Payroll Giovanni & Cardo - Big Bossin Volume 1 & 2


 

Localisation : Detroit, Michigan, États-Unis

 

Année : 2016 / 2018


Je partais dans l'idée de parler de son album "Giovanni's Way" sorti en octobre 2021, avec le recul, je pense que c'est moins intéressant que ces deux projets-là. Tout d'abord, Payroll Giovanni est un rappeur / producteur de Detroit en 1988. Anciennement signé sur le label CTE de Young Jeezy aux côtés de Doughboyz Cashout, Payroll a lancé son propre label BYLUG (Boss Yo Life Up Gang) Entertainment et sort ses propres albums. Il a fait partie de groupes : Billboard Brothers avec Big Quis (une mixtape en 2015) et Doughboyz Cashout, groupe avec lequel il s'est fait remarquer. On y retrouve : Big Quis, Chaz Bling, Doughboy Dre, Doughboy Roc et Kiddo. Ils ont sorti un nombre conséquent de mixtapes dont la série des "We Run The City". Bien qu'il ait tracé sa route depuis, il collabore régulièrement avec ses anciens partenaires.

Il a également un contrat avec Def Jam qu'il partage avec le producteur Cardo (Got Wings), c'est précisément sur ce label que sont distribuées les mixtapes dont je vais vous parler. Cardo, c'est l'un des meilleurs producteurs si on prend seulement en compte les dernières années écoulées. Ses projets avec Larry June, Nef The Pharaoh, Kendrick Lamar, Travis Scott, Wiz Khalifa (le dernier en date qui est redoutable)... 

 

 

Big Bossin Volume 1 (2016)


Clairement, le projet le plus intéressant de toute sa discographie. Je sauvegarde 10 morceaux sur 18, des musiques que je peux faire tourner régulièrement bien sur. Ces deux artistes ont souvent collaboré ensemble, c'est des players pour moi, c'est à dire qu'ils créent un style de musique bien défini. Souvent, c'est chill, c'est des ambiances smooth, assez cool et joyeuses, influence G-Funk, soul ou jazzy. Ça soutient un moment de détente ou de joie mais modéré et contenue. Ils sont beaucoup à pratiquer ce style dont : Anthony Danza, All Hail Y.T, Le$, Aj Snow, Banco Ray, Jay Worthy, LNDN DRGS, Curren$y, Berner, Polyester The Saint, Dom Kennedy... plus ceux cités plus haut. Ils ne viennent pas tous spécialement de la Californie, à l'image de Giovanni. Mais c'est bien vers les sonorités emblématiques de cette zone qu'ils puissent leur inspiration.



Ce qui est encore plus frappant avec le rappeur de Detroit, c'est qu'il livre un style tout à fait différent de ces illustres prédécesseurs. Vous trouverez peu de rappeurs dans la Motor City qui pratique son style. Je parle du style précédemment évoqué. Il ne faut évidemment pas se méprendre, le rap proposé dans ces deux volumes est fidèle au personnage, c'est-à-dire du gangsta rap destiné aux hustlers. Les sujets traitent principalement de filles faciles, d'argent, de drogue, de belles voitures et d'histoires de rue. L'idée est par contre de ne pas toujours les rapper sur des sonorités hardcore, sombres ou malsaines, au contraire, on y met de la chaleur. 

 

Pour l'originalité dans les textes, on repassera évidemment mais l’intérêt est ailleurs. Tant qu'on le prend au second degrés et qu'on laisse les textes de coté en faisant la part des choses, ça ne me dérange pas. De plus, Payroll a un flow pur, limpide, il n'y a pas un mot plus haut que l'autre, tout est bien réalisé. Il se suffit d'ailleurs à lui-même. Car les seuls feats, ce sont des chanteuses ou des gars de son crew, mais c'est justement les sons avec des feats que j'ai le moins aimés. Et pour cause, il sait très bien assuré ses refrains et il ne dépend ainsi de personne. Je donnerai juste du crédit au morceau "Outro" avec Doughboyz Cashout où se succèdent six couplets sans interruption. Le posse song qu'il fallait pour conclure une excellente mixtape.
Mention spéciale : Get Yo Shine On, Where I'm From, Sell Something, Top Down Money Up...

