de l'ordinaire. Les feats : Mr. Muthafuckin' eXquire, Nacho Picasso et Nemo Achida.

 

 

"Altars", quatrième LP, contre le système et les religions (surtout)

Ici il pousse encore plus loin son côté sombre et sa critique contre la société et la religion. Il bosse dessus depuis 2014, il fait appel à des instruments live dont de la guitare. Si vous êtes prêt à obéir à la religion et à toutes ses restrictions, vous n’aurez aucune chance de connaître de nombreux aspects de la vie, car ils sont interdits à l’église. La religion est également aveuglante, ils aiment manipuler et garder beaucoup de choses secrètes derrière les gens pour ne pas penser par eux-mêmes et peut-être se rendre compte que tout est mensonge. Si vous doutiez encore de ses convictions religieuses, vous voilà servi. 

Je suis un dieu parce que tous les dieux ne sont rien, ce qui est exactement ce que je suis. C’est essentiellement la thèse de la chanson. Cette ligne pourrait le définir si on écoute "God Complex". Je précise que ses fans l'ont aussi critiqué concernant son changement de style, moins poétique, plus sombre, moins musical, plus cru... Il dira dans une interview qu'il a évolué, il écrit de la poésie depuis ses 12 ans, depuis 2014 environ, il est vraiment devenu professionnel. 

Il se critique souvent bien qu'il se sait très intelligent, créatif et qu'il est très fort musicalement. Il reconnaît clairement être "un monstre" mais il assume, contrairement aux gens qui se cachent derrière un masque. Sadistik dit peut-être que nous sommes tous des êtres imparfaits et que nous commettons tous de mauvaises actions, ce qui nous amène en enfer. Il critique les religions qui sont très strictes avec leurs règles. Briser une règle est pratiquement inévitable dans beaucoup de ces religions, alors Sadistik pourrait dire que si la religion est vraie, tout le monde ira en enfer.

 

 

Sadistik dit que nous avons vendu nos âmes à la conformité de la religion pour éviter le concept de l'enfer, mais cela crée une vue obstructive ou biaisée parce que la religion ne nous permet pas de penser par nous-mêmes et de rechercher nos propres vérités. Il ne parle pas que de religion... L'espoir à lui seul n’arrêtera pas les flammes dans les pays déchirés par la guerre, et que nous, en tant que peuples, devons être proactifs et pas seulement espérer que cela cessera. Nous simulons notre empathie envers la guerre et les moins fortunés afin de ne pas faire face à la réalisation que nous, en tant que société, avons perdu notre humanité.

Toutes les activités effectuées dans le miroir se font généralement avant que l'on ne sort et ne se montre. Le miroir est sale parce que nous devrions nous concentrer davantage sur l'aide aux autres qui sont moins chanceux et se trouvent dans des circonstances qu'ils ne peuvent pas contrôler plutôt que de consacrer tant d'efforts à notre apparence avant de sortir.

Sadistik donne parfois l'image de quelqu'un qui souffre de schizophrénie, ce qui pourrait impliquer qu'il le fait, mais peut-être que cela pourrait simplement être une image qu'il a de lui-même. Quoi qu'il en soit, il déclare qu'il voit dans son esprit des images de son échec. Il donne alors l'image de lui voyant des insectes résidant en lui. Il dit que dans sa vie, il prend beaucoup de médicaments pour l’empêcher de ressentir des nausées. Il se sent malade dans sa vie, ce qui le pousse à essayer de "chanter" ou de s'exprimer, mais ses cris d'appel sont un peu difficiles à entendre pour les autres ou à comprendre.

 

 

Il dit qu'il faut vous débarrasser de toute croyance en des dieux qui sont créés par des religions créées par l'homme, en leur sacrifiant votre vie, car ils ne vous rendront pas la pareille en vous aidant dans vos moments difficiles.Votre vie dépend de vos propres actes, tandis que de nombreuses personnes religieuses prient Dieu en attendant que quelque chose se passe au lieu de prendre des mesures pour elles-mêmes.

