[Chronique son] Gravediggaz - Diary of a Madman Featuring Shabazz the Disciple & Killah Priest

Le morceau décrit l'histoire d'un homme avec plusieurs personnalités qui sont présentes depuis sa naissance. Que ce soit par force ou par intention, il décrit dans cette chanson les œuvres de son esprit. A quel point nous pouvons être diaboliques et pourtant nous luttons en nous-mêmes contre nous mêmes, pour nous protéger et aussi protéger les autres. Ce qui signifie qu'il y a du bien quelque part, comme il le montre lorsqu'il tente d'échapper à son esprit, à l'enfer, au malin. Chaque couplet représente sa vision des choses, comment il se bat avec ses entités. Tout d'abord, il essaie de tout justifier. Ensuite, il explique ce qui s'est passé pour en arriver là, comment il à été tourmenté et horrifié et comment il a voulu échapper à cela. Dans le troisième couplet, il parle d'une de ses personnalités qui à réussi à prendre le total complet de son esprit et qui le pousse à faire actes belliqueux. Et pourtant il sait au fond de lui qu'il ne doit pas être comme ça et qu'il emprunte un mauvais chemin mais il est impuissant. Le dernier couplet à pris totalement possession de sa personne et de son corps, il ne reste plus de bien en lui, il a abandonné le combat et réalise finalement que c'est lui est comme ça et depuis le début.   

"The Undertaker" Prince Paul a décrit le processus de fabrication du disque et l'identité du "RNS" inconnu, qui est répertorié comme producteur. Je cite : "Je vais expliquer comment cela s'est passé… RZA est entré avec cette sample et nous nous sommes dit: "Ça déchire, utilisons ça." RZA était pas trop pour car c'était RNS qui vivait près de chez lui qui avait dégoté cette boucle. Je lui ai dis “Yo, demande lui si je peux l'utiliser ?” RZA a dit “Nous devons mentionner son nom, on a besoin de la retoucher un peu et faire apparaître son nom.” J'ai répondu "Fait ce qu'il faut, mais il nous faut cette boucle". ”Donc une fois samplé, nous n'avions pas eu la boucle en question, on a juste récupéré ce qu'il y avait dans la cassette. J'ai dis “Yo, demande lui d’où vient la sample” Il était du genre... (RZA) “Il a eu dans une publicité.” J'ai dis quoi ? Laisse tomber, RNS ne lâchera pas le morceau, il ne voulait pas à l'époque. Je l'ai donc retouché et j'ai ajouté un beat. Je suis reparti de zéro, j'ai tout reprogrammé, j'ai enregistré les voix, je les ai arrange et j'ai rencontré Shabazz The Disciple et Killah Priest, ils sont arrivés sur le studio. Shabazz a juste entendu le son tourné et a voulu kicker, il a tué le morceau ! C'était le premier à poser dessus, les autres voulaient suivre mais ne savait pas comment faire tant le niveau était haut. Il n'y avait pas de concept à ce moment, juste des rimes J'ai donc dû m'asseoir et trouver un moyen de rendre cette cohésion cohérente car il n'y avait pas de refrain, pas thème. Donc je suis revenu avec ce dialogue de (qu'on entend durant le morceau qui se déroule dans une coure d’assise). Quand tout le monde a posé, j'ai rajouté les dialogues sans leur dire quelle était mon idée finale. Et au final ils ont halluciné et grave kifer l'idée. C'est exactement ce que j'avais en tête et qui a pris forme. Après avoir fait tout ça, le mixage était ok et je m'en foutais des crédits et autres, je voulais juste que ça claque. Techniquement, RNS n’a jamais était là, nous avons utilisé son échantillon et c’était par l’intermédiaire de RZA parce que c’était la connexion de RZA, ce dernier a reçu tous les honneurs mais en vrai tout le taf c'est moi qui l'ai réalisé ahah. Au final, je n'ai jamais eu le crédit approprié, mais je m'en foutais. S'il faut que RNS peur être crédité pour cela, on a utilisé la sample, car c'est une tuerie et je ne savais pas qui c'était, RZA non plus, y a que RNS qui savait d’où venait la sample exactement. Maintenant je sais ce que c'est, mais à l'époque je ne savais pas d’où elle provenait. Alors quand je vois des gens dire oh RNS et RZA ont tué le morceau… j'me dis quoi ?! On ressent ma patte dans la production, c'est peu de le dire. RZA et RNS ne vont pas inventer toute la scène de la salle d'audience, ce n'est pas leur style. Mais tout a fonctionné au final, haha. 

Chaque couplet représente une personnalité ou presque...

