[Chronique Son] Mobb Deep - Eye For An Aye (Your Beef Is Mines) feat Nas & Raekwon


Bon la on atteint des sommets et pas mal de trucs à dire sur ces génies d’artistes qui nous ont livrés un tel morceau ! La prod, du classique chez Havoc qui fait pensé a du Wu Tang. Est-ce un hasard ? On retrouve sur le son Raekwon du Wu qui était dans son age d'or, on est en 95, en 93 sortait le premier album du clan, clairement dans le top 10 de l'histoire, et en 94 le solo de Rae est considéré comme le meilleur du clan. Et la où Mobb Deep ont étaient fort c'est qu'ils ont réussi a le faire poser a une époque ou les membres de Shaolin ne collaborés avec personne d'autre que des mecs de leur clan. Rien que ça ! D'ailleurs une semaine après Raekwon a invité Nas sur un morceau, ce qui fait que c'est le premier rappeur non affilé au clan a poser avec un membre du Wu Tang ! Il a d'ailleurs kické le meilleur couplet de l'histoire pour beaucoup de monde qu'il avait écrit quand il avait 17 ans... Revenons au morceau a écouter qui s'appelait "Your Beef is mine", ils ont tout fait en 4h de studio. Le son tournait, Prodigy a kické & Havoc l'a suivi tandis que Escobar & Rae écrivait de leur coté. Rae a écrit très rapidement, sans se prendre la tête. Et pourtant... Certains disent qu'il a le meilleur couplet du morceau ! Du à des sonorités plus complexes et plus dur a faire rimer en anglais. Avant je préféré celui de Nas, maintenant j'hésite sur la façon de poser.

"Œil pour œil et dent pour dent", un adage vieux comme le monde ou pas ? Faut remonter au règne du roi babylonien Hammurabi qui a régné de -1792 à -1750 avant Jésus Christ. Les fondateurs de la torah l'ont repris plus tard. Le son est vrai pour Pee car Memphis Bleek signé chez Jay Z a pris part dans un beef alors qu'il n'était pas impliqué. Du coup Prodigy a décidé de faire pareil avec un morceau. Donc si ta un souci avec un gars de la clique, ta un souci avec toute la clique. Jusque la c'est très simple. Le morceau est très bien attaqué par le maitre en la matière, vraiment l'un de tous meilleurs pour ça : Prodigy. Ce rappeur qui m'a fait aimé le rap us, qui m'a initié, qui a sorti tant de classiques avant de s'éteindre à l'age de 42 ans le 20 juin 2017. A travers le monde du hip hop, les artistes ont communiqué leur tristesse. Une vraie légende du hip hop est mort sur terre mais toujours présente dans nos cœurs et nos oreilles. Repose en paix, je lui rend hommage a travers cet article.


Il avait avec son compère un argot bien propre a eux et a d'autres artistes de la east coast par la suite. Dans ce morceau par exemple, il emploi le terme "Jakes" qui veut dire police. Ça c'était un truc propre à eux qui rendait pas toujours évident la compréhension du texte. La phrase parlant de la police, il nous raconte qu'il les nargue alors qu'il le poursuive ! Comment ? En buvant un célèbre vin italien : Asti Spumante. Dédicace à son pote Nas qui le rejoins plus tard dans le morceau avec la phrase "The world is ours" elle même reprise du film Scarface. Il poursuivra avec une autre classique "I might crack a smile but ain't a damn thing funny", phrase placé (d'une autre façon) d'abord par Grandmaster Flash & The Furious Five (The Message) et par le doyen Rakim (Paid In Full). Des fois quand tu es prêt a t'énerver et que le type en face te sort un truc qui te fait rire, ridicule ou qu'il te prend pas au sérieux. Et que tu le regardes en simulant un sourire dans le genre "ahah la blague", c'est exactement ça. Sans transition, Havoc enchaine. Couplet pas vraiment inédit car il était sorti en 1994 sur la mixtape "The Infamous" rappé dans le morceau "Lifestyles Of The Infamous". Tout aussi fou et déterminé que son compère, il deal sa drogue avec le gun chargé. Il se dit quitte à se faire prendre, autant jouer gros ! Car il a comprit un truc très important et très tôt. Si un malheureux vole un morceau de pain, on le coupe en deux. Si un grand voleur vole un royaume, on en fait un seigneur, et tous les philosophes, les sages et les politiciens à gages viennent mettre leurs sciences à son service. Pourquoi donc perdre son temps en petites rapines ? Il vaudrait bien mieux commencer par voler un empire, ainsi il ne serait pas nécessaire de récidiver et on n'aurait plus à craindre la hache du bourreau ! 