En 2018, il sortira "Salo Sessions II", il est assez court, les producteurs ont de nouveau tous été renouvelés. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'ils ont fait du bon taf. Deacon The Vilain pose un refrain dans l'album et cela fait du bien. Je ferai juste une parenthèse sur "Heaven's Gate Away Team" qui est l'un des meilleurs morceaux. Le morceau parle de la secte "Heaven's Gate" et Wikipédia en parle très bien ! 

"Heaven's Gate est un nouveau mouvement religieux ufologique sectaire cofondé par Marshall Applewhite et Bonnie Nettles au début des années 1970 aux États-Unis. Il est connu pour le suicide collectif de 39 adeptes qui eut lieu le 26 mars 1997 lors du passage de la comète Hale-Bopp alors qu'ils croyaient que leur âme allait rejoindre un vaisseau spatial supposé caché derrière la comète et transportant Jésus. 


Les 21 et 27 mars 1997, Marshall Applewhite s'enregistre avec une caméra vidéo et évoque le suicide collectif en déclarant qu'il s'agit « du seul moyen d'évacuer la Terre ». Après avoir souscrit une assurance pour « enlèvement par des extraterrestres » et avoir acheté une maison à San Diego, ils se donnent la mort en trois vagues du 24 au 26 mars de la même année (les survivants préparant la mise en scène pour les suivants) par ingestion de phénobarbital mélangé à de la vodka et de la compote de pomme et en se nouant un sac plastique autour de leur tête. La police retrouvera les corps allongés sur leurs lits, tous vêtus de baskets Nike avec un drap mauve les recouvrant, chacun avec 5 dollars en poche. 

Les survivants qui ont été laissés de côté ou qui ont quitté le groupe plus tôt étaient au nombre de 8 en 1997. La moitié est partie, et les 4 restants s'assurent de « maintenir le site Web, les courriels et les propriétés physiques et intellectuelles »"

Vous vous faites votre propre avis ! Le son lui déchire bien en tout cas.

 

 

Haunted Gardens (2019)

Au début, je trouvais l'album vraiment raté et moyen, en l'écoutant et le réécoutant pour écrire l'article, je l'ai trouvé meilleur. 80% des producteurs collaborent avec lui pour la première fois et quasiment tous ont réussi leur pari. L'album est beaucoup moins sombre, hardcore et morbide que les derniers projets en vrai. Il ne parle plus trop de société et de religion, le fantôme de son père rode toujours dans ce jardin hanté mais c'est moins explicite. En terme d'ambiance, je trouve que c'est vraiment réussi.

Le titre de l'album signifie "Jardins Hantés", et pour le coup, on y trouve une ambiance et une atmosphère du premier au premier morceau. Tous les morceaux sont courts, telle une apparition, ils proposent quelque chose, laisse le doute et s'en vont. Ce qui fait qu'on est obligé de se les repasser pour être sur d'avoir compris et d'explorer vraiment le morceau. Ce qui tranche radicalement avec ce qu'il a pu faire et ce qui se fait aujourd'hui en fait.



Si ses textes sont toujours aussi bien écrits et difficiles à décortiquer, son flow n'est plus le même. Il ne peut plus être pris à part, il propose un flow bien plus monotone et qui s'inscrit sur un projet. Alors qu'avant, il avait un flow qui jouait sur tout tableaux et laissé sur place la majorité des rappeurs. Il est revenu à quelque chose de moins surprenant et moins envoutant ou trop envoutant ! Il y a une certaine mélancolie, dépression et un flux triste qui s'en dégage. Alors, il sait très bien l'exploiter et colle à cette atmosphère spectrale, il ne peut être mis en compétition avec d'autres artistes de son temps. Je ne suis pas pris cette fois, d'habitude, je le suis volontiers mais pas là. Si j'étais tombé sur l'album sans le connaitre, je me serai surement pas attardé dessus.

On ne peut pas lui reprocher d'évoluer et de proposer quelque chose de différent. Là où c'est aussi remarquable, c'est qu'il reste le même. Bien qu'il sait qu'il se soit conduit dans cet état dépressif et qu'il aimerait en sortir par moments, il n'arrive pas. Ne serait est-ce que par fidélité envers lui-même. Il a quitté Seattle et s'est installé en Californie, à Los Angeles mais rien ne change dans sa tête, il pleut toujours. On aurait pu imaginer qu'il se tourne vers une ambiance plus chaude ou plus gangsta comme la majorité des artistes californiens mais ce n'est pas le cas. Sa créativité reste toujours aussi folle.