Vous savez tout maintenant sur la conception du morceau, que disent les couplets ? Le couplet est vraiment tué par le disciple comme citait plus haut ? Oui ça commence par un meurtre, car on est dans un tribunal, une femme crie "ils ont tué mon bébé" ce qui laisse planer le doute, on peut supposer qu'elle parle de son enfant mais ça peut être aussi son compagnon. Le juge veut éclaircir tout ça et demande aux quatre accusés de se lever de s'exprimer. Les accusés sont en fait les rappeurs et le juge leur dit alors, je sais que vous avez plaidé pour la folie en avançant avoir était poussé au crime par une identité démoniaque. Il leur demande alors de s'exprimer sur ce sujet et de lui expliquer comment les démons les ont poussé au crime. Un homme s'exprime en parallèle en disant que le juge est son oncle et qu'il ne s'opposera pas au fait qu'il plaide la folie. Shabazz The Disciple se lance alors et pour la toute première fois sur disque de façon officiel. Il ne fait pas partie des Gravediggaz ( Prince Paul (The Undertaker), Frukwan (The Gatekeeper), Too Poetic (The Grym Reaper) et RZA (The Rzarector)) mais des Sunz Of Man (Prodigal Sunn, Hell Razah, 60 Second Assassin, Shabazz the Disciple et Killah Priest), le groupe le plus proche du Wu Tang Clan. Leur premier album est sorti en 1996, ce qu'il fait qu'on ne l'avait encore jamais entendu. Ce morceau date en effet de 1994.

Le couplet démarre très fort avec un rappeur qui a la rage et qui s'exerce à exorciser ses démons. C'est assez technique et il pose très bien, ajouté au jeu de mots, on comprend pourquoi son couplet lui a valu tant d'éloge. En utilisant la sonographie qui émet des ondes à fréquence douce pour examiner le fœtus encore dans le vente de la maman, ils ont décryptés qu'il était déjà habité. Il dénonçait déjà les vaccins qu'on nous injectent encore bébé, qui sont inutiles et qu'on veut rendre obligatoire aujourd'hui. Il ajoute que le gouvernement nous injecte du poison et non de quoi se protéger. Bill Gates a suscité plusieurs scandales, plusieurs fake news mais il serait par contre poursuivi par l'Inde (entre autres) pour avoir empoissonné des enfants via des vaccins. Shabazz est originaire des Red Hook House qui est un quartier de Brooklyn, il utilise une métaphore pour dire qu'il a quitté son ghetto et a rejoint la mosquée. En tant que croyant, il s'appuie sur ça pour livrer une guerre sainte aux démons qui constituent le mal. Les forces obscurs sont trop puissantes et lui montre que des visions de morts et d'homicides, il a du mal à s'en défaire et ça explique pourquoi il est si violent. D'ailleurs il est très doué pour les meurtres, car il ne laisse aucune indice aux enquêteurs. En effet, après avoir tué sa victime, il la réduit en cendres et les fait disparaitre totalement, ce qui fait qu'il ne laisse aucune trace de meurtre. Et si pour x raisons, il n'a pas pu te réduire en cendres et que tu es enterré, il reviendra te tirer de ton cercueil pour détruire tous tes os. Il fini le couplet en disant qu'une fois mort tu deviendras à ton tour un esprit, il utilise le "Buck, buck, buck" qui signifie 3 tirs pour le Père, le Fils et toi le Saint Esprit en utilisant "Holy spirit". Donc il tue les ennemis du démon et toi avec.

Le juge redonne la parole à l'accusé qui dit ne pas se savoir si il rêve ou c'est la réalité... RZArector nous explique ce qu'il se trame via son couplet. Il évoque à son tour les démons sous le terme de "djinn"qui est le mot arabe pour génie mais qui désigne les mauvais génies qui possède les humains. Il pense que sa violence est justifié par 400 ans d'esclavage en Amérique du nord. Les larmes et la souffrance de ses ancêtres accumulé se manifeste le 10 novembre 1984. Il est encore traumatisé par la mort brutale de son père à laquelle il a assisté. Par extension, il explique que les tortures à mort, les lynchages, les corps d'hommes noirs brulés vivants... ont alimenté toute cette haine et a laissé des séquelles chez les générations futures et actuelles d'afro-américains. Constamment, il fait des cauchemars ou il se voit sur la chaise électrique, pratique encore courante aux états unis. Il fera une autre allusion à la religion en évoquant que sa mort pourrait ressembler à celle du christ en étant attaché à une croix sans échappatoire. Son couplet est très sombre et met la mort au premier plan.

Retour dans la salle du jugement ou le bras de l'accusé choque la salle, le jury perd son sang froid et s'exprime en espagnol. Pas d'explication mais on peut supposer que c'est leur langue d'origine et que face à ce mal qui se manifeste en personne, cela fait partie de leur réaction. Le juge tente de reprendre la main et demande a la salle de se calmer et de redonner la parole à Killah Priest qui assure le couplet suivant.

