Houston Hip Hop [Partie 1] : Ses légendes et la Swhishahouse


New York à l'est, Los Angeles à l'ouest et Chicago dans le Midwest. Naturellement le sud devait être représenté sur la carte du rap, quatrième ville du pays après les trois précédemment cités, elle en a sous la capot. Cet article est purement subjectif, il existe un site d'actualité sur le mouvement hip hop de la ville, des chroniques d'albums, des listes de classiques et tout ce vous pouvez imaginer. Mon but dans cet article est juste d'apporter de la culture autour de cette ville qui a son importance dans la culture hip hop. Et dans un deuxième temps de vous faire découvrir des artistes de la ville que vous ignorez ou tout simplement vous apprendre des anecdotes autour d'eux. L'idée était en tête depuis un moment mais pas évident de se lancer dans un si grand billet. Si à la fin, vous constatez "des oublis", ou que vous voulez criez au scandale, vous le pouvez. Je vais ici parler de mes choix, de mes gouts et que je veux partager avec vous. J'aime bien Travi$ Scott mais il n'est pas à l’origine de la construction de la ville. On va donc partir du début avec l'inévitable Scarface. C'est surement l'un des rappeurs les plus célèbres du Dirty South et l'un des meilleurs. Il fait partie des Geto Boys (Bushwick Bill & Willie D) célèbre entre autres pour leur son "My Mind Playing Tricks On Me", on y reviendra avec un article entierèment consacré à ce son. Ce groupe est très hardcore voir misogyne, ils font beaucoup dans l'horrocore qui est un mélange de rap hardcore et d'horreur, on utilise des samples issus de films d'horreurs, jeux vidéos (Resident Evil par exemple) et les textes parlent de nécrophilie, suicide, ultra-violence... Mais ils ne font pas que ça, je ne sais pas si on peut dire que c'est les premiers ou les pionniers du style mais ils sont bien placés en tout cas. Le groupe Three 6 Mafia (Dj Paul, Juicy J, Lord Infamous, Koopsta Knicca, Crunchy Black & Gangsta Boo) sont aussi des spécialistes.

Lil' Troy et son mythique Wanna Be A Baller

Mais laissons de coté tous ces crews et revenons sur Scarface, né chrétien puis se converti à l'islam par la suite comme beaucoup d'autres rappeurs. Il sort son premier projet en 1989 sur le label de Lil' Troy, un autre rappeur de Houston. Alors eux deux ont une particularité, c'est les seuls à avoir dépasse le million de ventes dans les années 90. C'était rare pour un artiste du sud et à Houston ça n'existait tout simplement pas. Lil' Troy doit cette performance à son excellent titre : Wanna Be A Baller avec au micro avec Fat Pat (R.I.P), Yungstar & Big T (R.I.P), H.A.W.K (R.I.P) & Lil' Wil. Et là encore, deux faits sont à noter, le chanteur ainsi que deux rappeurs posant dans le morceau sont morts, et Troy l'artiste principal de l'album ne rappe pas sur le meilleur morceau de sa discographie. Faut savoir que cette ville à une triste réputation, elle a perdu énormément d'artistes, la ville qui doit posséder le taux de décès (dans le rap en tout cas) le plus élevé. Avant de sortir son album "Sittin' Fat Down South" il va purger 9 ans de prison, autant dire que c'était un succès mérité ! Mais alors que son album connait le succès, il retourne en prison mais purge cette fois que 9 mois car il va balancer ses potes et sera donc libéré. Vu le buzz qu'il s'est fait, les gros labels sont forcément à l'affut et c'est Universal qui le signe et lui font ré-éditer son album à l'échelle nationale cette fois. Il sortira ensuite d'autres albums mais sans succès. Il se fera plus tard clashé à plusieurs reprises par Pimp C (R.I.P) du groupe UGK pour avoir justement filé des infos au F.B.I sur Scarface !