Beaucoup vénèrent cet album, je comprends l'élan artistique et l'idée mais ce n'est pas du rap que je vais écouter, clairement. Il est à noter que son "garden" (jardin) est une "pièce" dans son esprit, c'est l'endroit "neutre" pour lui. L'endroit où il se réfugie pour écrire, pour s’apaiser et créer quelque chose. 

 

 

Delirium et Elysium, deux EP's concept

Ce sont les deux derniers projets sortis à ce jour. Il dira que "Delirium" c'est les abysses, la descente aux enfers. Et "Elysium" c'est l'ascension vers le paradis. En fait, il dit que la seule façon de pouvoir accéder au paradis et de traverser l'enfer. Il voit ce "paradis" (il n'est pas croyant) comme un processus de soins et de guérison. Il semble vouloir dire qu'il est conscient de ses problèmes et tente de les affronter de front et de s'en sortir.

J'ai eu du mal avec ces projets, ils sont courts, 6 morceaux pour le premier et 7 pour l'autre, surement une référence numérique au bien et au mal. Le premier projet est très expérimental, c'est assez pesant comme ambiance et la pochette illustre bien le projet pour moi. Il fait pas mal de one shoot, pas de refrain, juste des couplets qui traversent la musique. Bien que ses rimes sont carrées, c'est plus le même rappeur. Les morceaux sont assez courts et une partie bénéficie d'un accompagnement visuel, assez étonnant pour un projet sorti sous aucun label. Ce ne sont que des versions numériques. Le dernier morceau "Aileen Wuornos" est le meilleur à mon sens. En fait c'est le nom d'une prostituée (tueuse en série) surnommé "La demoiselle de la mort". Elle a tué 7 hommes et s'est fait exécuter après être allé en prison. Elle a tué des hommes qui ont tenté d'abuser d'elle durant l’exercice de sa fonction. Ce qui aurait relancé un débat aux E.U sur les abus commis envers les prostituées. 

 

 

Elysium est plus doux et plus accessible, a commencé par le premier morceau "Canary In A mine". De plus celui-ci comporte des featurings contrairement à l'autre. Il rappe presque amorphe par moments, c'est compliqué à décrire car quand on a connu le Mc des débuts, c'est étrange. Il a ce flow qui manie à sa guise mais le débit est différent, la voix n'a pas changé mais il a une forme de nonchalance très prononcée. C'est presque un effet sous drogue (je ne peux qu'imaginer) car il a un rythme suspendu. 

Le morceau "Lazarus" est par contre l'un des plus complexes jamais écrit, et c'est justement son flow inclassable et avec un rythme inédit qui le permet. Regardez par ici ==> Lyrics : Lazarus

 

Franchement c'est fou, les sons qui fait sortir de sa bouche sont hallucinants. Oubliez la traduction, écoutez les sons... Assurément le meilleur morceau du rappeur parmi tous ses derniers projets. Je sais que beaucoup de fans adulent ces deux projets surtout le dernier, mais ce n'est pas mon cas. Bien que je les aime plus qu'au début (surtout le second), il manque quelque chose. Les bons morceaux sont trop courts ou pas assez exploités. La bonne nouvelle c'est de se dire, qu'il est en chemin pour revenir à ses débuts et à son meilleur niveau (créatif). En termes de rimes, il est au top, rien à dire.

 



C'est assurément l'un des meilleurs rappeurs, il est au-dessus du lot, il ne réfléchit pas comme les autres, les poètes peuvent le citer. De tout réécouter et d'examiner en profondeur m'a donné un peu plus de sourires que prévus. Je regrette de ne pas pouvoir entendre de nouveau des sons comme "Writes Of A Passage", "Searching For Something Beautiful", "November" ou "Ghost In The Machine" mais finalement, je revois mon avis sur lui. J'ai préparé une compilation avec des morceaux que j'aime beaucoup. J'ai essayé d'inclure tous les projets sans trop vous encombrez. En espérant vous avoir appris quelque chose.

Sadistik - What Happened [Bootleg] by Fathis hhsansfrontieres.blogspot.com

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