 

 

 

Big Bossin Volume 2 (2018)

 

Un peu moins de deux ans plus tard, la fine équipe remet cela. En janvier 2018, sort la seconde mixtape qui est également de grande qualité.

 

"I gotta stay woke so I don’t do lean
I don’t pop pills, I pop champagne
I didn’t sell dreams, I sold cocaine
"

 

(Je dois rester éveillé pour ne pas me pencher, je ne prends pas de pilules, je prends du champagne, je n'ai pas vendu de rêves, j'ai vendu de la cocaïne). 

 

Ce qui définit très bien l'artiste. Après un premier opus de grande qualité, nous sommes en droit de se demander, que peut bien apporter le second . C'est surtout les productions de Cardo qui sont à l'honneur je trouve. Ce dernier est allé encore plus loin dans ses influences funk et il est décidé à nous faire passer un hiver ensoleillé. C'est encore plus chaleureux et accessible, les coproductions assurées par DJ Khalil sont assez parlantes. En termes de featuring, on retrouve E-40, (Young) Jeezy, Yhung T.O. (SOB X RBE) et bien sûr ses chanteuses favorites : Jade Jones et Tamara Jewel. On y ajoute des gars de son crew et une production de DJ Fresh. Cela fait du monde en vrai, mais ce n'est pas tout.

 



Tout comme le précédent opus, ils ont eu la brillante idée de finir par un posse song, l'un des meilleurs que j'ai entendus. Le morceau se nomme tout simplement "BYLUG" avec dans l'ordre d'apparition : Payroll Giovanni, HBK Kidd, Dre Armani, Overlord Scooch, Doughboy Roc, Clay Baby, BMO Maine et Big Quis. 8 rappeurs pour 8 couplets différents, grande réussite sur le synthé joué par le producteur du Minnesota qui délivre sa meilleure production dans le style. Les rappeurs qui se succèdent ont tous leurs propres styles et donnent le meilleur d’eux-mêmes ce qui conclut encore une fois le projet en beauté. 


Les thèmes abordés dans le projet sont sensiblement les mêmes que durant les sessions précédentes. Payroll adore les voitures et y fait souvent référence, notamment les BMW, le titre "5' & 6'" fait d'ailleurs référence à deux séries de voitures de la marque allemande. Il est également reconnu qu'il roule très vite en voiture, ce qui est paradoxal, car sa musique est plutôt smooth ici. Il s'est d'ailleurs fait arrêter par la police lors du tournage d'une vidéo, il était en excès de vitesse. Il adore également tout ce qui brille, en premier lieu les bijoux, les grosses chaines et les belles lunettes. Il parle également souvent de champagne et vit de luxe. Il a un côté qui rappelle Jay-Z à ses débuts, c'est strass et paillette, rien d'autre.

 

 

 

Il donne des conseils à ceux qui veulent se lancer dans le juteux marché de la drogue. Mais vous met surtout en garde, si tu ne vois que l'argent et que tu vises trop haut, il y n'aura que deux issues : la mort ou la prison. Il n'est pas seulement un rappeur, il est un influenceur si on veut utiliser un terme moderne, bien que je trouve cette "fonction" totalement débile à l'image de la société. Aveuglés par l'argent, beaucoup bravent les lois et veulent frimer, jusqu'au moment ils sont dans le trou et remettent en question leurs actes.

 

Ces projets ne sont pas distribués dans le but de faire de nous des futurs dealers ou encourager à se repentir, mais il y a des choses à apprendre, comme toujours dans le rap. Une chose est sure, il faudra faire avec ces deux-là à l'avenir, Payroll Giovanni porte Detroit et continue de l'exposer sur la carte du rap. Cardo, lui montre que les artistes peuvent s'adapter à ses productions, quelque soit leur origine, ce qui permet une lecture différente de l'artiste. C'est clairement le genre de producteur qui va me faire écouter un album même si le rappeur en collaboration est un inconnu ou un mec que j'estime pas spécialement. C'est un mélange qui parlera à une grande partie des auditeurs

 

 

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