Scarface, le parrain du sud

Quant à ce dernier, il commence à connaitre le succès avec son groupe signé sur Rap-A-Lot Records basé à Houston qui plus tard ouvrira une filiale du label dans la cote ouest nommé Smoke-A-Lot Records. Mais il préfère surtout travailler sur ses albums solos et c'est dans le milieu des années 90 avec ses albums "The Diary" et "The Untouchable" qui va définitivement installer Houston sur la carte du rap au même tire que le rappeur Eminem le fera plus tard pour Detroit en la plaçant à coté des autres mastodontes du rap. On peut citer des morceaux comme "Smile" avec la magnifique voix du chanteur de Chicago Johnny P (hélas décédé aussi, une compilation de ses meilleurs refrains ainsi qu'une fiche arrive) et le regretté 2 Pac. Il a aussi fait posé Ice Cube et un autre homie d'Houston : Devin The Dude sur le morceau Hand Of The Dead Body. Il fera aussi poser Too $hort, Dr. Dre, Daz Dillinger... Sacré performance donc pour un mec qui vient d'une ville où le rap se construit à peine. Certains l'ont peut être découvert dans le jeu vidéo : Def Jam Vendetta ou le jeu Def Jam: Fight for NY. En 2015 il recevra le "I Am Hip Hop Award" des BET Hip Hop. Notons qu'il sortira en 2012, un album portant ce nom, visionnaire ? Enfin pour finir sur 2015, il sortira un livre "Diary Of Madman" où il raconte son enfance, ses premiers enregistrements, Def Jam South... Oui car en 1999, Def Jam l'un des plus gros labels du hip hop ouvre une filière dans le sud et nomme le rappeur à la tête du label. Scarface va écouter Ludacris en visitant Atlanta et va signer le rappeur et le lancer. Le succès du label va alors durer jusqu'en 2003 quand le succès du rappeur devient trop important et les moyens financiers ne suivent plus. Le label fermera et ouvrira de nouveau en 2005 sous l'aile de Young Jeezy qui vient lui aussi d'Atlanta. Scarface passera alors le relais à Dj Khaled qui quittera le label en 2012. De son coté notre rappeur continuera à travailler avec les plus grands noms du hip hop et de sortir des albums et des hits, considéré par beaucoup comme le "king of the south", Lil' Flip par exemple le dira. Pour finir sur notre deuxième artiste et légende vivante de Houston, sachez qu'en solo il est très différent et ses textes sont loin de ce qui peut faire avec son crew. Il est très hip hop, il garde ce coté contestataire de ses débuts et qui fait du rap ce qu'il est ou ce qu'il était du moins. Sachez aussi que les Geto Boys s'étaient séparés en 1993 pour revenir en 1996 avec l'album Ressurection et vous savez pourquoi ?  Par ce que le fondateur de Rap-A-Lot très satisfait du succès sur lequel Scarface surfait, il a exigé une reformation et des albums du groupe sous son label. Et faut dire qu'il a vu juste car l'album finira disque d'or. Sachant qu'entre temps un autre de leur album fera disque de platine. Les albums qu'il faut absolument écouter si vous le pouvez à défaut de sa discographie sont : The Diary (1994), The Untouchable (1997), The Fix (2002), Dopeman Music (2010) & Deeply Rooted (2015) et éventuellement mais plus dispensable : Emertius (2008). Concernant son crew je peux que vous conseiller leur best of de 25 titres. Faut les voir un peu comme les N.W.A du sud. Hardcore, pionnier, portent la ville sur leur dos, jeunes, révoltés...