Qui peut lui en vouloir ? Il connait les conséquences et il le dit lui même "I gotta get mines, no matter what the consequences" mais il veut la vie de rêve. Et même dans son jacuzzi, il ferait trempette avec le gun chargé, pas de confiance. Au moins il sait ce qu'il veut et sait comment l'obtenir, qui peut lui en vouloir ? Après son couplet, intervient a nouveau le refrain.

Entrée d'Escobar, d'ailleurs c'est un de ses premiers couplets ou il s'y réfère pleinement. Il a su développer cette personnalité tout en étant lui même, avec des textes profonds. Escobar représente non pas le rêve américain mais le rêve du dealer. Qu'est dont ce rêve ? Possédé toutes les richesses matériels possible et les obtenir avec violence. Car c'est ça qui caractérise le personnage, qui façonne son image et qui fascine. Nas a pour référence Pablo Escobar (célèbre trafiquant colombien) d’où son surnom.

"Stash Cream, keys on a triple beam", il sait très bien que c'est illégal de se faire de l'argent comme ça, faut donc être prudent. "Key" ici veut dire kilo de cocaïne, dans un autre morceau il nous dira que le but d'un dealer est d'attendre la "key" (brillant jeu de mot). Cette rime est considéré comme une quadruple entendre ! Extrêmement rare, première fois que je vois ça, voyons voir :

"Murdering, numbers on your head while I'm burglaring" :

1) - "Numbers on your head" ca veut dire que tu es recherché, qu'on veut te liquider
2) - Possible allusion a la bible et son verset 13:16
3) - La personne ne voit que les richesses et ne pense qu'a la contenu du porte monnaie et des poches de sa victime, se souciant de rien d'autre
4) - Il parle peut être des meurtres commis par une autre personne, car il est commun de se faire tatouer le nombre de personnes qui ont tué sur leur tête.

Incroyable ! S'en suit
"What's up to all my niggas swerving in New York metropolis
The Bridge brings apocalypse"

Souvent les mégalopole sont associés a du négatif, mais ici le coté apocalypse c'est plus dans le sens "Les rappeurs de NY ont tué le game !" Référence aussi a la violence présente dans le Queensbridge (grand quartier New York qui n'a pas forcément bonne réputation). Il en place peut être une aussi pour Rae (Staten Island) en montrant que le Queens les bouffe. Quand il tire dans le ciel, c'est un acte de défiance, un message au policier suprême : Dieu. Tu vois comment on galère ? Tu ressens notre peine ? Boum ! Fin du couplet. L'arrivé du Chef.




Le mec qui a le pris le plus truc a l'arrache sans se rendre compte qu'il signait un classique avec la clique. Il voulait collaborer avec eux car il les appréciait, et il a toujours préféré les sons du Queens à Brooklyn. Il attaque donc lui aussi fort le beat, vu les poids lourds, il n'avait pas le choix. Cette phrase est forte :

- "But late night, candlelight fiend with a crack pipe" elle illustre la dépression et le pauvreté du drogué qui n'a seulement qu'une flamme de bougie pour sa drogue et l'éclairer. En allant plus loin, on peut ramener ça au gros mafioso qui lui aussi a besoin de cette drogue pour dissiper sa colère et ses démons. Il est donc tout aussi vulnérable et pas si infaillible. A savoir que la phrase sera reprise bien plus tard par Nas dans le single Life Is Good, comme quoi chacun inspire l'autre.

- "Word yo, I want to get this money then blow" il veut quitter son spot après avoir pris sa thune ou quitter le milieu après s’être enrichit. Il sait aussi ce qu'il veut. Ce schéma de rime avec des rimes au début et a la fin des phrase sera utilisé dans le couplet. A noter que dans la east, ils utilisent beaucoup le terme "son" donc fils comme nous en France. Chez eux c'est pour signifier pote, membre de mon crew. Il fini son couplet en mentionnant Mahalia Jackson qui était une célèbre chanteuse gospel qui parlait souvent des droits humains dans ses morceaux. Il veut dire que malgré tout, y a toujours autant de crimes a New York...

A noté que c'est l'un des derniers sons fait pour l'album, alors qu'ils avaient dépassé le budget, ils ont quand même samplé Wish You Were Here de Al Green. Encore une fois RIP a Prodigy !


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