Étant beaucoup plus posé et réfléchi, il demande au jury de se poser entre les deux mondes et d'examiner deux angles différents pour le juger. Car ça peut se solder par une condamnation à mort, alors soyez le plus juste et précis possible, totalement en capacité de juger. Il se place en plus à la place d'un juge (pas celui de l'audience) en examinant lui même les enfers. Plus précisément celui mentionné dans la mythologique grecque, "le royaume d’Hadès est l’endroit où toutes les âmes vont pour être jugées après la mort. Elles sont retenues comme des ombres sans force ni sentiment, pure présence d’un passé à jamais aboli, et qui peuvent reprendre vie quand on les évoque, en général par une libation de sang à même le sol. Les Enfers sont gardés par un chien à trois têtes : Cerbère. Plusieurs séjours des morts sont distingués clairement et il s’introduit le règlement d’un jugement post-mortem, fondé sur les qualités et les défauts de chacun, devant un tribunal présidé par Minos, Éaque et Rhadamanthe" (coucou Saint Seiya). Ensuite, il se réjouira car lentement il entendra un seau se remplir d'eau, qui porte généralement bonheur. Donc il ne veut pas que cela se sache. Peut aussi faire référence au temps qui s'écoule, et qu'une fois que le seau sera rempli, il ne sera plus dans la posture d'analyse et il devrai répondre de ses crimes. Une dernière métaphore peut être comprise qui peut désigner le seau sans poignée avec lui coincé dedans pour l'éternité avec le choix de se noyer ou de bruler dans les flammes que lui réserve l'enfer en fonction de ses péchés. Il perd la foi, superposé à ça, les ombres du mal le suivent et se rapprochent précipitant son désengagement envers le bien. Il a cette capacité tout comme Cupidon le dieu de l'amour dans la mythologique grecque à tiré des flèches mais lui tire des flèches de haine. Ses flèches ont pour but de percer un trou dans ton crane et laisser entrer une entité à la fois car c'est étroit. Incrustée en plein milieu, ce qui marque la limite entre le bien et le mal, à toi de choisir. Possible métaphore pour évoquer les images placés dans nos têtes par les médias et la société, la façon dont ils nous programment. Mais le temps n'attend pour aucun homme et il faut faire un choix parmi ces milliers de portes ouvertes, choisis vite en une ou elle le choix se fera à ta place. Il continue de décrire la descente aux enfers avec d'un coté les flammes et de l'autre la noyade assurée, mais il est obligé d'avancer et de faire des choix se demandant la finalité. Dans l'imaginaire humain, dieu vit au delà des nuages le diable sous terre, et c'est ici qu'il s'est fait tirer, il a était trop long pour faire son choix alors les choix ont étaient faits pour lui. Le diable l'a entrainé dans les abysses. Incapable de combattre ses démons et d'expliquer ses crimes.

Cette fois le juge ne prendra pas la parole et laissera le dernier rappeur Frukwan posera directement son couplet. Très violent aussi dès le début en signalant qu'il va te jeter des pierres dessus jusqu’à voir tes os. Tout son couplet parlera de violences extrêmes en décrivant comment il peut te tuer et te détruire. Toutefois, il revient à son tour à la bible en citant Jacob et je cite à mon tour la bible :

« Jacob quitta Beer-Sheva, et s'en alla vers Haran. Il arriva en ce lieu et y resta pour la nuit car le soleil s'était couché. Prenant une des pierres de l'endroit, il la mit sous sa tête et s'allongea pour dormir. Et il rêva qu'il y avait une échelle reposant sur la terre et dont l'autre extrémité atteignait le ciel ; et il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la descendaient ! Et il vit Dieu qui se trouvait en haut [ou à ses côtés] et qui lui disait : « Je suis Dieu, le Dieu d’Abraham et le Dieu d’Isaac ton père ; la terre sur laquelle tu reposes, je la donnerai à toi et à tes descendants ; et tes descendants seront comme la poussière de la terre, et ils s’établiront vers l’ouest et vers l’est, vers le nord et vers le sud ; et par toi et tes descendants, toutes les familles sur la terre seront bénies. Vois, je suis avec toi et te protégerai là où que tu ailles, et je te ramènerai à cette terre ; car je ne te laisserai pas tant que je n'aurai pas accompli tout ce dont je viens de te parler. » Jacob se réveilla alors de son sommeil et dit : « Sûrement Dieu est présent ici et je ne le sais pas. » et il était effrayé et dit : « Il n’y a rien que la maison de Dieu et ceci est la porte du ciel. »  »

Et le rappeur dit ici qu'il te poignarde juste devant l'échelle, la chute ultime, alors que pensais atteindre le paradis, il te poignarde dans le dos et tu rejoins l'enfer. Imaginez vous, premier toute la course, aucun concurrent en vue, au moment de franchir la ligne, on vous abat (coucou Mario kart). L'image en gros c'est ça, c'est le désespoir ultime, la cruauté à son paroxysme. Il est à noté qu'il existe un film nommé "Jacob's Ladder" ou on voit le héros cagoulé, coincé sur une chaise bougé la tête très rapidement pour échapper au démon qu'il voit. C'est donc surement une référence à ce film qui est sorti en 1990. Le morceau se fini par la parole du juge qui déclare les accusés coupables.

Le concept du morceau est intéressant, il est assez populaire et fait partie des références du genre.