UGK : Underground Kingz - Pimp C l'inoubliable

Bun B & Pimp C décédé en 2007 dans une chambre d’hôtel en Californie alors qu'il travaillait sur un nouveau son avec Too $hort. Il est mort car il a consommé des médicaments et des substances qui ne font pas bon mélange, il avait 33 ans. Depuis tout petit il avait des soucis de santé et les combiner avec des drogues et autres n'ont rien arrangés. Il aura lui aussi connu la prison durant quelques années mais ça ne freinera pas sa carrière musicale car il sortait des projets en solo et en groupe durant son incarcération. Il laissera 3 enfants derrière lui et fera une veuve. Faut dire que ce type est un sacré personnage, le groupe UGK a commencé à rapper dans les années 90, en 1996 sort leur troisième album : Ridin Dirty. Les deux rappeurs ont produits l'album avec N.O Joe, c'est l'album qui se vendra le mieux de leur discographie. On approche le million de copies sans clips et sans grosse promotion, incroyable. Faut dire que leur style est très différent de ceux qu'on fait les autres mecs du sud avant eux, ils ont un son qui se rapproche de celui de la west coast et de la g-funk, c'est plus laidback, pas sombre ou hardcore. Bun pose son flow qui est plus technique, plus sec et facile à suivre tandis que le Pimp et plutôt dans le chant, c'est pas très courant à l'époque, il pousse sa voir par moment en rappant, c'est plus mélodieux et sa se marie très bien. En plus de cet album, leur classique, ce qui leur a valu de la reconnaissance est bien sur  le morceau Big Pimpin' sur l'album de Jay-ZVol. 3... Life And Times Of S. Carter. Morceau qui contient son lot d’anecdote et pas des moindres. A ce moment là Jigga était déjà une grande star, l'un des rappeurs les plus prolifiques et qui avait le plus d'argent et pourtant c'est avec eux qu'il voulait poser et quoi qu'il en coute. Il a donc appelé Bun B qui ne l'a pas cru et a raccrocher pensant que c'était un canular. Il a rappelé et là il a vraiment cru. Il lui a dit qu'il voulait son crew sur son album, le Pimp aurait du être sur le morceau "Just A Week Ago" de la star new new-yorkaise mais il avait refusé de prendre un vol pour New York ! Aucune des deux légendes ne s'est donc déplacé et le morceau est sorti tel qu'on le connait. Mais ce n'est pas tout, concernant le single (BP), le Pimp (encore lui) n'aimait pas le son et Bun a vraiment du insister pour qu'il écoute et finisse par accepter de poser quelques lignes, un 8 mesure pas plus, un petit couplet. Il a d'ailleurs accepté car c'était comme un service pour son partenaire et rien de plus. Le son est terminé à ce moment-la, il n'était pas prévu en single numéro un mais finalement il le fut tant le son a plus à Jay-Z et il a choisi ce single au détriment "Things U Do" avec Mariah Carey. Concernant le tournage du clip, Bun a raté son avion mais a rejoint le lieu du tournage et à son grand regret, il n'a pas vu le Pimp sur place malgré son grand retard ! Malgré qu'il ai insisté pour qu'il vienne le rejoindre, on ne verra pas le rappeur sur une seule seconde dans tous les plans tournés à Trinidad (Cuba). Ils ont donc du trouver une maison et un plan qui correspondait à peu près à ce qui avait était tourné pour que le Pimp fasse ses scènes, incroyable non ? Le mec se fait prier par l'une des pointures du rap, millionnaire actuel et ne bouge pas d'un pouce. Il avait de sacré convictions en tout cas. Si sa vie vous intéresse, je vous conseille : Sweet Jones: Pimp C's Trill Life Story, un livre de Julia Bervely. Pour finir sur lui, c'est un excellent artiste, un style qui lui est propre mais aucun solo n'est vraiment notable, faute à des choix de prods sans saveur pour ma part. L'avoir en feat, dans le crew ou sur un bon refrain, c'est lourd par contre.

Bun B : Trill / Le professeur / Pimp C Legacy

Avant de continuer et parler de Bun B, je voudrais dire que ce qui fait la force de Houston, c'est la mentalité des artistes de la région. Oui de la région car à la base UGK viennent de Port Arthur dans le Texas mais ont toujours représentés Houston. Il y avait des beefs entre certains rappeurs : T.I & Lil' Flip, Paul Wall & Chamillionaire, Z-Ro & Slim Thug... Et le groupe surtout le Pimp ont calmés un peu tout le monde et leur a demandé de rester souder pour porter tous ensemble le sud. Le groupe lui sera reconnu à une plus grande échelle grâce au morceau avec Outkast et produit par Three 6 Mafia (ou Dj Paul) nommé : International Payers Anthem. Enregistré peu avant la mort du Pimp, il était destiné à la base à Project Pat, le frère de Juicy J mais Pimp C le voulait à tout prix et en avait rien à foutre que Pat avait déjà posé dessus. Et il a bien fait bien que j'adore Pat, mais le couplet du Pimp est considéré comme le meilleur couplet de sa carrière après celui réalisé avec... Jay-Z ! Alors qu'à la base il voulait pas rapper sur le beat de Timbaland qui n'avait rien de rap pour lui et qu'il a fait comme un freestyle. Ces deux couplets sont souvent cités dans la catégorie "meilleur couplet du Dirty South". Ils ont donc fait le son et un clip avec plein de caméo et d'artistes du sud involontairement en fait. Après les BET awards, ils se sont dit puisqu'on est nombreux ici en ville, autant faire un clip bon délire et se prêter au jeu, ce qui explique la présence d’artistes. Dernière chose à savoir sur ce groupe, Scarface avait donné leur album "Ridin Dirty" à 2 Pac pour qui l'écoute, 2 jours après le rappeur se fait descendre. Une éventuelle collaboration n'aurait pas était impossible si on en croit les sources.


Bun B a toujours soutenu son pote, à peine rentrer en prison, il avait lancé la campagne "Free Pimp C". Il est maintenant très populaire et énormément respecté, la légende voudrait qu'il soit l'un des 5 rappeurs ayant fait le plus de featuring dans le rap, abusé. Il a 5 albums à son actif donc un sorti y'a quelques mois (2018). Il va commencer à sortir une trilogie d'albums nommé : Trill, II Trill et Trill OG, le tout en 5 ans. Aucun ne fera de ventes à la hauteur de ce qu'il a pu faire avec son compère mais les critiques sont unanimes. D'ailleurs le dernier album recevra un "5 mic" de la part du magazine "The Source", durant 5 ans, aucun autre artiste n'avait eu le droit à ça. La bonne nouvelle c'est qu'il reviendra avec un quatrième album intitulé : Trill OG : The Epilogue. Durant une interview il dira que cet album est en fait tous les morceaux non retenus sur le précédent album, il s'est rendu compte en discutant avec le CEO de son label qu'il y avait du lourd. Ils ont donc tout mis sur CD et ont voulu faire plaisir aux fans avec des nouveaux sons, leur donner un vrai épilogue à cette série de projet. Il faut dire que durant l'incarcération de son pote suivi de sa mort, le rappeur n'a pas arrêté d'enregistrer et de faire de la qualité. Néanmoins dans tous ses albums, il fera apparaitre un couplet de son défunt ami et compagnon de rap. De plus, il délaissera la production pour se concentrer uniquement sur ses performances dans ses albums. Enfin il sortira son 5ème album "Return Of The Trill" produit majoritairement par Big K.R.I.T, l'une des nouvelles stars du sud. Il ne recevra jamais d'oscar de MTV, BET ou autres sauf en 2014 par 360 Legend Award qui le récompensera pour l'ensemble de sa carrière. A partir de 2011 il interviendra en tant que "Distinguished Lecturer" la faculté de Rice à Houston dans la branche "School of the Humanities on Hip-Hop and Religion". A ma connaissance, seul Nas intervient dans une école pour donner des cours, à Harvard à New York. Il s’associera à Shea Serrano pour créer un livre de coloriage sur les rappeurs. Serrano a juste posté quelques dessins de rappeur à colorier sur la plateforme Tumblr, c'est devenu viral et en 2013 ils sortiront "Bun B's Rap Coloring Book".  Il est aussi engagé dans des aides humanitaires et diverses actions sociales, c'est vraiment quelqu'un d'apprécier et de très respecté.

Musicalement, très professionnel, très respecté et très sollicité, une voix très facilement reconnaissable, il a un grain très particulier apprécie de tous et ce n'est pas pour rien qu'on le veut sur un son. Il apportera assurément un plus et une touche d'originalité, un tallent inné. Respect donc à ce grand homme pour tout ce qu'il a fait et qu'il continue de faire. Sa discographie regorge de pépites et pas seulement que dans ses albums solos. Un featuring que j'apprécie énormément est celui qui la fait avec Yukmouth que je vous partage plus bas. Si je m’arrête seulement à ses albums, voici une liste d'artistes qui la pu réunir au fil de sa carrière : Z-Ro, Young Jeezy, Jay-Z, Lil' Keke, Ludacris, Scarface, Slim Thug, Mannie Fresh, Trey Songz, T.I., Too $hort, Travis Baker, Juvenile, Mr. Lee, Lil Jon, J. R. Rotem, Kobe, Dj Khalil, Scott Storch, Young Buck, Mya, Lyfe Jennings, Lil Wayne, Rick Ross, Sean Kingston, 8 Ball & MJG, David Banner, J.U.S.T.I.C.E. League, Drumma Boy, Dj Premier, Play-N-Skilz, 2 Pac, Drake, T-Pain, Twista, Gucci Mane, Yo Gotti, Run The Jewels (EL-P, Killer Mike), 2 Chainz, Killa Kyleon, Lil Boosie, Redman, Royce Da 5'9, Devin The Dude, E.S.G, Trae Tha Truth, Raekwon... Plus tous les feats hors albums et avec son groupe. On en pense quoi ? Son second album est le meilleur je pense, les singles en témoignent.

Dur de poser après un C.V ! Dur d'enchainer l'article après toutes les légendes que je viens de présenter. Mais j'ai encore quelques artistes à présenter avant de clore ce premier billet.

Swishahouse : Label toujours actif et emblématique de la ville

On change totalement de décor mais c'est pas possible de parler de la ville sans en parler. Ce label est localisé dans le nord de la ville et les artistes viennent principalement du quartier Acres Homes. C'est une réponse au label Screwed Up Records basé dans le sud de la ville de Dj Screw (R.I.P). Swishahouse est lancé par Michael "5000" Watts et OG Ron C. Voyant que le "chopped and screwed" cartonne dans le sud de la ville, ils décident d'en faire autant en commençant avec des tapes R&B. Laissons pour le moment le Dj évoqué et son style pour y revenir dans un second article, parlons ici du label emblématique du nord et de ses artistes. C'est Mike Jones qui va donner une reconnaissance nationale voir plus au label avec son morceau Still Tippin' avec Paul Wall et Slim Thug qui a fait le tour du monde. Le son utilise beaucoup d'argot du Texas,le mot "Tippin'" s'utilise quand un coté de la voiture est plus basse que l'autre avec en utilisant les hydrauliques. C'est aussi un synonyme de : riding, cruisng, driving.... Le morceau du rappeur fera de lui une star et signera un contrat de distribution avec Asylum Records, son premier sort en avril 2005 et est certifié platine deux mois plus tard.

Paul Wall, l'homme au "Grillz" / Chamillionaire l’entrepreneur

Ce deal a aussi ouvert la voie à son pote Paul Wall qui s'est embrouillé avec un pote à eux : Chamillionaire qui était dans la version originale du morceau à succès avant que le morceau soit totalement refait. Le premier album de Paul "People Champ" connaitra aussi un bon succès mais pas autant que celui de son compatriote. On est au milieu des années 2000, la troisième cote, le Dirty South est en plein essor et Houston marque définitivement sa position sur la carte. En parallèle, New York et la cote est est commence à s'essouffler, laissant la place à cette invasion sudiste. C'est aussi en 2005 que Chamillionaire qui était aussi signé sur le label décide de frapper et qu'en France à l'époque où Skyrock mettait encore du bon son nous diffuse le mythique "Ridin'" avec Krazyie Bone des Bone Thugs-N-Harmony. Succès total avec une top production signé Play-N-Skillz, deux frères rappeurs et producteurs issus aussi du Texas. Le single a ramené une récompense aux rappeurs : Meilleur performance en duo pour un son. Il aurait du recevoir aussi le grammy du meilleur Nouveau Artiste mais les bootlegers l'ont disqualifiés en propageant des sons / albums avant la sortie officielle.

Naturellement son album The Sound Of Revenge est certifié platine. Son second album connaitra moins de succès malgré un autre single de qualité, supérieur au premier je pense et toujours avec les mêmes protagonistes. Néanmoins c'est un rappeur très respectueux et fidèle au hip hop et on se souvient qu'il avait lancé un défi à tous les rappeurs en leur demandant d'écrire sans paroles qui feront objets de censure. Chose qui la faite durant cet album. Il ne sortira officiellement plus d'album après cela, des mixtapes et des EP mais jamais d'albums. Il se fait rare aujourd'hui mais on l'entend sur des feats, il s'est tourné du coté des affaires où il réussit très bien. Paul Wall lui sort régulièrement des albums et les derniers sont vraiment de qualité, les productions sont vraiment de qualité. Il recevra lui aussi dans sa carrière des awards mais il est aussi connu pour confectionner des "grillz". Ce sont des bijoux à base de métal et de pierres précieuses qu'on met sur les dents, et là aussi y a beaucoup de fakes. Il en a fabriqué pour Meek Mill, Chris Brown, 2 Chainz, B.O.B, Ludacris... Il est l'un des rares artistes d'origine à encore être signé sur Swishahouse. Mike Jones lui connaitra encore du succès mais s’essoufflera petit à petit pour presque disparaitre de la scène hip hop.

Le doyen Lil' Keke et l'incontournable Slim Thug

L'autre légende de la ville qu'il faut citer et qui est toujours sur le label c'est bien sur Lil' Keke, lui il est particulier car il reste dans l'ombre je dirai. Ses qualités au mic sont indéniables mais il n'a jamais percé pourtant son premier album en 1997 "Don't Mess wit Texas" avait était retenu par la critique et son hit Southside n'a pas pris une ride. Il est un peu comme un parrain, un modèle pour certains, un monument de la ville, très respecté, il incarne l’âme de la ville on pourrait dire. Ainsi en 2016 Barack Obama décide de lui remettre un oscar pour tout ce qu'il a accompli pour Houston et son agglomération. Sa témoigne de son statut. Il continue toujours de sortir des projets et de rouler sa bosse. Enfin la dernière figure de ce label et que j'ai évoqué plus haut n'est autre que Slim Thug. Il enchaine les albums depuis 2005 pour un succès notable mais aussi grand que ses compères. Il quittera le label en bon terme pour former le sien Boss Hogg Outlawz car il se rend compte qu'il peut distribuer lui même ses cd et se faire plus de thunes. Boss Hogg Outlawz est aussi le nom de son collectif qui comprend entre autres Le$, J-Dawg et Killa Kyleon, au total ils sortiront ensembles 4 albums. Slim bénéficiera d'une prod plutôt bonne de Dr. Dre lui même avec Devin The Dude au refrain, mais là ou c'est encore plus fort c'est que Mr. Lee (pas celui de Chicago mais bien celui de Houston) lui filera une prod beaucoup mieux adapté et bien meilleur qui placera sur l'un de ses albums. Succès absolu. Je souligne ceci car ça montre quelque part le début d'une nouvelle ère, celle des rappeurs et des producteurs du sud. La cote ouest est loin d’être morte bien sur, mais c'est assez significatif. Enfin notez que tous ces rappeurs ne font pas forcément du dirty ou du crunk, je me sers de beaucoup de leurs sons pour rider.

Que faut-il retenir sur ce label ? 

En résumé, Mike Jones n'est pas un bon rappeur et c'est une vérité mais un génie du marketing, il a apporté quelque chose à la ville et pose parfois bien. Paul Wall s'est bonifié avec le temps et c'est l'un des meilleurs en choix de production à mon sens, toujours efficace. Lil' Keke c'est le contraire, ses prods lui font défaut malgré un talent certain au micro. Slim Thug lui à une voix particulière, un flow somnolent par moment et un débit pas très rapide, parfois ça passe bien parfois pas du tout. Toutefois il s'est bien s'entourer et sa voix est vite reconnaissable. Enfin Chamillionaire lui qu'on ne présente plus est le plus complet de tous, à ses débuts je le trouvais ennuyant, excellent sur les refrains, mais aucun intérêt dans les couplets. Il s'est nettement amélioré et place maintenant du chant (plus aisément) dans ses couplets, chose qui fait parfaitement bien, presque mieux que rapper, il varie son flow et place quelques accélérations par moment. Il construit bien ses morceaux, à défaut de mettre des punchlines, il écrit des textes intéressants, place des ponts et tient un le bon cap sur tout un projet. Dommage que son tant attendu et annoncé album "Venom" n'a jamais vu le jour, un peu comme Detox. Il me fait beaucoup penser à 50 Cent pas seulement dans la façon de faire, c'est à dire mélangeant rap et chant, inonder le marché de mixtapes et streets albums mais aussi physiquement. Il est tout de même bien plus intéressant au micro et n'a pas bénéficié de l'aide d'Eminem ou Dre. Ceci dit il n'est pas mauvais rappeur pour autant le fifty hein. Ainsi se ferme ce premier billet sur Houston. Ils ont un truc aussi assez intéressant c'est qu'ils font souvent des morceaux qui remixent en "Houston remix". Je vous laisse donc à cet arrêt avec quelques morceaux que j'aime bien. Le prochain bus rendra visite aux artistes de la ville, de la culture de la ville et de son héritage.

P.S : Mentions spéciales pour Le$, le poulain de la ville qui a toujours des clips hallucinants, parfait pour la ride, le fond d'images parfait pour la voiture ou une soirée chill. Killa Kyleon et son flow bien nerveux, très fort ! J-Dawg aussi, présent depuis longtemps et sa voix bien grasse. Vous trouerez ici des visuels les concernant.

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